Le Shin Bet a déjoué un trafic iranien d’armes à destination de terroristes de Cisjordanie
L'agence de sécurité intérieure ajoute que Munir Makdah, un haut responsable du Fatah au Liban, était impliqué ; des mines, des missiles et des fusils d'assaut ont été saisis
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
L’agence de sécurité intérieure du Shin Bet a révélé lundi avoir récemment déjoué des tentatives de l’Iran de faire passer en contrebande de grandes quantités d’armes de pointe à des terroristes en Cisjordanie afin de les utiliser dans des attaques contre des cibles israéliennes.
Selon le Shin Bet, l’unité 4 000 de l’Iran, la division des opérations spéciales de l’organisation du renseignement des Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), dirigée par Jawad Ghafari, et l’unité d’opérations spéciales de la Force Al-Qods des CGRI en Syrie, connue sous le nom d’unité 18 840, subordonnée au chef de l’unité 840 de l’Iran, Asghar Bakri, étaient à l’origine de ce complot.
Le complot a été découvert par le Shin Bet et l’armée israélienne lors des interrogatoires de Palestiniens arrêtés parce qu’ils étaient soupçonnés de préparer des attentats.
L’enquête a également révélé qu’un haut responsable du Fatah, Munir Makdah, résidant dans le camp de réfugiés palestiniens d’Ein el-Hilweh, au Liban, était impliqué dans les plans, a déclaré le Shin Bet.
Selon le Shin Bet, Makdah est connu d’Israël depuis des années comme « travaillant pour le [groupe terroriste chiite libanais du] Hezbollah et les CGRI, et continue d’essayer de faire avancer des attaques terroristes ces jours-ci ».
Au cours de l’interrogatoire des suspects palestiniens placés en détention, le Shin Bet a déclaré qu’il était apparu que Makdah travaillait à recruter des Palestiniens de Cisjordanie pour commettre des attentats terroristes et faire passer en contrebande des armes iraniennes, ainsi qu’à financer des attentats.
Le Shin Bet a déclaré que Tsahal avait saisi une quantité « importante » d’armes de pointe en provenance d’Iran qui avaient été introduites clandestinement en Cisjordanie, dans le cadre de l’enquête sur Makdah et le complot iranien.
Parmi les armes capturées figurent deux grosses bombes à fragmentation BTB15, cinq mines terrestres anti-chars YM-2 avec amorces, quatre lance-grenades M203, 15 kilogrammes d’explosifs C4, 10 kilogrammes d’explosifs plastiques Semtex, 13 missiles anti-chars lancés à l’épaule, 15 lanceurs RPG, 16 roquettes RPG-7 (lance-roquettes individuels) et leur propulseur, 15 grenades à main, 33 fusils d’assaut M4 et 50 armes de poing.
Le Shin Bet a déclaré qu’il travaillait conjointement avec Tsahal pour localiser d’autres armes iraniennes introduites clandestinement en Cisjordanie, ainsi que pour tuer ou appréhender des cellules terroristes recrutées par l’Iran.
L’agence de sécurité intérieure a déclaré qu’elle « prenait très au sérieux » la tentative de l’Iran et de ses mandataires, ajoutant qu’elle « continuerait à prendre des mesures actives à tout moment pour surveiller et contrecarrer toute activité mettant en danger la sécurité de l’État d’Israël et de ses citoyens, pour dénoncer les efforts des Iraniens visant à mener des activités terroristes sur le territoire israélien et leur nuire, et qu’elle s’efforcerait de traduire les personnes impliquées en justice ».
Au début du mois, le ministre de la Défense, Yoav Gallant, avait déclaré que l’Iran cherchait à promouvoir des attaques terroristes majeures en introduisant clandestinement des armes en Cisjordanie.
« Nous devons nous préparer à une augmentation de la terreur pendant le Ramadan », avait indiqué Gallant aux troupes de l’unité d’élite Duvdevan le 11 mars dernier.
« L’Iran s’efforce d’accroître la gravité des attaques en introduisant clandestinement de nombreuses armes », avait-il ajouté, décrivant ces armes comme étant « de haute qualité ».
Israël a déjà annoncé qu’il avait déjoué des tentatives de contrebande d’explosifs de fabrication iranienne vers Israël et la Cisjordanie à partir de la Jordanie.
La contrebande d’armes est un défi permanent pour Israël, le long de sa longue et poreuse frontière orientale avec la Jordanie, ainsi qu’en Cisjordanie. Les autorités estiment que la plupart des armes sont utilisées pour la criminalité clandestine et ont promis de sévir dans le cadre d’un effort visant à mettre fin à des années d’effusion de sang au sein de la communauté arabe.
Contrairement aux autres frontières d’Israël – avec l’Égypte, le Liban et la Syrie – la frontière avec la Jordanie est largement ouverte, souvent sans clôture significative, et la surveillance est limitée, ce qui en fait un canal facile pour la contrebande à grande échelle.