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La secte Shuvu Bonim liée à des meurtres non résolus des années 80 et 90 ?

Deux hommes et une femme, apparemment en lien avec la secte Shuvu Bonim, ont été arrêtés pour la disparition de Nissim Shitrit en 1986 et le meurtre d'Avi Edri en 1990

Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Un suspect qui serait membre de la secte Shuvu Bonim est arrêté à Jérusalem, le 17 octobre 2021. Encart : Nissim Shitrin sur une photo non datée. (Police israélienne/Autorisation)
Un suspect qui serait membre de la secte Shuvu Bonim est arrêté à Jérusalem, le 17 octobre 2021. Encart : Nissim Shitrin sur une photo non datée. (Police israélienne/Autorisation)

La police a annoncé dimanche l’arrestation de trois suspects pour leur implication présumée dans deux meurtres non élucidés commis dans les années 1980 et 1990 près de Jérusalem.

Selon les médias israéliens, les suspects – deux hommes et une femme d’une soixantaine d’années originaires de Jérusalem – appartiennent à la secte extrémiste Shuvu Bonim, dirigée par le rabbin Eliezer Berland, condamné pour délinquance sexuelle.

Selon les médias, ils ont été arrêtés pour leur implication dans la disparition de Nissim Shitrit, 17 ans, qui aurait été battu par la « police religieuse » de la secte quatre mois avant d’être vu pour la dernière fois en janvier 1986.

Shitrit avait signalé l’agression à la police à l’époque et identifié un certain nombre de suspects, qui n’ont apparemment jamais été inculpés.

Dans un documentaire diffusé en 2020 par la chaîne publique Kan, l’un des anciens disciples de Berland a déclaré que la police religieuse avait assassiné le garçon, l’avait démembré et avait enterré les morceaux de son corps dans la forêt d’Eshtaol, près de Beit Shemesh. Ses restes n’ont jamais été retrouvés et l’affaire n’a jamais été résolue.

Le frère de Shitrit, Meir, a déclaré à Kan dimanche qu’à l’époque, un groupe de membres de Shuvu Bonim avait été arrêté pour cet incident, mais qu’ils étaient restés silencieux et avaient finalement été relâchés sans inculpation.

Sur cette image polycopiée publiée par la police, un officier présente un mandat d’arrêt à un suspect, à Jérusalem, le 17 octobre 2021. (Police israélienne)

« Je ne crois pas que la police arrêterait à nouveau les mêmes personnes, sachant qu’elles resteraient silencieuses », a-t-il ajouté, disant qu’il espérait qu’il y avait eu un rebondissement dans cette affaire.

Meir Shitrit a expliqué qu’il ne peut pas faire shiva, le rituel de deuil juif, pour son jeune frère car il ne sait pas « avec certitude » s’il a été assassiné.

« Dans le documentaire, un homme, dont le nom ne peut être mentionné actuellement, m’a avoué qu’il savait que Nissim avait été assassiné. Mais il n’était pas prêt à s’incriminer », a-t-il déclaré à Kan.

« Nous voulons savoir où mon frère a été caché, afin de lui donner une sépulture [correcte] », a ajouté Shitrit.

Le deuxième meurtre qui serait lié aux suspects arrêtés est celui d’Avi Edri, 41 ans, en 1990, retrouvé battu à mort dans la forêt de Ramot, au nord de Jérusalem.

Dans le documentaire de Kan, le meurtre d’Edri était lié à Shuvu Bonim par d’anciens disciples. Il reste lui aussi non résolu depuis plus de 30 ans.

Rabbi Eliezer Berland couvert de son châle de prière à la Cour de première instance de Jérusalem à Jérusalem le 1er août 2016 (Crédit : Yonatan Sindel / Flash90)

La police cherche également à savoir si le rabbin Berland a été personnellement impliqué dans ces meurtres non élucidés, a rapporté dimanche le diffuseur public Kan.

La police a déclaré dimanche que les individus ont été arrêtés et interrogés sur des allégations d’enlèvement, de meurtre et de conspiration en vue de commettre un crime. La plupart des détails de l’enquête sont sous embargo jusqu’à la fin de l’année.

La police a déclaré à la cour qu’elle devait continuer à mener l’enquête et à suivre des dizaines de pistes, et qu’elle craignait que la libération des suspects ne nuise à ses efforts.

Une femme soupçonnée d’être liée aux meurtres d’Avraham Edri et de Nissim Shitrit est amenée à une audience au tribunal de première instance de Jérusalem, le 17 octobre 2021. (Crédit
: Olivier Fitoussil/Flash90)

Les suspects ont été présentés devant un tribunal de Jérusalem dimanche après-midi, afin de demander une prolongation de leur détention provisoire dans le cadre de l’enquête. Le tribunal a ordonné que les trois suspects arrêtés restent en détention pour huit jours supplémentaires. D’autres suspects liés aux deux meurtres devraient être placés en détention, a déclaré la police.

L’avocat de la femme suspecte a déclaré à la cour que sa cliente était une victime de la secte extrémiste et qu’elle coopérait avec la police pour que justice soit faite. Selon l’avocate, la femme a été forcée par les membres de la secte à attirer l’une des victimes dans un endroit précis.

La branche sectaire de Shuvu Bonim de la secte hassidique Bratslav commandée par Berland a eu de nombreux démêlés avec la justice, notamment pour avoir attaqué des témoins.

Berland a fui Israël en 2013 suite à des allégations selon lesquelles il aurait agressé sexuellement plusieurs femmes. Après avoir fui les arrestations pendant trois ans et s’être faufilé dans divers pays, Berland est revenu en Israël et a été condamné à 18 mois de prison en novembre 2016 pour deux chefs d’accusation d’actes indécents et un cas d’agression, dans le cadre d’un accord de plaidoyer qui comprenait sept mois de temps passé en prison. Il a été libéré seulement cinq mois plus tard, en raison notamment de son état de santé.

Berland a été arrêté pour fraude en février 2020 après que des centaines de personnes ont déposé des plaintes auprès de la police, affirmant qu’il avait vendu des prières et des pilules à des membres désespérés de sa communauté, promis à des familles de personnes handicapées que leurs proches pourraient marcher, et dit à des familles de criminels condamnés que leurs proches seraient libérés de prison.

En mai dernier, il a été accusé d’évasion fiscale, de blanchiment d’argent et d’autres délits pour avoir omis de déclarer et dissimulé des revenus générés par ses activités avec Shuvu Bonim.

Berland doit retourner en prison ce mois-ci après avoir été reconnu coupable de fraude dans le cadre d’un accord de plaidoyer en juin, qui l’a condamné à 18 mois de prison. Mais la peine inclura le temps déjà purgé, puisque Berland a passé un an en prison avant d’être libéré en résidence surveillée en février de cette année.

L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.

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