Le nettoyage des carcasses des grues mortes commence dans la vallée de Hula
Le ministère de l'Agriculture demande aux résidents du moshav du nord, épicentre de l'épidémie de H5N1, d'éloigner les chats errants, porteurs potentiels du virus
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Le personnel de l’Autorité israélienne de la nature et des parcs (INPA) a commencé la sinistre tâche de ramasser les carcasses de grues dans la réserve du lac Hula, dans le nord d’Israël, où l’on a dénombré quelque 5 000 oiseaux morts au cours de la pire épidémie de grippe aviaire qui ait jamais touché la population d’oiseaux sauvages du pays.
Le ministère de l’Agriculture n’a pas encore réussi à déterminer comment la maladie virale hautement contagieuse H5N1 s’est introduite dans la réserve, qui attire des dizaines de milliers de grues pendant les saisons de migration du printemps et de l’été, d’autant plus que de la nourriture y est distribuée pour éloigner les oiseaux des champs de cultures commerciales.
Les autorités devraient réévaluer la politique consistant à concentrer les oiseaux de cette manière.
La grippe aviaire, qui est mortelle pour les oiseaux et peut également infecter les chats et les humains (bien qu’elle provoque rarement des maladies graves chez l’homme), sévit dans le moshav Margaliot, à la frontière libanaise, où plus d’un demi-million de poules pondeuses sont mortes ou ont été abattues.
Tous les poulaillers sont infectés et ont été fermés par les inspecteurs.
Mardi, les services vétérinaires du ministère ont écrit aux résidents du moshav pour les avertir que des chats errants avaient été vus en train d’entrer et de sortir des poulaillers et pour leur rappeler que 15 chats avaient attrapé la maladie lors de la dernière épidémie de grippe aviaire en 2012.
Le premier foyer de cet automne s’est déclaré au moshav Nahalal, dans la vallée de Jezreel, selon un avis envoyé aux éleveurs de volailles le 18 octobre par le service vétérinaire du ministère. Faisant remarquer que la grippe aviaire est souvent relayée par des oiseaux sauvages – Israël se trouve sur la route de migration annuelle entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique – il a demandé le transfert immédiat de tous les poulets biologiques, élevés en liberté et autres poulets de plein air dans des installations fermées.
Le 3 novembre, le virus avait également été découvert au kibboutz Maayan Zvi, près de Zichron Yaakov, et au 21 novembre, il s’était propagé à un élevage de canards à Kfar Baruch, dans la vallée de Jezreel, et à un élevage de dindes à Ein Zurim, au sud de Kiryat Malachi, dans le sud d’Israël.
La maladie a principalement touché les poules pondeuses, et cette fois-ci à un degré sans précédent, selon le ministère.
Chez les oiseaux sauvages, la maladie s’est propagée dans la vallée de Hula, au-delà de la réserve du lac, dans la vallée de Jezreel (Moshav Balfouria, Moshav Hayogev, Kibboutz Ramat David) et dans la vallée de Hefer, dans le centre d’Israël, où un pélican malade a été trouvé au Kibboutz Mishmar Hasharon. Des échantillons d’oiseaux morts provenant du kibboutz Kfar Ruppin dans la vallée de Beit Shean, dans l’est du pays, sont encore en cours d’analyse.
L’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) a indiqué le 10 novembre que 41 pays, en Asie (11), en Europe (21) et en Afrique (9), avaient signalé des cas de grippe aviaire chez des oiseaux sauvages et des volailles domestiques depuis le 1er mai, le variant H5N1 étant fréquemment présent.
Une porte-parole du ministère de l’Agriculture a déclaré qu’Israël était un membre actif de l’organisation et que les services vétérinaires étaient en contact permanent avec leurs homologues européens, fournissant et recevant des informations et des mises à jour.
Les archives de l’OIE montrent qu’Israël avait signalé la grippe aviaire dès le mois d’octobre.
Le porte-parole a déclaré qu’au printemps et à l’automne, mais surtout à l’automne, les inspections se multiplient et les éleveurs de volailles ont pour consigne de transférer les oiseaux des zones ouvertes vers des cages fermées.
Si un foyer est signalé, des inspecteurs sont envoyés pour contrôler le site et toutes les autres poulaillers dans un rayon de 10 kilomètres.
« Nous étions au courant de l’épidémie en Europe à la fin du mois de septembre. Ce à quoi nous ne nous attendions pas, c’est l’intensité de l’épidémie », a ajouté le porte-parole, notant que la maladie n’avait jamais infecté autant de poules pondeuses en Israël auparavant.
Des instructions ont été envoyées à tous les éleveurs de volailles sur la manière de réagir en cas d’épidémie, mais ce sont les éleveurs et leurs vétérinaires locaux qui ont été chargés de signaler les cas inhabituels de maladie ou de décès et d’envoyer des échantillons aux services vétérinaires.
Certains éleveurs du moshav Margaliot n’ont apparemment pas signalé les cas en temps réel, et l’un d’eux fait toujours l’objet d’une enquête du ministère qui le soupçonne d’avoir tenté de faire sortir clandestinement des œufs pour les vendre après la découverte du virus.
Selon la porte-parole, il était impossible pour les dizaines d’inspecteurs employés par le ministère et les associations régionales d’éleveurs de volailles de se rendre en permanence dans des milliers de poulaillers.
Si le virus se propage aussi rapidement, c’est en grande partie à cause de l’utilisation répandue de vieilles cages primitives par des agriculteurs qui travaillent encore selon les normes des années 1950.
Des fonctionnaires du ministère de l’Agriculture ont récemment déclaré à la Knesset qu’une étude a montré que 93 % des poulaillers ne répondent pas aux exigences des services vétérinaires en matière d’hygiène et de bien-être animal.
Alors que plus de la moitié des poules pondeuses de l’Union européenne (UE) sont désormais élevées dans des poulaillers sans cage, le chiffre pour Israël n’est que de 3,2 %, selon les chiffres du Conseil de l’industrie avicole, le reste étant entassé dans des cages.
Avant même l’épidémie, le ministre de l’Agriculture Oded Forer s’était fixé comme priorité de remplacer les poulaillers de basse-cour par des installations modernes, fermées, de taille industrielle, automatisées et situées à une certaine distance des habitations.
Une décision gouvernementale prise en 2007 pour réaliser cet objectif n’a jamais été appliquée.
Les fonds publics destinés à remplacer les anciens poulaillers – avec des incitations à ne pas mettre les oiseaux en cage – feront partie d’une vaste réforme de l’industrie des œufs que le ministère négocie avec les agriculteurs.
Les agriculteurs sont mécontents des propositions visant à supprimer les quotas de production d’œufs et à ouvrir le secteur à la concurrence locale et internationale.