Le chef d’état-major de l’armée promet des enquêtes après plusieurs scandales
Se référant à trois incidents récents dans lesquels des officiers auraient commis des abus de pouvoir et des négligences, Avi Kohavi clame que Tsahal doit apprendre de ses erreurs
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
Le chef de l’armée Aviv Kohavi a répondu mardi à une série de scandales survenus au sein de l’armée israélienne et qui ont émergé ces derniers mois en affirmant que Tsahal avait ouvert des enquêtes et qu’elle ferait le nécessaire pour qu’ils ne se répétent pas.
« Récemment, un certain nombre d’irrégularités ont été constatées au sein de l’armée. Je veux établir très clairement que, dans tous ces cas, les erreurs et les défaillances m’ont été rapportées par les commandants – jusqu’au plus haut de la chaîne – et qu’elles ont fait l’objet d’une enquête à l’initiative de l’armée », a clamé le chef d’état-major Kohavi.
Au cours de ces trois derniers mois, il a été révélé que Tsahal avait, depuis des années, rapporté de manière incorrecte le nombre d’ultra-orthodoxes figurant dans ses rangs et que des officiers de l’aviation militaire avaient échoué à mettre en sécurité des avions-chasseurs en amont d’inondations, entraînant des dégâts à hauteur de 30 millions de shekels. Un reportage à la télévision a par ailleurs fait savoir que des officiers d’une unité des renseignements avaient profité de leur position pour tenter de couvrir leurs actions au cours d’une enquête.
Avi Kohavi a semblé rejeter les critiques suscitées par les événements, qui avaient laissé entendre que les Israéliens perdaient confiance dans les militaires. Il a tenu ces propos lors d’une cérémonie organisée pour le 23e anniversaire de ce qui avait été appelé la « catastrophe des hélicoptères », une collision en plein ciel entre deux hélicoptères qui avait tué les 73 soldats qui se trouvaient à leur bord.
Le chef d’état-major a déclaré que cet accident avait entraîné une série « d’enquêtes intensives et de conclusions profondes » qui avaient finalement amélioré les forces aériennes et renforcé leur professionnalisme.
Avi Kohavi a indiqué que l’armée continuait dans cette tradition d’introspection et de remise en cause.
« Tsahal est une armée qui apprend, qui s’étudie elle-même profondément », a-t-il souligné.
Même si, dans les trois cas mentionnés ci-dessus, le public n’a appris ces erreurs ou ces abus de pouvoirs que par le biais des médias, Avi Kohavi a précisé que les plus hauts responsables de l’armée en avaient déjà eu connaissance auparavant et s’étaient efforcés de régler ces scandales en interne.
« C’est l’armée israélienne qui a découvert les différences dans les chiffres du recrutement des ultra-orthodoxes, et elle a immédiatement formé une équipe pour mener une enquête interne. C’est l’armée encore qui a découvert le scandale de l’unité d’élite et qui a nommé un officier pour se pencher sur ce dossier. Et cela avait été le cas également lors de l’inondation qui a touché la base Hatzor de l’aviation militaire », a dit Avi Kohavi.
Les responsables de Tsahal ont toutefois reconnu que dans les cas des fausses statistiques d’enrôlement des ultra-orthodoxes et des inondations, l’armée avait choisi de se montrer communicative sur ces problèmes plutôt que de les voir révélés dans des reportages. Les dégâts subis par les avions avaient été, dans un premier temps, interdits à la publication par le censeur militaire – ce qui, selon l’armée, était une « erreur » dans la mesure où cela avait donné l’impression qu’elle tentait de couvrir ses défaillances.
Les enquêtes sur les fausses statistiques du recrutement des ultra-orthodoxes et sur les inondations de la base aérienne de Hatzor sont en cours, même si certaines conclusions initiales ont d’ores et déjà été transmises par l’armée.
La semaine dernière, les militaires ont terminé leur enquête sur l’unité des renseignements 504, découvrant que les officiers de ce détachement – qui ont la responsabilité de développer et maintenir un réseau d’indics en Cisjordanie, à Gaza et dans des pays ennemis – avaient utilisé l’un de ces informateurs palestiniens pour acheter du tahini à l’un de leurs supérieurs, au sein de l’unité de renseignement, contrevenant en cela aux règles militaires qui limitent leur sollicitation aux missions.
Dans ce cas, il a été découvert que l’un des officiers avait menti au sujet de l’incident pour se couvrir, ce qui avait entraîné son renvoi sommaire. Un autre officier également impliqué a été condamné à 28 jours de prison, et plusieurs autres ont été officiellement réprimandés.
Dans le cas des inondations survenues sur la base Hatzor, plusieurs officiers impliqués dans le dossier ont écopé d’un blâme officiel, et le commandant de la base a quitté son poste de manière anticipée, même s’il continuera à servir au sein de l’armée et qu’il deviendra bientôt attaché à la Défense dans un pays étranger.