Israël en guerre - Jour 368

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Le chef de l’UNRWA dit qu’il ignorait qu’un enseignant suspendu était à la tête du Hamas au Liban

Philippe Lazzarini a demandé aux membres de l'ONU de contrer toute attaque visant son agence controversée

Philippe Lazzarini,  chef de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens au Proche-Orient (UNRWA), pendant une interview avec l'AFP, à New York, le 24 septembre 2024. (Crédit : ANGELA WEISS / AFP)
Philippe Lazzarini, chef de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens au Proche-Orient (UNRWA), pendant une interview avec l'AFP, à New York, le 24 septembre 2024. (Crédit : ANGELA WEISS / AFP)

GENEVE — Lundi, le dirigeant de l’Office controversé de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a indiqué qu’il ne savait pas que Fateh Sherif Abu el-Amin, l’un des employés de l’agence, était en réalité un influent commandant du Hamas au Liban. Il a appelé les nations à s’opposer aux attaques nuisant à la réputation de l’agence, des attaques qui émanent d’Israël.

A la tête de la branche libanaise du Hamas, Abu el-Amin a été tué avec des membres de sa famille lors d’une frappe israélienne qui a pris pour cible le sud du Liban, a fait savoir lundi le groupe terroriste palestinien. Un communiqué du Hamas l’a qualifié « de bon enseignant » et « d’excellent directeur d’école ».

Abu el-Amin avait été suspendu par l’UNRWA au mois de mars, dans son emploi de professeur, suite à des accusations lancées contre ses activités politiques, a affirmé Philippe Lazzarini à des journalistes réunis à Genève.

« L’accusation précise, à ce moment-là, c’était qu’il était membre du leadership local… Jamais je n’avais entendu le mot ‘commandant’ auparavant », a-t-il expliqué. « Ce qui est évident pour vous aujourd’hui ne l’était pas hier ».

Le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a indiqué qu’el-Amin était en congé sans solde depuis le mois de mars – ajoutant que cela avait été le cas « dès que l’UNRWA a reçu des informations sur son implication possible au sein du Hamas, à un niveau élevé de la hiérarchie ». Il a noté qu’il n’avait jamais été réintégré.

« Au moment même où l’information a été reçue – dans le cas qui nous occupe, elle nous a été communiquée par le gouvernement israélien – des mesures ont été prises », a dit Dujarric devant la presse. « Chaque fois que l’UNRWA a reçu des informations qui sont allées au-delà d’un simple nom, des mesures ont été prises », a-t-il insisté.

« Le fait que des gens puissent travailler pour les Nations unies et se livrer à la terreur ou à des activités terroristes est inacceptable et scandaleux, et c’est une insulte faite à tous les membres du personnel des Nations unies dans le monde entier », a-t-il affirmé.

Le chef du Hamas et enseignant de l’UNRWA, Fateh Sherif abu el-Amin, s’exprime lors d’une manifestation à Beyrouth, au Liban, le 27 mars 2024, après avoir été suspendu, ce qui a déclenché des protestations. (Collin Mayfield/Sipa USA)

Dans une déclaration faite au Times of Israel, l’UNRWA avait indiqué que Sherif faisait l’objet d’une enquête suite aux accusations reçues par l’UNRWA, allégations qui mettaient en cause ses « activités politiques ».

Lazzarini, qui s’est exprimé devant la presse après avoir rencontré les États membres de l’ONU, dans la journée de lundi, a déclaré qu’il leur avait demandé de « repousser toutes les attaques mettant à mal la réputation de l’agence, et les projets de loi qui pourraient être adoptés à Jérusalem et dont la rédaction est actuellement en cours ».

Une référence faite à une initiative prise par le Parlement israélien visant à déclarer l’Office « d’instance terroriste » – un texte qui a d’ores et déjà été adopté en lecture préliminaire. Cette démarche « est absolument inadmissible », a-t-il ajouté.

L’UNRWA est fortement critiquée, depuis un an, en raison de preuves attestant de l’implication de certains membres de l’instance dans des activités terroristes. Israël a affirmé qu’au moins 12 employés de l’UNRWA avaient pris part au pogrom commis par les hommes armés du Hamas le 7 octobre, ajoutant que 30 autres ont apporté leur aide lors du massacre. L’État juif indique également que 12 % du personnel de l’organisation à Gaza, soit plus de 1 000 personnes, sont affiliés à des organisations terroristes.

Selon l’armée, Sherif était responsable de la coordination des activités du Hamas avec le Hezbollah au Liban. Il œuvrait également aux « efforts de renforcement des forces du Hamas au Liban, dans le recrutement d’hommes et dans l’approvisionnement en armes ».

La suspension de Sherif, au mois de mars, avait entraîné des manifestations et des grèves d’enseignants qui exigeaient sa réintégration.

Le site d’information Portail des réfugiés palestiniens avait rapporté, au début du mois de juin, que Sherif allait être réintégré, s’appuyant sur le communiqué de presse émis par un groupe basé à Damas qui représente les réfugiés palestiniens en Syrie et au Liban. Ce communiqué laissait entendre qu’un arrangement avait été trouvé concernant l’abandon de l’enquête et la fin du mouvement de protestation des professeurs.

« Engagement » avait été pris « de ne poursuivre en justice aucun employé sur la base de son appartenance nationale », avait précisé le communiqué.

Illustration : Des soldats israéliens à l’intérieur d’un centre de données du Hamas, dans un tunnel situé sous un complexe de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour la Palestine (UNRWA), dans la ville de Gaza, le 8 février 2024. (Crédit : Jack Guez/AFP)

Israël accuse depuis longtemps l’agence d’employer des membres du Hamas et d’autres groupes terroristes, ce qui leur donne ainsi l’occasion d’inculquer aux générations futures une idéologie anti-israélienne virulente.

Alors que l’UNRWA fournit des services en matière d’éducation, de santé et d’aide à des millions de Palestiniens à Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, au Liban et en Syrie, Israël avait également affirmé que des membres du personnel de l’agence avaient participé au massacre commis par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre. Les hommes armés, après avoir franchi la frontière, avaient tué plus de 1 200 personnes et ils avaient enlevé 251 personnes, qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza.

Plusieurs pays donateurs avaient réduit l’aide financière versée à l’agence après la présentation, par Israël, d’éléments prouvant que des employés de l’UNRWA avaient bien pris part au pogrom du 7 octobre. Un grand nombre d’entre eux ont toutefois repris leurs dons habituels depuis, invoquant les besoins désespérés de la population de Gaza.

Au cours de ses opérations à Gaza, l’armée avait trouvé un centre de données du Hamas situé directement sous le quartier-général de l’UNRWA, à Gaza City, en plus d’éléments révélant que les avoirs de l’agence étaient utilisés à des fins terroristes.

Les Nations unies ont finalement reconnu, au mois d’août, que neuf membres du personnel de l’UNRWA pouvaient avoir été impliqués dans le massacre du 7 octobre. Ils ont été licenciés.

L’UNRWA avait été créé en 1949. L’Office est censée apporter une aide aux Palestiniens considérés comme des réfugiés dans tout le Moyen-Orient, y compris au Liban, où ils seraient 250 000.

Seule agence des Nations unies pour les réfugiés à avoir été établie en direction d’un peuple spécifique, elle a été critiquée car elle accorde le statut de réfugié non seulement à tous ceux qui ont perdu leur lieu de résidence en 1948, mais également à tous leurs descendants – une pratique sans précédent. Israël et ses partisans affirment qu’un tel état de fait encourage précisément la victimisation dans les mentalités et dans les discours des Palestiniens et renforce considérablement leur dépendance à l’égard des aides humanitaires.

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