Le mystère s’épaissit autour de l’offre surprise pour le Jewish Chronicle
Plusieurs personnes mentionnées comme étant impliquées dans l'offre à plusieurs millions de livres ont affirmé qu'elles ne savaient pas vraiment qui était l'acheteur
Un mystère épais entoure une offre d’achat de plusieurs millions de livres sterling pour le journal britannique Jewish Chronicle actuellement en difficultés financières. Plusieurs personnes mentionnées comme étant impliquées dans l’offre ont affirmé qu’elles ne connaissent pas vraiment l’acheteur réel.
Le Chronicle et son rival Jewish News ont annoncé plus tôt ce mois qu’ils allaient être en liquidation et licencier du personnel. Tout semble indiquer qu’une seule publication allait probablement naître par la suite.
Selon deux sources proches du dossier qui ont parlé dimanche au Times of Israël sous condition d’anonymat, la procédure de liquidation n’a pas encore officiellement commencé. Elle était prévue pour lundi, mais elle a été repoussée d’une semaine, ont-ils expliqué. Une fois qu’un liquidateur a été nommé, il ou elle sera obligé d’accepter la meilleure offre pour la publication.
La Kessler Foundation, un trust de charité qui possède le Jewish Chronicle depuis 1984, a soumis une offre en début de semaine dernière pour faire l’acquisition des actifs de deux publications et les fusionner en un seul journal. La fondation a annoncé que le journal fusionné serait dirigé par le rédacteur en chef du Jewish News Richard Ferrer, alors que le rédacteur en chef du Jewish Chronicle Stephen Pollard allait quitter ses fonctions pour devenir rédacteur. Le fondation a promis de donner plus de détails et a déclaré que les deux journaux continueraient à publier pour l’instant.
Jeudi pourtant, le Financial Times a révélé qu’une offre concurrente avait été déposée pour acheter les deux journaux. L’offre provient d’un consortium d’experts politiques, de banquiers et de sociétés de diffusion qui ont promis d’investir des millions de livres sur les cinq prochaines années.
L’article du Financial Times expliquait que le consortium était dirigé par l’ancien chef de communications de Downing Street Robbie Gibb, le biographe William Shawcross, l’ancien élu Travailliste John Woodcock, le rabbin Jonathan Hughes de la Radlett United Synagogue, et les importants diffuseurs John Ware et Jonathan Sacerdoti.
Hughes et Shawcross ont déclaré qu’ils avaient mis leurs noms sur l’offre sans savoir qui était le bailleur de fonds, tandis que Sacerdoti a refusé de commenter le sujet, a rapporté dimanche le Jewish News.
Le cabinet d’avocat qui représente le mystérieux acheteur n’a pas non plus voulu nommer son client, a-t-on déclaré au Times of Israël. Il est donc difficile de savoir quelles peuvent être les intentions de l’acheteur.
Vendredi, le rédacteur en chef du Jewish Chronicle Pollard a annoncé qu’il démissionnait de son poste pour soutenir la mystérieuse offre d’achat. « Je ne peux pas, de bonne foi, apporter mon soutien à l’offre de la Kessler Foundation pour reprendre le journal en liquidation alors qu’il y a une offre aussi intéressante sur la table », a-t-il déclaré.
I have released a statement on the future of @JewishChron pic.twitter.com/iDqOAQFPTY
— Stephen Pollard (@stephenpollard) April 17, 2020
Alan Jacobs, l’actuel président du Jewish Chronicle, a critiqué l’offre rivale parce qu’elle ne dévoile pas la source de son financement. Il a déclaré au Financial Times : « Une offre pour le Jewish Chronicle avec de l’argent en provenance d’une source non-identifiée et dirigée par un groupe d’individus qui refusent de dire quoi que ce soit sur leur projet ressemble beaucoup à une tentative honteuse de pirater le plus vieux journal juif du monde ». Il a ajouté : « Les membres du consortium doivent se faire connaître immédiatement et expliquer leurs motivations et projets ».
De son côté, le consortium a accusé la Kessler Foundation de mener des actions en sous-main. « Nous sommes profondément déçus par la conduite de la Kessler Foundation dans le cadre de cette procédure. Nous considérons qu’il s’agit d’une démarche cynique d’avoir mis le journal en liquidation judiciaire pendant la fête de Pessah et pendant le weekend de fête. [Il s’agit] d’une démarche désignée à précipiter une issue qui lui garantisse un maintien de leur contrôle, mais c’est clairement au détriment du journal et de ses créanciers », notait le consortium dans un communiqué au Financial Times.
Avant Pessah, les deux journaux, qui avaient annoncé en février des projets de fusion, ont indiqué simultanément qu’ils allaient être placés en liquidation. Ils ont également laissé entendre qu’ils chercheraient à publier sous une autre forme à l’avenir.
Pour l’instant, le personnel a été licencié, et des sources au Jewish Chronicle ont indiqué à The Guardian que le personnel avait été informé que l’entreprise mère n’avait plus de liquidités et qu’elle ne pouvait pas continuer ses activités.
Les deux publications ont déclaré qu’elles feraient de leur mieux pour continuer à publier dans les deux ou trois prochaines semaines, et pour mettre à jour leur site internet.
Après cela, ils ont déclaré, sans entrer dans les détails, qu’ils allaient travailler « pour assurer un avenir… après la liquidation ».

Le Jewish Chronicle est le plus ancien journal juif publié dans le monde. Il a été fondé en 1841.
Le Jewish News, un partenaire du Times of Israel, est un journal gratuit fondé en 1997.
En février, les deux publications ont annoncé « des plans ambitieux pour fusionner leurs activités afin de créer l’une des références mondiales de la communauté ».
« La fusion a été acceptée en principe par les propriétaires du Jewish Chronicle, la Kessler Foundation, et les propriétaires du Jewish News, la famille Noé », avaient-ils déclaré à l’époque. Pourtant, ils avaient prévenu que « la finalisation et la signature d’un accord juridique dépend encore des fonds nécessaires levés pour soutenir la démarche ».