Le Times of Israël revient sur 2014 en 14 histoires
Dans une année qui a compté beaucoup de bas et quelques hauts, les journalistes du Times of Israël vous ont informé sur tout : des paris diplomatiques aux docteurs soignant des terroristes en passant par les craintes autour du tramway jusqu’à une communauté reculée de Juifs en Ouganda
L’année 2014 ne restera pas dans les annales comme une bonne année. Des tensions croissantes, religieuses, intestines, ethniques, politiques et autres, ont laissé une marque indélébile sur ces douze derniers mois.
L’année a commencé avec les espoirs que les pourparlers de paix avec les Palestiniens porteraient leurs fruits, que le législateur trouverait une solution pour l’économie, que la guerre civile en Syrie s’achèverait, que l’Europe resterait un lieu sûr pour les Juifs, que le monde arabe s’ouvre à nous et que les usines nucléaires de l’Iran soient en difficulté.
Un an plus tard, peu de choses ont été résolues et beaucoup de larmes ont été versées au sein de la société israélienne et juive, sans parler de celles à travers le monde.
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Pourtant, même dans les moments les plus sombres, il y avait de la lumière et de l’humanité. Des efforts à la base pour répandre la compréhension et soigner les différences ont été omniprésents, même dans des endroits inattendus, comme en Cisjordanie où trois adolescents ont été enlevés ou dans la tente de deuil d’un enfant palestinien tué par vengeance.
L’enlèvement des trois adolescents ont engendré des prières qui ont réuni des milliers de personnes à travers le pays, et ce, jusqu’à ce qu’ils soient retrouvés.
Les morts des soldats à Gaza ont donné lieu à une solidarité sans pareille de la part de dizaines de milliers de personnes qui ont accompagné ceux qu’ils n’avaient jamais connus dans leur dernière demeure.
Un homme juif, en prison pendant des années à Cuba, a été libéré au cours d’un processus de détente historique.
A travers tout cela, le Times of Israel a essayé d’apporter une meilleure compréhension d’Israël et du monde juif et un regard plus large à nos lecteurs, en donnant naissance à une version française, arabe et chinoise.
En regardant derrière nous, ces 14 histoires, sélectionnées parmi les 20 000 publiées sur l’ensemble de l’année, brossent un tableau de notre année.
Nous n’avons pas jugé utile de nous rappeler des vagues d’antisémitisme à travers le monde au moment de l’opération Bordure protectrice, de la reconnaissance en choeur de la plupart des parlements européens.
On y trouve de tout : du bon, du mauvais, des moments que nous préférerions oublier et d’autres que nous chérirons encore longtemps tandis que nous entrons dans la gueule de l’inconnu qu’est 2015.
1. Le guerrier qui incarna le pragmatisme politique
L’année 2014 débuta avec le décès d’un lion de l’Histoire politique et militaire d’Israël. On se souvient d’Ariel Sharon, un combattant rebelle qui s’est transformé en fervent défenseur de la paix, de différentes manières.
Dans son article « Ever the warrior », notre journaliste Haviv Rettig Gur revient sur sa vie et souligne à quel point il est difficile de résumer les différentes philosophies contradictoires qu’il a incarnées au cours de sa vie.
« Lorsque l’on en arrive à définir l’héritage du leader », a-t-il écrit, peu de dirigeants nous proposent un registre aussi complexe et contradictoire qu’Ariel Sharon. »
2. Sur le mont Herzl avec les gardiens des tombes
Ariel Sharon a été enterré dans son ranch situé dans le sud d’Israël mais pour la plupart des autres dirigeants ainsi que pour les milliers de soldats et les victimes de la guerre et des attaques terroristes, le mont Herzl à Jérusalem reste leur dernière demeure.
Pour Mitch Ginsburg, entendre l’histoire d’une sœur endeuillée incapable de manger du romarin car cette plante recouvre le cimetière l’a poussé à écrire un texte passionnant au sujet de cette plante verte qui entoure les héros israéliens.
« La verdure, l’ombre, la fraîcheur, tout cela créé un sentiment de tendresse », lui avait expliqué un paysagiste. Quelque chose vous entoure. Vous n’êtes pas exposé lorsque vous êtes près des tombes. »
3. Neuf petits manuscrits de la mer morte sont apparus
Alors qu’Israël se séparait de ses trésors nationaux, un autre trésor encore plus ancien a été découvert, ou plutôt redécouvert.
Comme nous l’explique Ilan Ben Zion dans son article, un chercheur israélien qui étudiait les manuscrits de la mer Morte et a découvert neuf petits rouleaux de parchemin qui n’avaient pas été ouverts. Ces parchemins ont été ignorés pendant les recherches sur ce trésor qui ont duré six décennies.
Ces manuscrits sont considérés comme étant une fenêtre sur notre Histoire. Une fois ouvert, ces minuscules phylactères de Qumrân pourraient apporter un nouvel éclairage sur les pratiques religieuses du judaïsme datant du second Temple. « Nous devons être prêts à être surpris », affirme l’un des chercheurs.
4. Pour certains enfants syriens mourants, Israël est le seul espoir
Alors que certaines personnes se plongent dans le passé d’Israël, d’autres s’intéressent aux évènements révolutionnaires qui surviennent ici et maintenant.
Lazar Berman, qui a voyagé au cœur du Kurdistan irakien, nous a conté l’histoire extraordinaire des volontaires israéliens qui fournissaient un travail incommensurable pour soigner les réfugiés syriens.
Ces réfugiés ont été ensuite emmenés en Israël où les médecins israéliens les attendaient de pied ferme pour leur apporter les soins nécessaires.
« Ce n’est pas du tout les blancs contre les noirs, les Musulmans contre les Juifs du Moyen-Orient qu’imagine l’American Studies Association ou ceux qui croient à la théorie du choc des civilisations », écrit-il.
« C’est un autre Moyen-Orient, bien plus complexe avec de nombreuses nuances de gris et des alliances tacites, et des gens issus de nombreuses communautés collaborant pour tenter de donner à leur famille et aux gens un meilleur avenir. »
5. Netanyahu ose enfin parler franchement
Ce discours largement accepté a été égratigné par David Horovitz qui, alors que personne ne semblait y prêter attention, trouvait que le Premier ministre Benjamin Netanyahu osait enfin dire ce qu’il pensait lors d’un discours début juillet, juste après qu’Israël se soit lancé dans la guerre qui définira le reste de l’année.
Dans une opinion rédigée en des termes incisifs, Horovitz a analysé les mots de Netanyahu pour définir ses positions qui étaient un mystère pour la population israélienne.
« La plupart des Israéliens le reconnaîtront, ils n’ont jamais été sûrs de la manière dont Netanyahu voit la résolution potentielle du conflit palestinien, quelles concessions il est vraiment prêt à faire, quelle est sa vision sur le long terme », écrit-il. Mais maintenant, nous savons ».
6. L’application Waze pour le trafic se transforme en un champ de bataille entre Israéliens et Palestiniens
Au moment où Netanyahu parlait (plutôt) franchement, les Palestiniens et les Israéliens s’étaient engagés dans une guerre des mots dans un lieu tout à fait improbable, l’application développée par un Israélien, Waze.
David Shamah nous explique comment la dénomination de la barrière de sécurité en Cisjordanie est devenu un point de contention alors que les tensions montaient rapidement en dehors du cyberespace.
« Il semblerait que le défi ait été lancé par les deux parties », note-t-il. La semaine passée, les parties de la structure a été nommée aussi bien ‘barrière de sécurité’ ou ‘mur de séparation’ avec les noms qui changent parfois plusieurs fois par jour. »
7. La roquette qui a torpillé la « solution » à deux Etats
La guerre entre Israël et Gaza est sans aucun doute l’évènement qui définit cette année. Elle a entrainé de nombreuses pertes de vies, mais l’une des pertes dues aux centaines de roquettes tirées sur Israël est la perte de la possibilité de la mise en place de la solution à deux Etats.
Alors que certains se préoccupaient de l’embargo aérien imposé sur Israël après qu’une roquette gazaouie a atterrit près de l’aéroport, Raphael Ahren a préféré voir plus large et a expliqué ce que cet évènement pourrait signifier pour les tentatives des Palestiniens à fonder un Etat.
« Si une seule roquette tirée depuis la bande de Gaza peut stopper le trafic aérien international d’Israël, a-t-on pu soutenir, comment Israël pourrait céder le contrôle de la Cisjordanie aux Palestiniens ? », s’interroge-t-il.
« Après tout, il a été estimé que la frontière occidentale de la future ‘Palestine’ serait beaucoup plus proche de Ben Gurion que celle de Gaza, et compte tenu de la topographie montagneuse de la Cisjordanie, il serait simple pour des terroristes de tirer des roquettes sur l’aéroport ».
8. Ce tramway où la peur prend le dessus sur la coexistence
Même si les avions n’ont jamais été vraiment menacés pendant la guerre, le tramway de Jérusalem, qui était le symbole de la coexistence dans la capitale éternellement divisée, est devenu l’épicentre des tensions.
Elhanan Miller, qui a pris le tramway d’un terminus à l’autre pendant que la capitale était aux prises avec le conflit interethnique, a trouvé que les voyageurs étaient à la fois nerveux, lorsque le tramway passait dans les quartiers arabes, mais déterminés à ce que ce tramway, tant attendu, ne devienne pas une autre victime de ce conflit.
« Malgré les inquiétudes, les Juifs et les Arabes sont bien ‘mélangés’ ce mardi : le bavardage bruyant des écolières voilées arabes voisines avec les conversations de femmes israéliennes à la voix rauque sur leurs téléphones portables », écrit-il.
9. Suite à la guerre, les ‘Juifs qui se haïssent’ de gauche retrouvent leur voix
Séparés par un océan, les effets de la guerre se sont manifestés par le biais de manifestations,pour ou contre lsraël, en l’Amérique du nord, en Europe et ailleurs.
Alors que dans de nombreux cas, la scission entre les différents groupes s’est précisée, les Juifs antisionistes et de gauche, qui ont été pendant longtemps perdus dans la jungle entre les deux camps, ont enfin pu trouver leur voix.
Amanda Borshel-Dan s’est aventurée au cœur de la Voix juive pour la paix et d’autres groupes similaires et s’est rendue compte que ce mouvement devenait de plus en plus populaire, au plus grand désarroi de certains et pour le plus grand bonheur des autres.
« Que vous les aimiez ou que vous les détestiez, en utilisant des tactiques de ‘guérilla’ pour s’écarter de la position pro-Israël qui domine la société juive, le groupe d’extrême gauche la Voix juive pour la paix connaîtrait une croissance spectaculaire depuis le début de l’opération Bordure protectrice », décrit-elle.
10. Dans le Berlin toujours entaché, comment ne pas se soucier d’Israël
En se rendant à Berlin, David Horovitz a découvert une version différente de la fin de la guerre, une version d’une Europe où les Juifs n’étaient plus les bienvenus dans certains quartiers où l’existence d’un Israël fort et stable vivant en paix avec ses voisins est devenue nécessaire.
« Le retour de l’antisémitisme fait d’Israël un refuge potentiellement plus vital pour la communauté juive européenne, aujourd’hui plus qu’à aucun autre moment depuis les années de sa fondation », écrit-il.
« Comme toujours, par conséquent, la nation juive a besoin d’un leadership imposant pour la guider. L’interaction complexe avec les Palestiniens nécessite de se souvenir, toujours, qu’aucun des peuples ne partira, et qu’il est dans notre intérêt israélien de créer un climat dans lequel nous pourrons finalement vivre ensemble, sans être séduits par des politiques malavisées qui exacerbent les dangers qui nous guettent. »
11. La fin de l’Alyah
Depuis sa fondation, et même avant, le grand projet national du mouvement sioniste ramène le peuple juif en Israël.
Dans une sorte de dissertation, Haviv Rettig Gur étudie la possibilité que les démarches pour stimuler l’immigration telles qu’elles sont mises en place aujourd’hui soient devenues une relique antique à une époque relativement prospère pour les Juifs dans le monde.
Témoin des disputes bureaucratiques sur la meilleure manière de convaincre les Juifs de venir en Israël, Gur se demande si l’alyah tel que nous la connaissons aujourd’hui n’est pas fini.
« La majorité de la diaspora juive parle anglais aujourd’hui, n’a jamais dû faire personnellement face à l’antisémitisme et s’identifie vraiment et profondément avec le pays et la culture du lieu où ils vivent. La plupart des Juifs de la diaspora, on doit le dire, sont Américains », précise-t-il.
« Pourtant, les responsables de l’immigration d’Israël refusent de voir ou de reconnaître cette réalité ».
12. Dans la campagne ougandaise, les prières conservatrices ont un rythme africain
Dans la campagne ougandaise, Melanie Lidman a rendu visite à une petite communauté, assez peu connue, de Juifs Abayudada. Elle nous raconte leur histoire du début du 20è siècle à leur croissance spectaculaire d’aujourd’hui.
Elle a aujourd’hui des écoles, une yeshiva et une synagogue conservatrice. Un centre communautaire est en construction.
« L’isolement était notre plus grand défi, mais nous ne sommes plus isolés », lui a expliqué un des membres de cette communauté. « Aujourd’hui, nous sommes comblés d’amour grâce aux Juifs du monde entier. C’est une bénédiction ».
13. Les Israéliens qui achètent des terres pour les laisser en jachère
Retour en Israël, Jessica Steinberg a découvert un anachronisme : des Juifs qui rejettent les failles qui permettent de continuer à cultiver pendant l’année de jachère au lieu d’acheter des terres pour qu’elles puissent se reposer.
Se plongeant dans les profondeurs du commandement biblique de la shemita et de ce que cela signifie dans un Israël contemporain, Steinberg explore comment ce commandement est devenu un moyen pour des individus de s’exprimer dans la communauté religieuse.
« Dans la mesure où la shemita est un ancien commandement mis en place à une époque où l’on pratiquait l’agriculture de subsistance, cela pourrait paraître étonnant que les Juifs prêtent autant attention à ces exhortations », écrit-elle.
« Mais 2014 est aussi la période des produits biologiques, des potagers, des méthodes alternatives d’agriculture, des produits en boite et de la nourriture d’origine locale. Tout cela peut expliquer ce désir de vouloir observer de manière active le commandement de la shemita. »
14. Quand le « terroriste » devient un « patient » dans les hôpitaux israéliens
Enfin, voici un récit qui résume les frustrations, la beauté et les contradictions inhérentes à la société israélienne en 2014.
En cette année qui a connu de nombreuses attaques terroristes, Renee Ghert-Zand nous dépeint l’humanité du personnel médical qui fait passer leur devoir au-dessus de la politique, travaillant sans hésiter pour sauver ceux qui quelques instants plus tôt ont commis des crimes affreux.
Ils sont parfois même soignés avant les victimes.
« Quelles que soient leurs opinions sur ce qui se passe à l’extérieur de l’hôpital, écrit-elle, « une fois qu’ils sont dans l’enceinte de l’hôpital, les médecins israéliens, qui ont prêté serment de ne pas mettre en danger les vies et de les sauver, expliquent qu’ils arrivent à mettre de côté leurs émotions et soignent chaque patient. »
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David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel