Israël en guerre - Jour 468

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Interview

« Le sionisme est devenu un mot péjoratif » – le nouveau président du B’nai B’rith

Charles O. Kaufman, nouvellement élu, explique au "Times of Israel" le travail de son organisation avec l'ONU, l'enseignement des idéaux sionistes aux jeunes, et pour les réfugiés

Charles O. Kaufman présente lors du B'nai B'rith International Leadership Forum à Washington, DC en 2015, une rencontre avec la productrice Nancy Spielberg, qui a présenté son film "Above and Beyond" aux participants. (Autorisation)
Charles O. Kaufman présente lors du B'nai B'rith International Leadership Forum à Washington, DC en 2015, une rencontre avec la productrice Nancy Spielberg, qui a présenté son film "Above and Beyond" aux participants. (Autorisation)

NEW YORK – De retour de New York, où il a été élu à la tête du B’nai B’rith, Charles O. Kaufman discute avec enthousiasme de l’avenir de cette organisation vieille de 175 ans et des raisons pour lesquelles « les Palestiniens doivent faire plus avec moins » si l’on veut instaurer la paix au Moyen Orient.

Sa route vers la présidence a commencé sous le soleil chaud et sec du Texas où il a passé de nombreux étés de son enfance à chercher des fossiles et des pointes de flèches dans de minuscules villages du Texas pendant que ses parents assistaient aux événements du B’nai B’rith. Il accompagnait souvent son père aux réunions. Il n’y a jamais eu un moment où le B’nai B’rith n’a pas fait partie de sa vie.

Aujourd’hui, en tant que président nouvellement élu du B’nai B’rith International, le natif de Dallas apprécie tout particulièrement la chance de faire en sorte que la plus ancienne organisation humanitaire juive du monde reste aux aguets. Après tout, dit-il, il n’y a aucun avantage à être le plus vieux.

« Pour y arriver, il faut être habile et s’adapter à son époque », a déclaré avec optimisme Kaufman lors d’une interview téléphonique depuis sa ville natale actuelle d’Austin, au Texas.

Au Texas, il a plaidé devant l’assemblée législative de l’État pour une loi anti-BDS, qui a été adoptée à une écrasante majorité par les deux chambres et promulguée par voie législative. Au cours de cette période, M. Kaufman s’est dit consterné, mais pas surpris, que l’opposition à la loi se composait principalement de Jewish Voice for Peace et d’autres organisations juives progressistes.

« Cela montre certains des défis auxquels nous sommes confrontés et c’est déconcertant de voir cette déconnexion au sujet du soutien à Israël », a-t-il dit.

En plus de travailler avec des organisations telles que Maccabi USA/Sports for Israel, l’AIPAC et le Levi Hospital of Hot Springs, Arkansas, Kaufman a occupé divers postes au sein du B’nai B’rith.

Charles O. Kaufman, président nouvellement élu, s’adresse au Forum international du leadership du B’nai B’rith de 2018 (Autorisation).

Avant d’assumer la présidence, M. Kaufman a été président du B’nai B’rith International Center for Human Rights and Public Policy et vice-président principal. En fait, il est un leader dans l’organisation depuis 1980.

Il a représenté l’organisation aux Nations Unies à New York, au Conseil des droits de l’homme à Genève et à l’UNESCO à Paris. Il était très attaché à son travail dans ces postes, même si beaucoup de ses pairs le considéraient comme une perte de temps.

« Quand je remplissais ces fonctions, beaucoup de gens me demandaient : « Pourquoi perdez-vous votre temps ? C’était aussi mon avis. Puis j’ai réalisé que si nous n’étions pas là, ce serait encore pire », précise-t-il.

Cette interview a été éditée par souci de concision et de clarté.

Le B’nai B’rith a 175 ans. Quelle est la clé pour rester pertinent tout en respectant les traditions de l’organisation ?

Charles O. Kaufman : Il faut être novateur. Nous avons commencé à travailler avec des veuves et des orphelins en 1843. Puis, à la fin des années 1800 et au début des années 1900, alors que les Juifs fuyaient les pogroms et la violence en Europe, nous étions là. Nous continuons donc à innover et à ajouter des programmes à ce que nous faisions déjà.

Plus précisément, nous créons plusieurs choses nouvelles. L’antisémitisme se développe rapidement, ici et en Europe. Nous sommes en train de créer un groupe d’action contre l’antisémitisme. Nous allons nous faire entendre davantage et répondre de façon plus proactive à l’antisémitisme. Nous avons des yeux et des oreilles partout dans le pays et nous sommes donc particulièrement bien placés pour nous en occuper.

Nous sommes également en train de créer un groupe d’action en santé mentale. Il sera en harmonie avec nos logements pour personnes âgées ; les personnes âgées sont importantes pour nous, mais cela comblera un créneau très important qui n’est pas spécifique aux personnes âgées. Nous voulons sensibiliser les gens à tout, de l’anxiété à la maladie d’Alzheimer.

Nous créons aussi B’nai B’rith Barristers. Il permettra la création de réseaux internationaux dans un monde multinational et global. Il permettra également aux professionnels de servir de mentors aux jeunes avocats juifs qui arrivent dans le système.

Nous créons aussi des Barreaux du B’nai B’rith [B’nai B’rith Barristers]. Il permettra la création de réseaux internationaux dans un monde multinational et global. Il permettra également aux professionnels de servir de mentors aux jeunes avocats juifs qui arrivent dans le système.

Les dirigeants du B’nai B’rith, dont Charles O. Kaufman (à gauche) rencontrent Ban Ki-moon, alors Secrétaire général des Nations Unies, aux Nations Unies à New York. (Autorisation)

En 1992, vous avez lancé et promu une pétition qui a généré plus de 10 000 signatures appelant à la liberté des Juifs syriens sous le règne de Hafez Assad. Vous avez également travaillé par l’intermédiaire de son bureau aux Nations unies et avec d’autres groupes pour assurer l’émigration de milliers de Juifs syriens. Aux États-Unis, l’administration Trump a réduit le nombre de réfugiés qu’elle accepte et les pays européens sont également aux prises avec la crise des réfugiés. Parlez-nous des défis auxquels le B’nai B’rith est confronté dans ce climat.

Premièrement, nous sommes une organisation non partisane et nous prenons notre statut d’organisme à but non lucratif très au sérieux. En ce qui concerne les immigrants et les réfugiés, nous prenons cela très au sérieux.

Nous faisons beaucoup de choses au sujet de la situation en Syrie. Nous avons aidé à mettre en place IsraAid et à travailler en partenariat avec eux. Nous avons également aidé des réfugiés syriens dans un centre médical à Safed à obtenir des soins, à se remettre sur pied et à rentrer chez eux.

Comme nous nous occupons des réfugiés et de l’immigration depuis le début, nous pouvons donner un peu d’histoire et de contexte à la situation. J’aime à penser que notre pays fait face à une situation d’immigration bien différente de celle que nous avons connue auparavant. J’aime à penser que ce que nous devrions faire, c’est donner à toute administration, quel que soit son parti, le bénéfice du doute qu’elle essaie de faire de son mieux. Parfois, ce n’est pas beau à voir.

Il n’y a pas que les États-Unis. Les pays européens traversent également une période difficile. L’Allemagne est aux prises avec 1,2 million de réfugiés, dont beaucoup ne veulent pas s’intégrer. La Grande-Bretagne est également confrontée à ce problème.

La plupart des Américains veulent que nous gérions cette situation de la façon la plus humanitaire possible, et c’est ce que nous faisons.

Parlez-nous des défis auxquels le B’nai B’rith est confronté dans son travail de plaidoyer mondial en tant que politiciens et citoyens ordinaires, ici et à l’étranger, qui souscrivent à la xénophobie et l’antisémitisme et rejettent aussi le sionisme. Pensez-vous que l’anti-sionisme mène à l’antisémitisme ?

Je viens de rencontrer des députés du Royaume-Uni et je peux vous dire que c’est une question importante. Beaucoup se demandent ce qui se passera au Royaume-Uni si [le dirigeant travailliste Jeremy] Corbyn est élu. Ce qui se passera en Grande-Bretagne est ce qui s’est passé en France – beaucoup de Juifs partiront.

En ce qui concerne les États-Unis, nous avons de véritables défis à relever. Il y a une grande division parmi les rabbins et parmi les fidèles au sujet du sionisme. Le sionisme est devenu un mot péjoratif. Cela a été politisé et je ne sais pas quand c’est arrivé, [mais] le sionisme n’est pas enseigné. Tant de jeunes ne savent même pas qui était David Ben-Gurion ou qui était Theodor Herzl. Ils ne savent rien du plan de partage de 1948, des guerres de 1967 ou de 1973.

C’est très dommageable.

A titre d’illustration : Des étudiants de l’UCLA lors d’un événement le 16 avril 2018 pour la « Semaine Israélienne du 70e anniversaire de l’indépendance ». (Avec l’aimable autorisation de ACF)

Je parle souvent aux jeunes et je les trouve très passionnés. Cependant, ils ne savent rien du sionisme, ils ne connaissent pas les origines, ni le contexte. Tout ce dont ils disposent, c’est un instantané de la situation et des sujets de discussion.

C’est déconcertant et nous nous adressons à un public plus jeune sur les campus universitaires. Mais c’est au sein de nos communautés que nous avons vraiment besoin d’aide. Les rabbins peuvent jouer un rôle fondamental.

Les droits de l’homme et la défense de la cause d’Israël sont un autre domaine dans lequel le B’nai B’rith International est impliqué. Partout aux États-Unis, l’antisémitisme est en hausse parmi les progressistes. Par exemple, les fondateurs de la Marche des femmes soutiennent ouvertement Louis Farrakhan et, sur les campus universitaires, certains groupes de gauche ont clairement indiqué que les Juifs américains qui soutiennent Israël ne sont pas les bienvenus. En quoi cela influe-t-il sur le travail que vous faites pour attirer les jeunes vers vous ?

C’est très troublant. Dans le B’nai B’rith, il y a des gens de tout l’éventail politique. Nous sommes centristes. Cependant, nous n’en faisons pas assez pour contester certains des verbiages utilisés de part et d’autre de la table.

Nous avons des problèmes quand nous avons des gens qui utilisent « l’occupation » et « l’apartheid » quand Israël construit un mur pour la sécurité. Ayant été à Soweto et dans d’autres endroits en Afrique du Sud pendant l’apartheid, je peux vous dire à quel point c’est une insulte pour des millions d’Africains qui ont perdu la vie dans cette lutte.

Vous avez représenté le B’nai B’rith devant l’UNESCO et le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies. Les deux organes ciblent régulièrement Israël, tout comme l’Assemblée générale des Nations unies. Pourquoi le B’nai B’rith continue-t-il à plaider devant ces institutions ?

« Quand je remplissais ces fonctions, beaucoup de gens me demandaient : « Pourquoi perdez-vous votre temps ? C’était aussi mon avis. Puis j’ai réalisé que si nous n’étions pas là, ce serait encore pire ». Le révisionnisme historique est tout simplement horrible – l’idée que les Juifs n’ont aucun lien avec la terre d’Israël. C’est la plus récente des accusations de meurtre rituel.

Le révisionnisme historique est tout simplement horrible – l’idée que les Juifs n’ont aucun lien avec la terre d’Israël. C’est la plus récente des accusations de meurtre rituel.

Tout ce que nous attendons d’eux, c’est qu’ils se remettent en question. Tout ce que nous voulons du Conseil des droits de l’Homme, c’est qu’il se remette en question. Tout ce que nous voulons de l’Assemblée générale des Nations unies, c’est qu’elle se remette en question. L’UNESCO devrait être apolitique. Elle est censée ne s’intéresser qu’à la science, à la technologie et à la culture.

Il a été particulièrement gratifiant de visiter certains pays d’Afrique qui ne connaissent pas bien Israël et qui sont désireux de développer des liens économiques et d’en apprendre davantage sur ce pays. Il est donc très important que nous maintenions une présence là-bas.

Charles O. Kaufman, (à gauche), salue le Secrétaire général des Nations Unies António Guterres lors d’une délégation de dirigeants du B’nai B’rith qui a rencontré en privé le nouveau Secrétaire général des Nations Unies à New York, trois semaines seulement avant son accession au siège, et qui a été reçue au Siège. (Autorisation)

Parlant de renforcer les liens, le président israélien Reuven Rivlin a parlé de la nécessité de renforcer les liens entre Israël et la diaspora. Comment le B’nai B’rith peut-il améliorer la communication entre la diaspora et les jeunes Israéliens ?

C’était un énorme problème pendant ma campagne électorale et j’en ai parlé dans mon discours de remerciement. Nous devons établir des liens entre nos communautés. J’insiste vraiment sur ce point à cause de ce qui se passe en Europe et en Amérique latine.

Je pense qu’il est très important de travailler d’une manière plus intégrée et collaborative. Peu de gens connaissent la diaspora comme nous.

Quelles perspectives avez-vous en ce qui concerne un accord de paix entre Israël et l’Autorité palestinienne ?

Il aurait pu y avoir une solution à deux États en 1948, mais les Palestiniens l’ont perdue – mais on ne peut pas revenir en arrière, et il est clair qu’ils n’ont jamais râté une occasion de râter une occasion.

Israël a appris à faire de son mieux avec ce que nous avons et les Palestiniens doivent faire de même. Il faut qu’ils acceptent la meilleure offre possible et qu’ils partent de là.

Ils doivent cesser de se lier au mouvement BDS, au terrorisme et de se servir de l’éducation pour intoxiquer les enfants. Ils doivent promouvoir leur économie ; ils pourraient installer un bureau consulaire à Jérusalem et cesser de lancer des missiles et de construire des tunnels.

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