Le pape, Pékin, Damas, Ankara, Islamabad dénoncent le projet de Trump sur Jérusalem
Une intervention de Donald Trump est prévue mercredi à 20H00 (heure israélienne)
Le pape François a appelé mercredi au respect du statu quo de Jérusalem et à faire preuve de « sagesse et prudence », alors que le président américain, Donald Trump, s’apprête à reconnaître la Ville sainte comme capitale d’Israël.
« Je ne peux taire ma profonde inquiétude pour la situation qui s’est créée ces derniers jours » autour de Jérusalem, a déclaré le pape lors de son audience hebdomadaire.
« J’adresse un appel vibrant pour que tous s’engagent à respecter le statu quo de la ville, en conformité avec les résolutions pertinentes de l’ONU ».
Mardi soir, le pontife argentin s’était entretenu par téléphone avec le président palestinien, Mahmoud Abbas, avait annoncé le porte-parole du Vatican sans donner plus de précisions.
« Jérusalem est une ville unique, sacrée pour les juifs, les chrétiens et les musulmans, qui y vénèrent les Lieux saints de leurs religions respectives, et elle a une vocation spéciale pour la paix », a déclaré le pontife argentin mercredi devant des milliers de fidèles au Vatican.
« Je prie le Seigneur que cette identité soit préservée et renforcée, au bénéfice de la Terre sainte, du Moyen-Orient et du monde entier, et que prévalent sagesse et prudence, pour éviter d’ajouter de nouveaux éléments de tension dans un panorama mondial déjà convulsif et marqué par tant de conflits cruels », a-t-il insisté.
La Chine s’est déclarée mercredi « inquiète » du projet du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et a dit craindre une « escalade » dans la région.
« Nous sommes inquiets d’une possible escalade des tensions », a indiqué Geng Shuang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
« Toutes les parties concernées doivent avoir à l’esprit la paix et la stabilité régionales, être prudentes dans leurs actions et leurs déclarations, éviter de saper les bases d’une résolution de la question palestinienne et s’abstenir d’engendrer une nouvelle confrontation dans la région », a-t-il déclaré lors d’un point de presse.
Le projet du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël est « dangereux », a affirmé mercredi le ministère syrien des Affaires étrangères.
« La Syrie condamne dans les termes les plus forts la volonté du président américain de reconnaître (…) Jérusalem comme capitale de l’occupation israélienne », a ajouté une source au ministère citée par l’agence officielle Sana.
« La Syrie condamne dans les termes les plus forts la volonté du président américain de transférer l’ambassade américaine à Jérusalem occupée et de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’occupation israélienne », a indiqué une source au ministère des Affaires étrangères citée par l’agence officielle Sana.
« Cette initiative dangereuse de l’administration américaine montre clairement le mépris des Etats-Unis à l’égard de la loi internationale », selon la même source.
« Le président américain et ses alliés dans la région assumeront la responsabilité d’une telle décision », poursuit-elle.
« Le président américain n’aurait pas osé prendre cette initiative sans son alliance avec des régimes arabes qui ont comploté et continuent de comploter contre la Syrie et contre la cause palestinienne », a encore ajoute la source syrienne.
Elle faisait allusion à l’Arabie saoudite, alliée de Washington au Moyen-Orient.
Ryad et Damas sont alignés sur des axes rivaux dans la région, l’Arabie saoudite étant proche des Etats-Unis, tandis que le régime syrien est allié à son grand rival, l’Iran.
Le roi Salmane d’Arabie saoudite a toutefois mis en garde mardi les Etats-Unis contre le transfert de leur ambassade à Jérusalem affirmant qu’une telle décision risquait de provoquer « la colère des musulmans ».
La Turquie a averti mercredi que la reconnaissance attendue par Washington de Jérusalem comme capitale d’Israël risquait de précipiter la région dans « un incendie ».
Cette mesure, que le président américain Donald Trump doit annoncer mercredi, est susceptible de « précipiter la région et le monde dans un incendie dont personne ne sait quand il prendra fin », a déclaré le porte-parole du gouvernement turc Bekir Bozdag sur Twitter.
« Proclamer Jérusalem capitale (d’Israël) est une négation historique, une grande injustice, un grand manque de vision et une grande folie », a ajouté M. Bozdag.
« J’appelle chacun à agir de manière responsable (…) à se garder de mettre en péril la paix dans le monde à des fins de politique intérieure ou autres », a-t-il poursuivi. « J’invite les musulmans et les pays islamiques à protéger leur honneur ».
Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait déjà averti mardi que le statut de Jérusalem était « une ligne rouge » pour les musulmans, et n’excluait pas une rupture de ses relations diplomatiques avec Israël, provoquant l’ire de députés israéliens.
Cette question sera au centre d’entretiens que M. Erdogan doit avoir mercredi à Ankara avec le roi de Jordanie Abdallah II, dont le pays est le gardien des Lieux saints musulmans de Jérusalem.
Le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a lui aussi mis en garde mercredi contre la mesure américaine avant une rencontre avec son homologue américain Rex Tillerson en marge d’une réunion de l’Otan à Bruxelles.
« Ce sera une erreur. Cela n’apportera ni paix ni stabilité, mais chaos et instabilité », a-t-il dit à la presse. « Je l’ai déjà dit (à M. Tillerson) et je le lui redirai », a-t-il ajouté.
Le Pakistan « opposé sans équivoque » aux desseins de Trump sur Jérusalem
Le Pakistan, deuxième pays musulman le plus peuplé au monde et allié des Etats-Unis depuis la guerre froide, s’est dit « opposé sans équivoque » à la décision que doit prendre mercredi le président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël.
« Le peuple et le gouvernement du Pakistan ont pris note avec grave préoccupation de la décision rapportée (dans les médias, NDLR) des Etats-Unis de déplacer son ambassade dans la ville occupée d’Al-Quds Al-Sharif, modifiant de ce fait le statut légal et historique de (cette) ville », a fait savoir le bureau du Premier ministre Shahid Khaqan Abbasi dans un communiqué.
Al-Quds Al-Sharif est le nom arabe de Jérusalem. Aucune mention d’Israël ne figure dans ce texte pakistanais. Le Pakistan ne reconnaît pas Israël, un pays que ses citoyens ont interdiction de visiter, ce qui est inscrit noir sur blanc sur leurs passeports.
Un tel pas, qui « constituerait une claire violation du droit international et de résolutions onusiennes », « mettrait de côté des décennies de consensus sur la question, saperait la paix régionale et la sécurité de même qu’il empêcherait toute perspective de paix durable au Moyen-Orient », insiste le communiqué.
Le gouvernement pakistanais, « opposé sans équivoque » à la décision que doit prendre mercredi Donald Trump de déplacer Jérusalem, appelle les Etats-Unis à « s’abstenir » de toute action en ce sens.
Le statut de Jérusalem, considérée par chrétiens, juifs et musulmans comme un lieu saint, est une question majeure dans le conflit iraélo-palestinien, les deux camps revendiquant cette ville comme leur capitale.
Les relations entre Pakistan et Etats-Unis se sont fortement rafraichies depuis qu’en août Donald Trump a accusé Islamabad de jouer un double jeu en Afghanistan et d’abriter sur son sol des « agents du chaos ».
Une intervention de Donald Trump est prévue mercredi à 20H00 (heure israélienne). Il devrait reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël, a indiqué un responsable de l’administration américaine sous couvert d’anonymat, mettant en avant la « reconnaissance d’une réalité » à la fois historique et contemporaine.
Ce revirement dans la politique étrangère américaine est une promesse de campagne de M. Trump et va à l’encontre d’une décennie de prudence américaine sur ce dossier.
Les dirigeants de la région, dont le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, le président turc Recep Tayyip Erdogan ou le roi Salmane d’Arabie saoudite, ont multiplié les mises en garde, prédisant que cette décision risquait de provoquer une flambée de violences.