La société israélo-américaine SolarEdge signe un accord avec des Saoudiens
La société israélienne va "étudier la possibilité d'investir dans les énergies renouvelables" avec le conglomérat basé à Ryad, selon le ministère saoudien de l'Investissement
Ricky Ben-David est journaliste au Times of Israël
La société de gestion intelligente de l’énergie, SolarEdge Technologies, fondée en Israël, a signé un accord avec le groupe saoudien Ajlan & Bros Holding Group Abilitii, un conglomérat du secteur privé basé à Ryad, lors de la visite du président américain Joe Biden dans le royaume vendredi et samedi.
Basée à Herzliya et ayant son siège social en Californie, SolarEdge, qui est cotée au Nasdaq et fait partie de l’indice S&P 500, a été l’une des 13 « grandes entreprises américaines » à signer des accords d’investissement avec des entités saoudiennes, a indiqué le ministère saoudien de l’investissement (MISA) dans un communiqué publié samedi (sans mentionner les origines israéliennes de l’entreprise).
The Circuit, une publication du Jewish Insider, a révélé l’existence de ces accords d’investissement dimanche.
Une personne au fait de l’accord avec SolarEdge a déclaré au Circuit que l’annonce du ministère était « exacte ».
SolarEdge et Ajlan & Bros doivent « étudier la possibilité d’investir dans les énergies renouvelables », selon le ministère saoudien, qui a également déclaré que les 13 accords « couvrent un éventail de secteurs, notamment l’énergie, l’aérospatiale, la défense, le textile, la fabrication, l’éducation et le tourisme » et « s’appuient sur une relation économique de longue date » entre l’Arabie saoudite et les États-Unis.
L’un des accords prévoit un partenariat entre le ministère et le géant de l’aérospatiale Boeing « dans des domaines liés à la fabrication d’avions ».

SolarEdge a été fondée en 2006 dans le but de rendre l’énergie solaire plus abordable et de la diffuser plus largement. Elle a développé des onduleurs pour gérer le stockage et l’utilisation de l’énergie solaire photovoltaïque (PV). En 2010, la société a commercialisé son système d’onduleur optimisé pour le courant continu (CC) SolarEdge afin d’augmenter la production d’énergie et de réduire le coût de l’énergie produite par le système PV.
En date de juillet, la société a une capitalisation boursière de 14,72 milliards de dollars et est considérée comme l’une des entreprises israéliennes les mieux cotées, aux côtés de NICE Systems et du géant de la cybersécurité Check Point Software Technologies.
L’accord SolarEdge est le premier accord public connu entre une entreprise israélienne et une entité saoudienne.

Israël et l’Arabie saoudite n’ont pas de relations diplomatiques officielles, mais des liens secrets se sont réchauffés ces dernières années.
Le royaume s’est abstenu de signer les accords d’Abraham négociés par Washington en 2020, comme l’avaient espéré les États-Unis et Israël, mais Ryad aurait donné le feu vert à Bahreïn, sur lequel il exerce une influence décisive, pour rejoindre l’accord de normalisation avec Israël, aux côtés des Émirats arabes unis et du Maroc.
Suite à la signature de ces accords, l’Arabie saoudite a autorisé les compagnies aériennes israéliennes à utiliser son espace aérien pour les vols à destination et en provenance des Émirats et de Bahreïn.
Biden est arrivé vendredi dans la ville saoudienne de Jeddah pour une importante conférence régionale, dans le but de rétablir des relations diplomatiques importantes avec Ryad, afin de renforcer la sécurité au Moyen-Orient et d’accroître le flux mondial de pétrole.

À la fin du mois de mai, le quotidien économique Globes avait rapporté que des dizaines d’entrepreneurs et d’hommes d’affaires israéliens spécialisés dans la technologie s’étaient rendus en Arabie saoudite pour des discussions avancées au sujet d’investissements saoudiens dans des sociétés et des fonds d’investissement israéliens. L’article précisait qu’un certain nombre d’accords, tant dans le secteur civil que dans celui de la défense, avaient été signés depuis entre Israéliens et Saoudiens en Europe et dans d’autres pays, notamment un accord de plusieurs millions de dollars dans le secteur des technologies agricoles et un second accord concernant les technologies israéliennes dans le domaine de l’eau.
Les Saoudiens ont également exprimé leur intérêt pour les technologiques israéliennes dans les domaines de la médecine et de la santé, ainsi que pour des « produits » israéliens, peut-on lire dans cet article, sans plus de précisions.
Dans une interview accordée au Times of Israel la semaine dernière, l’homme d’affaires israélo-américain Avi Jorisch a déclaré qu’il était à la tête d’un groupe d’une cinquantaine d’éminents chefs d’entreprise juifs qui se sont rendus dans le royaume en mai pour y rencontrer des représentants des entreprises et du gouvernement saoudiens.
Selon Jorisch, les Saoudiens se sont montrés particulièrement intéressés par les start-ups israéliennes et leurs innovations technologiques dans les domaines de l’eau, de l’alimentation, de la défense et de l’espace. « Il y avait un intérêt marqué et un désir d’exploiter certaines des capacités qu’Israël a créées », a déclaré M. Jorsich au Times of Israel.

Toujours en mai, le Wall Street Journal avait rapporté que l’Arabie saoudite prévoyait d’allouer des millions de dollars pour des investissements dans des entreprises technologiques israéliennes via la nouvelle société de capital-investissement de Kushner. Kushner, le gendre de Trump, a créé Affinity Partners à la fin de l’année dernière, levant quelque 3 milliards de dollars de fonds engagés auprès d’investisseurs internationaux, dont les Saoudiens.
Selon l’article du Wall Street Journal, Ryad lorgnerait sur deux entreprises israéliennes en vue d’un investissement, mais les noms de ces entreprises n’ont pas été divulgués, ni les secteurs dans lesquels elles opèrent.
Jacob Magid a contribué à cet article.