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Le naufrage du Lancastria et ses milliers de victimes, un mystère depuis 80 ans

Ce navire coulé dans la région de Saint-Nazaire par l'aviation allemande au début de la Seconde Guerre mondiale a déversé pendant des semaines des corps sur les plages françaises

Le dramatique et tragique naufrage du Lancastria, le 3 août 1940. (AP Photo)
Le dramatique et tragique naufrage du Lancastria, le 3 août 1940. (AP Photo)

Un drame trois fois plus meurtrier que le Titanic et des archives qui ne révéleront leurs secrets que dans vingt ans : le naufrage du Lancastria reste entouré de mystères et a marqué les esprits dans la région de l’ouest de la France où le paquebot britannique sombra le 17 juin 1940.

Ce navire coulé dans la région de Saint-Nazaire par l’aviation allemande au début de la Seconde Guerre mondiale a déversé pendant des semaines des corps sur les plages de Loire-Atlantique et de Vendée.

« Je me souviens, quand il découvrait les cadavres, il y a un vieux qui avait dit en patois ‘celui-là était encore tiède' », se remémore Michel Adrien, un habitant de l’île de Noirmoutier, âgé de six ans à l’époque.

Cette phrase et « les cérémonies religieuses empreintes de beaucoup de dignité et de solennité » ont marqué l’octogénaire qui ne connaîtra peut-être jamais l’ampleur de la catastrophe car Winston « Churchill l’a classifiée pour le moral des troupes ».

Des chalutiers de la Royal Navy participent au sauvetage du navire naufragé Lancastria, le 8 octobre 1940. (AP Photo)

Ce « D-Notice », une classification secret défense décidée par le Premier ministre britannique, court pour une durée de 100 ans, jusqu’en 2040, et explique qu’on ne connaisse pas exactement le nombre de morts, généralement évalué autour de 4 000.

« Le nombre de victimes est multiplié par deux ou trois selon les sources », explique Valérie Roux, spécialiste de la Seconde Guerre mondiale aux archives départementales de Loire-Atlantique.

Tous les passagers avaient embarqué à Saint-Nazaire le 17 juin 1940 sur ce paquebot transatlantique reconverti en transport de troupes pour évacuer les soldats fuyant l’avancée des troupes allemandes. On sait peu de choses des civils embarqués et des différentes nationalités qui se trouvaient à bord.

« Tout a été un peu fluctuant dans cette période-là », souligne Mme Roux qui ne dispose que d’archives « lacunaires » émanant notamment de la sous-préfecture, dont le bâtiment a été bombardé pendant la guerre.

La scène finale alors que le paquebot britannique Lancastria était sur le point de franchir son dernier plongeon. (Photo AP)

« Pantalon et chemise kakis »

Sur ces papiers jaunis par le temps et consultables librement par le public, on peut lire la confusion de cette période marquée par des épisodes restés eux très célèbres, comme la bataille de Dunkerque quelques jours avant le naufrage du Lancastria ou encore l’appel du général de Gaulle survenu le lendemain.

Les mairies du littoral dressent les listes des victimes avec leur lot de descriptions : « tête en état de décomposition », « il était vêtu d’un pantalon et d’une chemise kakis et de chaussettes grises », « il portait à l’annulaire gauche une bague en métal ».

À Piriac, ont ainsi été retrouvés les corps des soldats Harry Bullock et Charles Heron, mais un troisième cadavre est resté « inconnu », peut-on lire à côté de la mention « papiers saisis par Armée d’occupation », tandis qu’à La Bernerie, les procès-verbaux sont incomplets car « le maire, l’adjoint et le secrétaire de mairie » se trouvaient « tous trois aux Armées ».

En 1940, « l’avancée des Allemands après la ‘Drôle de guerre’ a vraiment surpris tout le monde », rappelle Thibaud Harrois, maître de conférence en civilisation britannique à l’Université Sorbonne Nouvelle. Elle provoque le repli des troupes britanniques présentes en France.

Certains des nombreux navires transportant les forces alliées à travers la Manche, entre le 29 mai et le 3 juin 1940, en route pour l’Angleterre lors de l’opération Dynamo pendant la Seconde Guerre mondiale. (Crédit : AP Photo)

Désormais, « au Royaume-Uni, quand on parle de ce repli de mai 1940, c’est la bataille de Dunkerque qui est tout de suite le symbole, c’est mythique » car il y a eu « beaucoup plus de soldats qui ont été évacués que ce qui était prévu ».

Selon M. Harrois, « l’histoire du Lancastria, c’est la même que celle de Dunkerque mais en ratée si on veut », ce qui peut expliquer selon lui la classification secret défense.

Pour autant, les descendants de victimes et rescapés du naufrage continuent d’honorer leur mémoire lors des commémorations.

« Pour eux, c’est important, c’est le voyage de leur vie, il faut venir rendre hommage à leurs ancêtres », souligne Karine Allioux, responsable des relations internationales à la mairie de Saint-Nazaire.

Pour les 80 ans, un groupe breton, Tri Yann, qui évoque « gris les cœurs des Anglais revenant des combats » dans sa chanson « Lancastria », devait être des invités. Mais crise sanitaire oblige, la cérémonie sera limitée à dix personnes.

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