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Le délinquant sexuel Alon Kastiel sera libéré mais banni de Tel Aviv

La commission de libération a jugé que les craintes des victimes de croiser leur agresseur ne devaient pas être le facteur décisif d'une libération anticipée

Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Alon Kastiel, promoteur immobilier et figure la vie nocturne de Tel Aviv, arrivant à la prison Hermon dans le nord d’Israël pour y purger sa peine pour crimes sexuels, le 26 août 2018. (Crédit : Meir Vaknin/Flash90)
Alon Kastiel, promoteur immobilier et figure la vie nocturne de Tel Aviv, arrivant à la prison Hermon dans le nord d’Israël pour y purger sa peine pour crimes sexuels, le 26 août 2018. (Crédit : Meir Vaknin/Flash90)

La commission de libération conditionnelle d’une prison a accepté, lundi, d’accorder une libération anticipée au violeur et délinquant sexuel Alon Kastiel, en dépit des tentatives répétées des procureurs de l’État et de ses victimes pour s’y opposer.

En vertu de la décision du conseil, Kastiel sera libéré sous peu à la condition qu’il se tienne à distance de Tel Aviv, ville dans laquelle il a commis ses crimes et où certaines de ses victimes vivent ou travaillent encore.

La date exacte sera décidée une fois que les détails de sa libération auront été définis, a déclaré le conseil d’administration dans sa décision.

Il a ajouté que la décision de bannir Kastiel de Tel Aviv avait été prise par égard aux « craintes des victimes de le croiser dans les rues de la ville ».

En juillet 2018, Kastiel avait été condamné à quatre ans et neuf mois de prison dans le cadre d’un accord de plaidoyer dans lequel il avait avoué avoir commis des infractions sexuelles à l’encontre de quatre femmes. Au total, plus d’une douzaine de femmes avaient porté plainte contre Kastiel, notamment pour viol.

Il avait finalement été reconnu coupable de tentative de viol, d’attentat à la pudeur et de harcèlement sexuel.

En vertu de la loi israélienne, un condamné peut demander une libération conditionnelle anticipée une fois purgé les deux tiers de sa peine. Kastiel avait formulé une première demande en août dernier, sans succès. Il a de nouveau présenté une demande, en mai 2022, que lui a accordée la commission des libérations conditionnelles. Les procureurs de l’État ont fait appel de cette décision et un tribunal de district a ordonné à la commission des libérations conditionnelles d’entendre les points de vue des victimes avant de rendre une décision.

La commission a contacté les quatre victimes, parmi lesquelles deux seulement ont souhaité comparaître. L’une d’elles a comparu devant la commission lors de la première audience de Kastiel et déclaré qu’elle ne souhaitait pas le refaire. L’autre victime n’a pu être jointe.

Au cours de l’audience, deux des victimes « ont exprimé leur totale opposition à sa libération anticipée, rappelant le mal qu’il leur avait fait, dont les effets seraient longs à s’estomper, allant bien au-delà de la peine infligée au prisonnier », a déclaré la commission. Les procureurs de l’État se sont eux aussi déclarés opposés à la libération de Kastiel.

« J’ai le sentiment de vivre en prison depuis qu’il s’en est pris à moi. Il n’est en prison que depuis trois ans et il veut en plus abréger la peine ridiculement courte dont il a écopé – quatre ans et neuf mois – . Je vis en prison depuis sept ans, depuis le jour de l’agression », a déclaré l’une des victimes, Ofri Yahav, au conseil d’administration.

« J’ai peur de me promener dans Tel Aviv. Je n’ai pas eu d’enfants parce que j’ai peur d’avoir une fille qui – Dieu m’en garde – serait forcée de vivre ce que j’ai vécu. Il implore la pitié parce qu’il a reçu une peine de courte durée et aujourd’hui, il demande à sortir encore plus tôt? Je veux qu’il reste en prison pendant les neuf mois qui lui restent, pour me donner un peu plus de temps pour essayer de reconstruire ma vie », a-t-elle déclaré.

L’Association des centres d’aide aux victimes de viol en Israël, qui a aidé les victimes, a qualifié la décision du conseil d’administration de « décevante et scandaleuse », rappelant que Kastiel avait écopé de ce qu’elle décrit comme une peine clémente au regard de la gravité des crimes reconnus dans le cadre de l’accord de plaidoyer.

« Nous ne sommes pas insensibles au point de vue des victimes, mais les circonstances de cette affaire nous amènent à la conclusion que ces considérations ne devraient pas constituer le facteur décisif [de notre décision] », ont écrit deux des trois membres de la Commission des libérations conditionnelles.

Un troisième membre du conseil d’administration a exprimé son désaccord et s’est opposé à la libération de Kastiel au motif contraire à celui invoqué par ses pairs.

« Il est dans l’intérêt public, et celui des victimes elles-mêmes, que le détenu purge la peine infligée pour ses crimes, avant d’être libéré avec des mesures d’ accompagnement et une surveillance appropriée. L’intégration progressive du détenu dans la collectivité est importante et contribue à prévenir son retour dans le cycle de la criminalité », a écrit la commission dans sa décision majoritaire.

Dans sa décision, le panel a noté que Kastiel avait terminé un traitement en prison et qu’un comité conjoint du ministère de la Santé et du Ministère du bien-être social avait évalué son « niveau de danger » était « faible ».

La Commission des libérations conditionnelles a également estimé que Kastiel serait mieux suivi en poursuivant un traitement, qu’il ne peut plus recevoir désormais en prison.

« Le détenu a terminé le traitement prodigué en prison, et la poursuite de son incarcération le priverait d’un nouveau traitement », a-t-il déclaré. « Il serait préférable qu’il bénéficie d’un traitement cohérent à l’extérieur de la prison plutôt que de poursuivre l’incarcération sans traitement. »

Kastiel a, à une seule reprise, avoué avoir tenté de forcer une femme à avoir des relations sexuelles avec lui, dans l’arrière-salle de l’un de ses clubs, en dépit des refus répétés de sa victime. Elle avait finalement réussi à s’enfuir. Dans une autre affaire, il a commis de force des « attentats à la pudeur» contre une femme dans un club.

Dans deux autres cas, Kastiel a tenté d’embrasser une femme sans son consentement et a touché les seins d’une autre.

L’accord de plaidoyer ne comprenait pas d’accord spécifique en matière de peine.

Au moment de la détermination de la peine, l’accusation avait demandé huit ans d’incarcération, et son avocat, 18 mois.

Kastiel a également été condamné à dédommager chacune de ses victimes à hauteur de 15 000 à 50 000 shekels.

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