Le grand rabbin séfarade favorable à ce que les combattants mangent à Yom Kippour
Pour rassurer les soldats ultra-orthodoxes à Gaza, David Yosef a rappelé les dispositions leur permettant de ne pas jeûner et conseillé de consulter les rabbins de l'armée
En réponse aux questions des soldats haredim qui combattent à Beit Hanoun, à Gaza, le tout nouveau grand rabbin séfarade David Yosef a rappelé jeudi l’existence de dispositions leur permettant de ne pas jeûner pour Yom Kippour.
Yosef a ainsi rassuré les combattants haredim soucieux d’obtenir confirmation par un rabbin ultra-orthodoxe de dispositions du rabbinat de Tsahal permettant aux soldats d’active de manger en ce qui est le jour le plus solennel du calendrier juif.
« J’ai examiné le plus rapidement possible les décisions halakhiques du rabbinat de Tsahal en vigueur et elles me paraissent bonnes », a déclaré Yosef dans une lettre adressée à Yossi Levi, le directeur de Netzah Yehudah, organisation qui encourage et facilite l’enrôlement des hommes haredim au sein de l’armée israélienne.
« Suivez la décision halakhique du rabbinat de Tsahal et, en cas de doute, consultez le rabbin de Tsahal et suivez ses instructions », a écrit Yossef.
Selon les termes de la loi juive, il est plus important de sauver une vie humaine que d’observer strictement les prescriptions religieuses, à commencer par l’interdiction de manger à Yom Kippour, jour de jeûne consacré à l’introspection et à la repentance.
Par le passé, Yosef, qui est le fils du défunt et très respecté chef spirituel haredi Rabbi Ovadia Yosef, lui aussi grand rabbin séfarade, s’était à de nombreuses reprises dit défavorable à ce que les étudiants de yeshiva fassent leur service militaire.
Levi a déclaré que la lettre de Yossef avait vocation à renforcer la position du rabbinat de Tsahal aux yeux des soldats haredim.
« Ce n’est pas facile pour un soldat haredi de manger à Yom Kippour », a expliqué Levi au Times of Israel. « Ces soldats voulaient être rassurés. »
Les règles relatives à la guerre sont pour ainsi dire absentes du « Choulhan Aroukh », codex de la loi juive du XVIe siècle qui régit tous les aspects de la vie religieuse.
Depuis la création de l’État d’Israël, la souveraineté juive retrouvée et l’émergence de capacités militaires propres, une vaste littérature halakhique s’est développée autour des lois de la guerre.
Mais elle est pour l’essentiel l’œuvre de rabbins orthodoxes modernes et de sionistes religieux qui ont pris des décisions pour leurs étudiants et les membres de leurs communautés.
Les rabbins haredim, en revanche, avaient jusqu’alors sursis à statuer sur les questions liées à la guerre ou rendu des décisions à caractère individuel, dans ce cas sans les faire connaître du grand public, afin de ne pas donner le sentiment de soutenir le principe du service militaire des Juifs haredim.
Les jeunes hommes ultra-orthodoxes, qu’ils soient hassidiques ou membres du monde des yeshivot lithuaniennes, se sentent plus en confiance avec leurs rabbins.
« Cela ne veut pas dire que les soldats haredim de Netzah Yehudah refusent l’autorité du rabbinat de Tsahal », explique Levi. « Mais s’il y a contradiction entre la décision d’un rabbin haredi et celle du rabbinat de Tsahal, le soldat haredi est obligé de se conformer à cette dernière. »
« Ce n’est pas parce qu’un soldat haredi sert dans l’armée israélienne qu’il se coupe de son passé. Hassidiques ou lithuaniens, ils restent souvent en contact avec leur rabbin haredi », poursuit Levi.
Les soldats haredim, en particulier ceux issus de familles séfarades, s’en réfèrent en la matière à Yossef en sa qualité de membre du Conseil des Sages de la Torah, l’autorité halakhique suprême des Juifs séfarades ultra-orthodoxes.
Le grand rabbin a écrit qu’il était « clair » que les soldats de Tsahal activement impliqués dans les combats ne devaient pas jeûner à Yom Kippour. Ils ne doivent pas davantage réduire leur consommation d’eau ou de nourriture, mais manger et boire normalement.
Les soldats de Tsahal qui soutiennent les unités de combat, sans être directement impliqués dans les combats, sont également autorisés à manger en fonction de leurs besoins si tant est que le jeûne nuise à leurs facultés militaires.