Le Hezbollah attaque la résidence de Netanyahu, et la politique politicienne bat son plein
L'explosion d'un drone au domicile des Netanyahu, à Césarée, a entraîné de nouvelles chamailleries cyniques entre politiciens, journalistes et internautes

Henry Kissinger avait dit, semble-t-il : « Israël n’a pas de politique étrangère, seulement une politique intérieure ».
Et aucune formule ne peut davantage refléter certaines réactions qui ont suivi l’attaque au drone, par le Hezbollah, de l’habitation que possède le Premier ministre Benjamin Netanyahu à Césarée, une attaque qui a eu lieu samedi.
Le Premier ministre et son épouse étaient absents de la villa – et la frappe n’a fait apparemment aucun blessé. Tsahal a indiqué que le Hezbollah avait initialement tiré trois drones depuis le territoire libanais, précisant que les deux autres avaient été abattus.
Et pourtant, malgré cette escalade qui a pris pour cible le Premier ministre élu, certains leaders politiques, journalistes ou influenceurs, sur les réseaux sociaux, ont abordé le sujet en l’intégrant dans le cadre de la saga personnelle du couple Netanyahu et de son obsession pour son image publique.
A l’aide de publications incendiaires, cyniques et parfois humoristiques, certaines réactions ont évoqué des idées très répandues concernant le Premier ministre – invoquant l’image d’un couple avide de pouvoir ou celle d’un chef de gouvernement victime d’un système juridique implacable, faisant face à des rivaux politiques bien déterminés à le faire chuter.
Ensemble, toutes ces publications constituent un rappel : celui que la politique politicienne se poursuit sans relâche même en temps de guerre – et aussi que les Israéliens privilégient toujours le recours à l’humour et à d’autres moyens moins innocents s’agissant de se défouler pour faire face à la réalité actuelle.
The attempt by Iran’s proxy Hezbollah to assassinate me and my wife today was a grave mistake.
This will not deter me or the State of Israel from continuing our just war against our enemies in order to secure our future.
I say to Iran and its proxies in its axis of evil:…
— Benjamin Netanyahu – בנימין נתניהו (@netanyahu) October 19, 2024
Une tentative d’assassinat « contre moi et contre mon épouse »
Netanyahu lui-même a décrit la frappe au drone non pas comme une attaque visant un chef de gouvernement, mais plutôt comme « une tentative d’assassinat contre moi et contre mon épouse ».
Le chef du parti Shas, Aryeh Deri, un proche allié de Netanyahu dont l’électorat est composé de partisans purs et durs du chef de gouvernement, lui a rapidement emboîté le pas et il lui a fait part dimanche de son soutien sur X : « Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son épouse restent forts et courageux ».
Le parti dirigé par Netanyahu a suivi, utilisant cette attaque pour s’en prendre aux rivaux politiques de Netanyahu. Il a accusé le chef de l’opposition, Yair Lapid, et le chef de HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, de ne pas l’avoir condamnée.
« À l’heure de vérité, ils ne sont pas parvenus à surmonter les mesquineries et les égos démesurés », a estimé le Likud dans un communiqué qui a été publié dimanche. « Ils ont choisi de garder le silence, et comme nous le savons, qui ne dit mot consent ».

Une question de taxe foncière
Gantz et le leader du parti des Démocrates, Yair Golan, ont tous les deux choisi de mettre en exergue le fait que Netanyahu avait uniquement cherché à protéger sa propriété, en référence à son image publique de personnalité cupide et intéressée.
« Alors que des centaines de roquettes sont lancées en direction des citoyens d’Israël, que des citoyens sont assassinés et que des soldats tombent au champ d’honneur, le Premier ministre s’occupe de lui-même et de son impôt foncier », a commenté HaMahane HaMamlahti dans la journée de dimanche.
Une déclaration qui a été faite après que la chaîne publique Kann a fait savoir que des représentants des impôts fonciers et un jardinier s’étaient rendus au domicile du Premier ministre suite à l’attaque.
Golan, dont le parti des Démocrates est né d’une fusion entre les factions Avoda et Meretz, a lui déclaré lors d’une interview qu’il a accordée, samedi, à l’émission « Meet the Press » : « Si le fait de rénover sa maison sans qu’elle soit touchée par un drone ne posait pas de problème, il n’y aura pas de problème par la suite. Et l’État paiera, ne vous inquiétez pas ». Plusieurs journalistes de gauche ont également choisi de réduire l’histoire aux dommages matériels que l’attaque aurait pu causer à la maison de Netanyahu.
À ce moment-là, on ne savait pas que le drone avait en fait atteint sa cible – comme cela a été finalement révélé dans la journée de mardi.
Le journaliste de Haaretz Chaim Levinson a commenté des informations qui ont fait savoir que le directeur-général du bureau du Premier ministre, Yossi Shelley, qui dirige également l’administration Tekuma chargée de la reconstruction de l’enveloppe de Gaza, avait déjà rencontré des fonctionnaires des impôts, juxtaposant cyniquement cette rencontre avec le traitement plus lent dont les résidents ordinaires bénéficient.
« Bravo à Yossi Shelley pour s’être occupé rapidement de chaque maison détruite ou endommagée dans le nord du pays. Le même traitement personnel et dévoué pour tous », a déclaré Levinson.

Un autre journaliste de Haaretz, Uri Misgav, critique de longue date de Netanyahu et auteur de nombreux articles sur l’utilisation présumée de fonds publics par le Premier ministre pour couvrir ses dépenses personnelles, a dénoncé les restrictions imposées par la censure à la couverture de l’affaire, tout en minimisant de la même manière les inquiétudes concernant les dommages matériels résultant de l’attaque.
« Je trouve assez drôle que depuis hier, la censure militaire ait donné l’ordre de ne pas rapporter l’endroit exact où le drone a frappé à Césarée, même si des responsables des impôts fonciers sont déjà arrivés sur les lieux », a-t-il ironisé sur Facebook.
Des piques à l’égard des adversaires juridiques et politiques de Netanyahu
Moti Kastel, un journaliste de la Quatorzième chaîne – qui est considérée par un grand nombre comme le porte-voix de Netanyahu – a choisi de blâmer les ennemis présumés du Premier ministre pour la prétendue tragédie évitée à la dernière minute.
Il a écrit sur Twitter que « ce serait le bon moment pour mentionner que les procureurs généraux Gali Baharav-Miara et Shlomit Barnea Farago – qui font systématiquement obstruction et retardent les demandes vitales de renfort dans les résidences du Premier ministre – risquent la vie de Netanyahu et celle de son épouse tout en le faisant savoir aux médias sous prétexte de ‘protéger et sauvegarder’ les fonds publics ».
La procureure-générale Baharav-Miara supervise les poursuites engagées contre Netanyahu pour corruption ; Barnea Farago est le conseiller juridique du bureau du Premier ministre.
Le journaliste et influenceur sur les réseaux sociaux, Yotam Zimri, s’en est pris à Lapid qui n’a pas condamné la tentative ratée de prendre pour cible Netanyahu, affirmant que Lapid « ne commente pas les échecs ».
Amalgame humoristique
Et puis il y a eu les Israéliens ordinaires – qui font face à l’actualité par un humour cynique, parfois noir, en amalgamant des histoires sans lien entre elles.
Un utilisateur de Facebook a publié un mème évoquant la tentative de Netanyahu de rebaptiser la guerre, jusqu’à présent appelée Opération épées de fer, la « guerre du renouveau ».
Il représente les Netanyahu debout dans leur piscine, en train de dire : « Si vous avez du mal à faire rénover notre piscine pendant la guerre, nous l’appellerons la piscine du renouveau ».
Un autre utilisateur a repris une théorie du complot cynique suggérant que Netanyahu avait espéré que sa maison soit détruite, vraisemblablement pour des raisons liées à la taxe foncière.
Un mème qui a été publié par cet utilisateur présente le couple sous les traits d’une grenouille et un cochon, s’inspirant des contes de fées des frères Grimm. Alors que Netanyahu est informé qu’un drone se dirige vers sa résidence et qu’on lui assure qu’il sera intercepté, il précise que c’est la résidence qu’il veut voir interceptée.
הַקּוֹנְסְטְרוּקְצִיָּה שֶׁל הַקּוֹנְסְפִּירַצְיָה לקראת צאת שלושה ביביסטים הערב עם מבול תאוריות הקונספירציה על הירי…
Posted by גיל נתן on Saturday, October 19, 2024
Un autre utilisateur a modifié le slogan de la campagne visant à ramener les otages détenus par le Hamas à Gaza. Dépeignant la famille Netanyahu comme étant sans abri à la suite de l’attaque, le mème dit : « Ramenez-nous à la maison maintenant ! »
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