Le président du Congrès Juif Européen inquiet pour les juifs d’Europe
Interrogé par Radio J, Ariel Muzicant appelle les gouvernements à agir de manière plus ferme
Les Juifs ont-ils encore un avenir en Europe ? C’était la question posée à Ariel Muzicant, président du Congrès Juif Européen (CJE), sur Radio J. Alors que nous nous apprêtons à célébrer les 80 ans de la victoire contre le régime nazi et la libération des camps de la mort, l’antisémitisme connaît une résurgence effrayante sur le Vieux Continent. Un réveil de la haine anti-juive, conséquence du pogrom du 7 octobre et des guerres déclenchées au Proche-Orient par l’attaque terroriste du Hamas.
« Nous sommes en train de perdre la bataille de la Hasbara, autrement dit la diplomatie publique », déplore Ariel Muzicant, qui décrit un « tsunami d’antisémitisme » et « une haine croissante presque quotidienne envers l’État d’Israël. »
Bien qu’il reconnaisse une prise de conscience réelle de la part des institutions et des gouvernements européens, il déplore « des déclarations d’intention sans actions significatives derrière. » Le président du CJE appelle à l’adoption de « lois plus strictes contre toute forme de haine. » Il dénonce également la diabolisation systématique de l’État d’Israël et accuse ses détracteurs « d’antisémitisme déguisé » lorsqu’ils l’accusent de commettre un génocide.
« La définition de ce terme a été établie après la Shoah. L’appliquer à Israël, qui se défend contre les attaques du Hamas, relève de la malhonnêteté intellectuelle et de l’antisémitisme. Ceux qui utilisent ce mot savent pertinemment qu’il ne correspond pas à la réalité. Ils cherchent à réinterpréter la définition pour attaquer Israël », s’indigne Muzicant.
Sans un changement significatif, il prédit une véritable fuite des communautés juives d’Europe : « Nous passerons peut-être de 1,5 million aujourd’hui à 800 000 ou moins. » Un déclin aux conséquences catastrophiques, qui « mettra en péril les structures communautaires : écoles, synagogues, rabbins. »
Muzicant engage également le gouvernement israélien à faire davantage pour la diaspora, mais il reconnaît que le sujet « ne figure pas parmi leurs priorités. » « Je m’efforce de changer cela, même si je reste lucide sur les limites de mon influence. »
En ce qui concerne la France, le président du CJE estime qu’elle fait partie des bons élèves en Europe : « Comparée à des pays comme l’Espagne, l’Irlande ou la Slovénie, où les efforts sont quasiment inexistants, la France fait beaucoup. »
Le projet de budget israélien pour 2025 comprend une nouvelle allocation substantielle pour les efforts de défense des intérêts pro-Israël à l’étranger.