Le portrait d’un enfant palestinien amputé remporte le World Press Photo
"Travailler sur ce projet a été une expérience unique mais douloureuse", a déclaré Samar Abu Elouf, qui est la première photographe de Gaza à remporter ce prix

La photo d’un garçon palestinien de neuf ans, qui a perdu ses deux bras en fuyant une attaque israélienne à Gaza, a remporté jeudi le premier prix du World Press Photo 2025.
L’image, capturée par la photographe palestinienne Samar Abu Elouf pour le New York Times, est un portrait du jeune Mahmoud Ajjour, évacué à Doha après qu’une explosion lui a arraché un bras et mutilé l’autre l’année dernière.
« Travailler sur ce projet a été une expérience unique mais douloureuse », a déclaré Abu Elouf lors de la remise des prix à Amsterdam.
« Les enfants palestiniens ont payé un lourd tribut aux horreurs qu’ils ont vécues. Mahmoud est l’un de ces enfants », a ajouté la photojournaliste autodidacte.
Le cliché a été pris alors qu’Israël est en guerre contre le Hamas depuis le 7 octobre 2023 , date à laquelle quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le groupe terroriste palestinien avaient pris d’assaut des communautés du sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
En réponse à ce pogrom, le plus meurtrier de l’Histoire du pays et le pire mené contre des Juifs depuis la Shoah, Israël a juré d’anéantir le Hamas et de libérer les otages.

Originaire de Gaza City, Abu Elouf est la première photographe palestinienne à remporter le World Press Photo.
Evacuée de l’enclave en décembre 2023, la photojournaliste tire le portrait de Gazaouis blessés par la guerre, installés à Doha.
« L’une des choses les plus difficiles que la mère de Mahmoud m’ait expliquées, c’est que lorsque Mahmoud a réalisé que ses bras étaient amputés, la première phrase qu’il lui a dite a été : ‘Comment vais-je pouvoir te serrer dans mes bras ?’, » a déclaré la photographe.
Une photo « qui parle très fort »
« C’est une photo silencieuse, qui pourtant parle très fort. Elle raconte l’histoire d’un enfant, mais aussi d’une guerre encore plus large qui impactera les générations futures », a déclaré Joumana El Zein Khoury, directrice exécutive de World Press Photo.
Le jury a salué la « forte composition et l’attention portée à la lumière » de la photo, ainsi que son sujet qui donne à réfléchir, en particulier sur l’avenir de Mahmoud.
Le garçon apprend maintenant à jouer sur son téléphone, à écrire et à ouvrir des portes avec ses pieds.
« Mahmoud a un rêve très simple : il veut obtenir des prothèses et vivre sa vie comme n’importe quel autre enfant », ont déclaré les organisateurs du concours dans un communiqué.

La photographe a également attiré l’attention sur le sort incertain de son collègue, blessé lors de frappes israéliennes sur une tente de journalistes à Khan Younès le 7 avril.
L’armée israélienne et l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet avaient confirmé avoir mené une frappe aérienne et avaient précisé que celle-ci visant le photojournaliste Hassan Eslaiah, qui s’était introduit en Israël lors du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023.
« Il m’est difficile de me réjouir quand l’un de mes meilleurs amis photographes à Gaza, Ihab al-Burdini, est blessé », a-t-elle déclaré, brandissant des photos du journaliste hospitalisé.
Le jury a également dévoilé les deux photos finalistes.
La première, « Sécheresses en Amazonie », prise par Musuk Nolte pour Panos Pictures et la Fondation Bertha, montre un homme sur le lit d’une rivière asséchée en Amazonie, transportant des provisions vers un village autrefois accessible en bateau.
La seconde, « Traversée de nuit » de John Moore pour Getty Images, montre des migrants chinois se blottissant près d’un feu pendant une averse après avoir franchi la frontière entre les États-Unis et le Mexique.
Le jury a passé au crible 59 320 photographies prises par 3 778 photojournalistes pour sélectionner les 42 clichés primés.
Quatre photographes de l’Agence France-Presse ont été sélectionnés pour un prix régional.
Luis Tato, à Nairobi, a remporté le prix dans la catégorie « Histoires » pour la région Afrique, avec une sélection de photos illustrant le soulèvement de la jeunesse kenyane.
Jérôme Brouillet a gagné dans la catégorie « Singles » pour la région Asie-Pacifique et Océanie pour sa photo du surfeur Gabriel Medina, semblant léviter au-dessus des vagues lors des Jeux Olympiques.
Clarens Siffroy a gagné dans la catégorie « Histoires » Amérique du Nord et centrale pour sa couverture de la crise des gangs en Haïti.
Enfin, Anselmo Cunha a gagné dans la catégorie « Singles » pour l’Amérique du Sud pour sa photo d’un Boeing 727-200 bloqué à l’aéroport Salgado Filho au Brésil.