Le LA Times ne soutient pas Harris à cause de sa position pro-Israël – fille du propriétaire
Patrick Soon-Shiong s'est rapidement distancé des propos de sa fille Nika, mais n'a donné aucun motif
La fille du propriétaire du Los Angeles Times a fait savoir que son père s’était opposé à ce que le journal apporte son soutien à la candidate Démocrate à la présidentielle, Kamala Harris, en raison de son soutien à Israël dans sa guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza.
Le propriétaire, Patrick Soon-Shiong, s’est rapidement inscrit en faux par rapport aux propos de sa fille Nika dont il a rappelé qu’elle n’occupait aucun poste officiel au sein de la publication et dont les opinions exprimées ne regardaient qu’elle, a indiqué samedi le New York Times.
La semaine passée, Patrick Soon-Shiong s’était opposé à ce que le comité de rédaction du journal publie la déclaration prévue en soutien à Kamala Harris, l’actuelle vice-présidente, estimant que les lecteurs étaient libres de décider par eux-mêmes.
Cette décision a provoqué une série de démissions au sein du comité de rédaction ainsi que des appels du personnel pour que Soon-Shiong soit plus transparent sur les raisons pour lesquelles le journal ne soutenait pas de candidat.
Nika Soon-Shiong, décrite par le NY Times comme « une militante politique progressiste » a été critiquée pour avoir tenté de s’impliquer dans la couverture de l’actualité du LA Times alors qu’elle n’occupait aucun poste au sein du journal.
Elle a déclaré au NY Times que la décision de ne pas soutenir de candidat avait été prise par sa famille.
« En tant que citoyenne d’un pays qui finance ouvertement le génocide, et membre d’une famille qui a connu l’apartheid sud-africain, la décision de soutenir ou non un candidat est l’occasion de réfuter les explications données au ciblage généralisé des journalistes et de la guerre qui fait des victimes parmi les enfants », a-t-elle déclaré.
« Pour le bien des vivants et au nom des morts, pour le bien de l’humanité dans son entier, nous devons nous montrer exigeants sur le plan moral. »
‼️ Nika Soon-Shiong, whose family owns the @latimes, confirms the decision not to endorse a candidate was made bc of @KamalaHarris’ support for genocide in Gaza.
“Our family made the joint decision not to endorse a Presidential candidate. This was the first and only time I have… pic.twitter.com/dqxFZ1fqgd
— AHMED | أحمد (@ASE) October 26, 2024
Le porte-parole de Monsieur Soon-Shiong a précisé que les propos de Nika n’engageaient qu’elle.
« Nika a donné une opinion personnelle, comme chaque membre de la communauté a le droit de le faire », a expliqué le porte-parole. « Elle n’a pas de poste au LA Times et ne participe à aucune décision ou discussion avec le comité de rédaction, comme cela a déjà été clairement indiqué à plusieurs reprises. »
La guerre à Gaza a éclaté le 7 octobre 2023, lorsque l’organisation terroriste palestinienne du Hamas a mené une terrifiante attaque contre Israël au cours de laquelle des terroristes ont tué 1 200 personnes, principalement des civils, et fait 251 otages emmenés à Gaza.
Israël a réagi en se lançant dans des opérations militaires destinées à en finir avec le Hamas et sauver les otages.
Patrick Soon-Shiong a déclaré au LA Times lors d’une interview donnée vendredi dernier, que la guerre à Gaza n’avait pas pesé dans sa décision, contrairement à ce qu’en dit sa fille.
Mariel Garza, rédactrice en chef de la page éditoriale du LA Times qui a démissionné mardi faute de soutien déclaré à Kamala Harris, a expliqué que si Gaza était le problème, alors le propriétaire Soon-Shiong devait le dire.
« Si c’est bien la raison pour laquelle le Dr Soon-Shiong s’est opposé à ce que nous soutenions la candidature de Kamala Harris, cela ne m’a pas été communiqué, à moi pas plus qu’aux éditorialistes », a-t-elle déclaré par voie de communiqué. Refuser de prendre position sur le candidat à soutenir dans le but, comme l’affirme Nika, de « réfuter les explications données au ciblage généralisé des journalistes et de la guerre qui fait des victimes parmi les enfants », est une erreur, a-t-elle ajouté.
Karin Klein, une autre membre du comité de rédaction elle aussi démissionnaire jeudi dernier, est du même avis.
« S’il y a une explication, alors il doit la donner », a déclaré Klein au NY Times.
« Faute d’information, les lecteurs ont tendance à se faire des idées. Est-ce que c’est sa fille qui dit, pour lui, son opposition à ce qui se passe à Gaza ? Ou espère-t-il que Trump réduira ses impôts ? A-t-il des produits pharmaceutiques en attente de validation par la FDA qui nécessiteraient l’accord d’une possible administration Trump ? Il devrait le dire. »
Vendredi, Nika, dont le compte sur X donne à voir un drapeau palestinien accolé à son nom, a publié plusieurs messages sur la question.
« Ce n’est pas un vote en faveur de Donald Trump. C’est le refus de soutenir une candidate qui laisse faire une guerre qui fait des victimes parmi les enfants », a-t-elle écrit.
« Je suis fière de la décision du LA Times, tout comme je suis certaine qu’il n’y a pas de créatures maléfiques. Seulement des humains dans toute leur animalité », a-t-elle ajouté.
This is not a vote for Donald Trump. This is a refusal to ENDORSE a candidate that is overseeing a war on children. I’m proud of the LA Times’ decision just as I am certain there is no such thing as children of darkness. There is no such thing as human animals.
— Nika Soon-Shiong ???????? (@nikasoonshiong) October 25, 2024
Dans une autre publication, Nika a écrit : « Il y a beaucoup de polémique et de confusion autour de la décision du LAT de ne pas soutenir de candidat pour les élections présidentielles. Je fais confiance au jugement du comité de rédaction. Pour moi, le génocide est la ligne de partage. »
Le 1er novembre 2023, soit trois semaines seulement après le massacre commis par le Hamas et quelques jours après le début de la riposte israélienne sur le terrain à Gaza, Nika avait écrit sur X : « Ce n’est pas une faute professionnelle, en tant que journaliste, de décrire l’État d’Israël comme un État d’apartheid. C’est un fait établi au regard du droit international. C’est le terme juridique pour désigner ‘l’homicide, la torture, les transferts forcés de population et le déni des droits fondamentaux’ », tous contraires au droit.
Israël et ses partisans rejettent vivement les accusations d’apartheid, en rappelant que si les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza ne sont pas ressortissants israéliens, les Arabes israéliens jouissent, eux, des mêmes droits que leurs concitoyens juifs.
Harris peine à trouver un équilibre entre ses électeurs musulmans, qui lui reprochent son soutien au droit d’Israël à se défendre, et certains de ses électeurs juifs qui la considèrent, tout comme l’administration Biden, comme trop critique vis-à-vis des actions militaires d’Israël à Gaza.
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, plus de 42 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes lors des combats dans la bande de Gaza, mais ce bilan est invérifiable et ne fait pas le distinguo entre civils et hommes armés. En août, Israël a revendiqué la mort de
17 000 hommes armés plus un millier de terroristes tués sur le territoire israélien le 7 octobre.
Israël affirme faire de son mieux pour éviter les pertes civiles et rappelle que le Hamas utilise les civils de Gaza comme boucliers humains en livrant combat depuis des zones civiles – maisons, hôpitaux, écoles et mosquées.