Le conducteur de la voiture accidentée par Ben Gvir dit que sa vie est détruite
Idan Domatov a été grièvement blessé au genou et il ne peut plus diriger son entreprise de coiffure ; le ministre, qui avait grillé un feu rouge, a semblé blâmer Domatov pour la collision
Le conducteur dont le véhicule avait été frappé de plein fouet par la voiture du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir dans la ville de Ramle, le mois dernier, a indiqué que sa vie avait été détruite depuis l’accident alors qu’il a entrepris un processus de rééducation long et difficile.
« Tout le monde fait comme si tout allait bien et ce n’est pas le cas », a déclaré Idan Domatov devant les caméras de la Douzième chaîne au cours d’un entretien.
Domatov, qui a un salon de coiffure, n’a pas pu reprendre le travail. Il a été grièvement blessé au genou et il n’a pas retrouvé sa mobilité antérieure.
« Je suis au beau milieu d’une rééducation qui devrait continuer encore quatre mois au moins et je ne peux pas marcher sans béquilles. Je n’ai plus besoin de fauteuil roulant mais mon salon de coiffure et ma santé m’inquiètent. Tout m’inquiète et m’empêche de dormir, la nuit », a-t-il indiqué.
La mère de Domatov a dit à la chaîne que les clients qui avaient l’habitude de fréquenter son salon avaient dû partir ailleurs. Domatov ne peut rien faire pour le moment et il ignore quand il pourra recommencer à travailler.
« Il reste à la maison et il ne travaille pas, ce qui est difficile à la fois au niveau psychologique et émotionnel », a-t-elle commenté. « L’accident a eu des conséquences physiques et il pourrait falloir six mois avant que les choses ne reviennent à la normale ».
La mère de Doùmatov a ajouté que la situation a entraîné des tensions au foyer familial, elle et son époux travaillant à plein temps et étant dans l’incapacité de rester à ses côtés pour s’occuper de lui.
« Ses frères et sœurs sont à l’université ou à l’armée et malheureusement, il est obligé de rester seul à la maison presque toute la journée sans avoir les moyens de sortir », a-t-elle dit.
Elle a aussi indiqué que la police ne s’était pas montrée coopérative et qu’elle refusait de rendre la voiture, ce qui leur permettrait d’obtenir les remboursements de l’assurance.
L’accident était survenu à Ramle, à la fin du mois d’avril. Ben-Gvir revenait de l’endroit où un attentat terroriste venait d’être commis au sein de la localité. Alors que le véhicule du ministre quittait les lieux, le chauffeur avait grillé un feu rouge, frappant de plein fouet la voiture de Domatov qui traversait le carrefour, sa voie étant passée au vert.
La voiture de Ben Gvir s’était retournée et il avait quitté l’hôpital deux jours plus tard, avec trois côtes fracturées et si Ben Gvir avait annoncé que son propre chauffeur était indemne, Domatov avait été plus grièvement touché que les médecins avaient pu le déceler à première vue.
Les investigations sont d’autant plus complexes que c’est Ben Gvir qui est en charge de la police israélienne en tant que ministre de la Sécurité nationale. En conséquence, quand l’enquête sera terminée, la procureure-générale Gali Baharav-Miara sera consultée pour déterminer d’une éventuelle mise en examen du chauffeur de Ben Gvir.
De son côté, au micro de la Radio militaire, Ben Gvir a réaffirmé dimanche que son chauffeur n’était pas responsable de l’accident.
« Avec tout le respect que je vous dois, vous pouvez voir, dans la vidéo, que mon chauffeur doit griller les feux rouges là où je suis menacé », a-t-il affirmé.
La vidéo en question, tournée par une caméra embarquée, montre Ben Gvir entrer dans le carrefour et frapper la voiture de Domatov. Rien, sur les images, ne laisse penser que le ministre était en danger avant d’enfreindre les règles du code de la route.
Ben Gvir a de nombreux antécédents en matière de délits routiers et il a souvent été critiqué pour s’être filmé, dans sa voiture de fonction, sans ceinture de sécurité. Des informations, l’année dernière, avaient révélé que le ministre avait été pris en flagrant délit d’infractions à la circulation à près de 80 reprises – pour vitesse excessive, non-port de la ceinture de sécurité ou pour usage de son téléphone, entre autres.
Par ailleurs, selon les médias israéliens qui ont cité des responsables qui n’ont pas été identifiés, son chauffeur au moment de l’accident, Moshe Eichenstein, avait été arrêté en 2022 alors qu’il roulait à 147 kilomètres-heure, soit plus de 60 kilomètres-heure que la vitesse autorisée. A ce moment-là, son permis avait été suspendu pendant 50 jours.
Dans son entretien accordé à la Radio militaire, Ben Gvir a semblé rejeter la responsabilité de l’accident sur Domatov, établissant que « même lorsque le feu est vert, quand vous entrez sur un carrefour, vous devez regarder à droite et à gauche pour vous assurer qu’il n’y a personne. C’est quelque chose qu’on apprend à l’auto-école ».
Néanmoins, la vidéo de l’accident révèle que Domatov ne pouvait pas voir le véhicule transportant Ben Gvir qui était entré dans sa voie, doublant une autre voiture sans s’assurer qu’aucun véhicule n’était à l’approche.