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La reconnaissance d’un État palestinien enflamme l’Assemblée et la campagne européenne

Après que le député LFI Sébastien Delogu a agité un drapeau palestinien à l’Assemblée, une vive altercation verbale a opposé le député LFI David Guiraud et son collègue LR Meyer Habib

Le député LFI Sébastien Delogu brandissant un drapeau palestinien, à l’Assemblée nationale, à Paris, le 28 mai 2024. (Crédit : Miguel Medina/AFP)
Le député LFI Sébastien Delogu brandissant un drapeau palestinien, à l’Assemblée nationale, à Paris, le 28 mai 2024. (Crédit : Miguel Medina/AFP)

La gauche l’exige, la droite et l’extrême droite s’y opposent, Emmanuel Macron refuse d’agir sous le coup de « l’émotion ». La question de la reconnaissance d’un État palestinien a enflammé mardi la campagne et l’Assemblée nationale, où un député LFI a été exclu après avoir brandi un drapeau palestinien.

En pleine séance de questions au gouvernement, Sébastien Delogu a agité ce drapeau dans l’hémicycle, après une intervention d’une autre députée de La France insoumise, Alma Dufour, sur l’offensive israélienne à Rafah.

La présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet a dénoncé un comportement « inadmissible » et suspendu la séance.

Le bureau de la chambre basse du Parlement a immédiatement proposé d’exclure le député des Bouches-du-Rhône pour 15 jours de séance, en raison du « tumulte » provoqué. La sanction, la plus lourde possible, a été aussitôt validée par les élus.

LFI a exprimé sa « stupéfaction » face à une décision saluée par la majorité, Les Républicains et le Rassemblement national.

Pendant la suspension des échanges, une vive altercation verbale a opposé le député LFI David Guiraud et son collègue LR Meyer Habib. « Ce monsieur est un porc, il fait honte à la France », a lancé le premier, « espèce de pourriture », a répondu le second. Les huissiers se sont interposés.

Ces scènes enflammées interviennent le jour où trois pays, l’Espagne, l’Irlande et la Norvège ont formellement reconnu « l’État de Palestine ». Paris les a accusés d’adopter un « positionnement politique » en vue des européennes, prévues à partir du 6 juin.

« Au lieu de sanctionner (…) le gouvernement de Benjamin Netanyahu qui est en train de commettre un massacre dans la bande de Gaza, on sanctionne un député (…) qui demande à un État d’exister et qui brandit ce drapeau », a tenté de justifier sur LCI la tête de liste de LFI, Manon Aubry.

Sur la même chaîne, le candidat LR François-Xavier Bellamy a estimé que « faire entrer » à l’Assemblée « un autre drapeau » que celui de la France, « c’est évidemment montrer qu’en réalité, on n’est pas là pour défendre les intérêts des Français, mais (…) des intérêts étrangers ».

« À l’Assemblée nationale, il n’y a que deux drapeaux derrière lesquels nous nous retrouvons tous : le drapeau de la République française et le drapeau de l’Union européenne », a lancé dans la soirée le Premier ministre Gabriel Attal lors d’un meeting, dénonçant un spectacle « absolument navrant ».

Face à cette opposition gauche/droite, le camp présidentiel reste circonspect, voire partagé sur la question de l’État palestinien.

Après avoir déclaré mi-février que « la reconnaissance d’un État palestinien » n’était « pas un tabou pour la France », Emmanuel Macron a clarifié sa position attentiste depuis l’Allemagne.

« Je suis totalement prêt à reconnaître un État palestinien mais (…) je considère que cette reconnaissance doit arriver à un moment utile », a-t-il dit. « Je ne ferai pas une reconnaissance d’émotion », a-t-il prévenu.

« Je suis déçu », a réagi dans la soirée sur LCI le candidat des socialistes Raphaël Glucksmann, déplorant qu’on « repousse aux calendes grecques » une fois de plus cette décision.

« Je pensais qu’il y avait peut-être une ouverture », a-t-il encore ironisé, en référence aux propos du numéro deux de la liste macroniste, Bernard Guetta. Ce dernier s’était lui prononcé pour une reconnaissance de « l’existence d’un État palestinien », contraignant la candidate Valérie Hayer à se justifier sur ces dissonances.

L’ex-chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, qui pilote le comité de soutien de Valérie Hayer, considère pour sa part que ce geste diplomatique est devenu « indispensable ».

« L’État de Palestine » est désormais reconnu par 145 des 193 États membres de l’ONU, selon un décompte de l’Autorité palestinienne, mais aucun pays du G7 n’a franchi le pas.

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