Le voyage d’un musulman koweïtien qui a créé un foyer juif à Jérusalem
Né dans une famille de réfugiés palestiniens à Koweït, Mark Halawa a effectué un voyage qui l'a mené vers des cultures et des continents différents

Enfant au Koweït, Mark Halawa enfilait fièrement son uniforme de scout de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et défilait dans les parades régulières et violemment antisémites de la troupe. Passant telle une tempête dans les rues de Koweït, les garçons étaient encouragés à brûler des drapeaux israéliens et à crier des chansons antisémites contre les Juifs, ces démons et infidèles qui « violent » la sainte mosquée d’Al-Aqsa.
Son père, réfugié palestinien et musulman laïc, était un nationaliste dévoué qui avait travaillé comme ingénieur des eaux du gouvernement aux côtés de Yasser Arafat dans les années 1960.
Comme une grande partie de la diaspora palestinienne, il sacrifiait son salaire pour des donations régulières et importantes à l’OLP de Yasser Arafat.
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Et 30 ans après ?
Aujourd’hui, Halawa est un Juif pratiquant. Il habite à Jérusalem avec sa femme et sa fille, juives toutes les deux, quand il ne fait pas le tour du monde en chantant les louanges d’Israël, ce qui est…
… « Un sacré retournement de situation », admet-il lors d’une visite au bureau de Jérusalem du Times of Israël.
C’est un retournement et un saut qu’a vécus Halawa, lunettes, kippa noire et chemise informelle boutonnée malgré cette chaude journée. Il a à la fois revendiqué son droit à être Juif selon la halakha, la loi juive, et il s’est converti officiellement devant un tribunal religieux ultra-orthodoxe.
Au cours d’une longue interview suivie d’une conversation téléphonique, Halawa a retracé sa vie en en racontant des périodes cruciales : jeune Koweïtien, réfugié en Jordanie au cours de la première guerre du Golfe, playboy privilégié en Syrie, et enfin, étudiant dans une université canadienne découvrant que son identité musulmane n’était pas, en réalité, immuable.
Marqué par la guerre, par des rencontres fortuites, et sans doute un peu par l’intervention divine, l’improbable voyage de Halawa, passé de musulman laïc privilégié à Hiérosolymitain juif l’a fait voyager à travers les continents et les cultures.
Et maintenant, il veut partager ce qu’il a appris sur sa route avec le monde arabe.
A peine une semaine avant le début d’un nouveau cycle de violences palestinien en octobre 2015, Halawa était dans les locaux du Times of Israël pour promouvoir « Ask Halawa« , une chaîne de vidéos YouTube en langue arabe qu’il a créée en collaboration avec l’organisation de défense pro-israélienne StandWithUs.
Publiée cette semaine et cumulant déjà plus de 100 000 vues, la série vise, dit Halawa, à dissiper les idées antisémites qui parasitent les Arabes du Moyen Orient, et à enclencher des conversations sur un Israël libre et démocratique.
Parlant à nouveau une semaine plus tard, en pleine vague de terrorisme, Halawa souligne qu’il espère également parvenir à toucher la jeunesse palestinienne, qui est incitée à cette violence sanglante par les religieux et les dirigeants, comme il l’a été lui aussi pendant son enfance au Koweït et en Jordanie.
Il était une fois, au Moyen Orient
L’histoire de Halawa commence deux générations avant sa naissance, quand sa grand-mère Rowaida, née Juive à Jérusalem en 1930, alors que la Palestine est sous mandat britannique, rencontre et tombe amoureuse de son grand-père, un soldat de l’armée jordanienne nommé Muhammad al-Masri, qui habitait à Naplouse.
Leur couple était un modèle d’affection et de respect mutuel, dit Halawa, dont la mère est la fille de ce couple. Il a grandi près de ses grands-parents, en sachant que sa douce grand-mère aimante était née juive. Cela a toujours causé des dissonances avec la manière dont les religieux koweïtiens caractérisaient les Juifs, dit-il. Aujourd’hui, elle est veuve en Jordanie et, au cours de notre discussion, chaque souvenir qui parle d’elle éclaire son visage d’un sourire.
Mais à l’époque, Halawa s’était lui-même proclamé « athée laïc » et ne se souciait pas du tout de la religion, alors il n’y a pas accordé beaucoup d’importance.
« Comme mon père, je pensais que Mahomet, Jésus, et Moïse étaient seulement de bons gars qui voulaient arranger la situation, » dit-il.
La famille Halawa a fui le Koweït après l’invasion de l’armée irakienne à l’été de 1990, avec quelque 200 000 autres Palestiniens. En tant que citoyens jordaniens, ils ont recommencé une nouvelle vie et le père de Halawa a mis en place une activité lucrative, tout en tentant d’obtenir des dédommagements du programme de l’ONU de 1995, « Pétrole contre nourriture ». Il a fallu 13 ans à son père pour obtenir un sou, dit Halawa.

Alors que la famille attendait une réponse pour une demande de résidence au Canada, Halawa est allé à l’université de Tishreen, aujourd’hui Lattaquié, une province de Syrie déchirée par la guerre. Là, avec 400 dollars par mois, Halawa a vécu une vie relativement luxueuse et, au lieu d’assister aux cours, s’est lui-même rédigé un faux bulletin de notes.
« J’ai acheté et j’ai appris à rembourser, voilà ce que j’ai étudié. J’ai appris comment obtenir ce que je veux pour un certain prix, et cela m’a servi plus tard au Moyen Orient », dit Halawa.
À ce moment là, le père de Halawa lui a demandé de rejoindre son entreprise. Mais Halawa, qui détenait alors un passeport canadien et était blasé de la Syrie, a plutôt décidé de voyager vers le nouveau monde pour le faire sien.
« Je suis parti et j’ai démarré une nouvelle vie », dit-il. Inscrit à la Western University d’Ontario, il a étudié tout en travaillant à temps plein. « Je faisais de mon mieux, parfois je gagnais et parfois je perdais, mais je l’ai fait avec honnêteté et honneur dans un pays où la vie est honorable, et où les gens sont honnêtes dans la rue. Personne ne me demandait de passer des pots-de-vin ou une bouteille de parfum. »
Il a pris le nom de Mark et a essayé de se fondre dans sa nouvelle vie, sortant de sa bulle privilégiée, apprenant à cuisiner, à faire le ménage, les courses et la lessive tout seul.
« Je suis tombé amoureux du Canada, » dit-il.
Une rencontre fortuite
Au cours de sa dernière année à l’université, le Halawa de 2004 est confiant, musclé, vit confortablement des bénéfices de sa propre entreprise, et est peut-être un peu arrogant, admet-il avec ironie. A la bibliothèque, il a repéré un homme âgé portant le costume d’un Juif orthodoxe très pratiquant. Il s’est alors approché de lui et lui a demandé : « Vous êtes juif ? »
L’homme, sous l’effet de la surprise, lui a rétorqué : « Non, c’est juste la manière dont je m’habille ».
La glace ainsi rompue, Halawa alla s’asseoir avec le Dr Yitzhok Block, professeur de philosophie à la retraite de la Western University d’Ontario et ancien étudiant d’Oxford. Halawa a dit à Block que rencontrer un Juif l’intéressait parce que sa grand-mère était née juive.

En apprenant que les racines juives de Halawa provenaient de sa grand-mère maternelle, Block dit alors à Halawa, « selon la loi juive, vous êtes Juif, de même que par le droit musulman, vous êtes Musulman. Vous êtes né Juif de la même manière que vous êtes né Musulman. »
Halawa a senti son esprit « se briser ».
« Je pense que je me suis immédiatement senti à bout de souffle, me demandant ce qu’il se passait. Et la première chose qui m’est venue à l’esprit était que ce gars-là pourrait être un missionnaire tentant de me convertir », dit-il.
Block est un membre pieux du mouvement Habad qui souffre à présent de la maladie d’Alzheimer. Son fils, le rabbin Chaim Block, directeur d’un centre Habad à San Antonio, a confirmé cet élément au Times of Israël : « Quand l’histoire est sortie la première fois, il y a quelques années, j’ai eu un vague souvenir de cette rencontre […]. Je dirai que le récit que Marc fait de la rencontre ressemble tout à fait à mon père, et est tout à fait typique de son style et de son comportement. »)
La rencontre fortuite s’est terminée amicalement, et Block a donné à Halawa son numéro de téléphone, l’invitant à venir de temps en temps dans sa synagogue.
« D’une certaine manière je me suis dit, ‘Cool, voilà une histoire à raconter à mes amis !’ Maintenant, je peux dire qu’il y a un Juif en moi – que de profondeur ! Mais vous allez au lit, vous êtes Juif. Au matin vous vous réveillez, et vous êtes toujours Juif. Il n’est pas facile de dire à quelqu’un du monde arabe qu’il est quelque chose qu’il a toujours entendu comme une insulte », raconte-t-il.
« J’appartiens à un groupe de personnes dont j’ai souhaité la mort toute ma vie »
Mark Halawa
Halawa dit qu’il « a grandi en entendant que les Israéliens et les Juifs étaient l’espèce la plus basse de l’existence, qu’ils n’étaient sur Terre que pour nous tuer, nous les Arabes. En cours de mathématiques, le professeur demandait ‘Si une roquette tue x Juifs, combien six roquettes pourraient en tuer ?’ »
Finalement, un samedi matin où il s’ennuyait, il est allé à la synagogue de Block. Cela l’a mené à un repas de Shabbat enchanteur chez le professeur, qui a fermement mis Halawa sur la voie de la revendication de son identité juive.
Dans un récit à la première personne qu’Halawa a publié sur Aish.com, il écrit que Block lui a dit pendant ce premier repas de Shabbat que « chaque Juif est né avec un peu de Torah et un peu de Menorah en lui. Tout ce qu’il faut, c’est qu’un autre Juif le rencontre et l’éclaire. »
A Jérusalem, plusieurs années plus tard, il dit qu’il a alors réalisé « faire partie d’un groupe de personnes dont j’ai souhaité la mort toute ma vie. »
Tout illuminé, et nulle part où aller
Halawa dit qu’il croit vraiment à l’idée d’une « étincelle juive » et, au cours de ses voyages, il a rencontré beaucoup de personnes comme lui, des Arabes de familles inter-confessionnelles avec une origine juive qui trouvent leur chemin vers le judaïsme. (Dans sa vidéo avec StandWithUs, Halawa affirme que 25 % des Palestiniens ont des racines juives.)
A l’origine, la piété ne faisait pas partie de sa vie, mais il a été très attiré par le peuple juif et a été « super curieux ».
Après avoir décidé de rompre avec les traditions familiales, de faire face à la colère de sa mère récemment devenue religieuse, et de joindre son sort à celui du peuple juif, Halawa allait bientôt réaliser que la loi juive sur la filiation matrilinéaire citée par Block était bien différente de son application administrative en pratique dans l’orthodoxie d’aujourd’hui.
Halawa savait que sa grand-mère était née Juive, il avait vu une fois un livre de prières juives dans sa maison, et savait que son nom de famille était Mizrahi, un nom juif. Mais en dépit des interrogatoires répétés, la grand-mère bien-aimée de Halawa n’est, jusqu’à ce jour, pas disposée à discuter de son identité juive.

C’était un problème pour Halawa, résolu à explorer le judaïsme orthodoxe comme une partie de son chemin vers ses origines juives. Sans papier, il n’avait aucun moyen de prouver sa judéité à la cour religieuse stricte de Toronto qui lui demandait des preuves.
Il a néanmoins commencé à étudier dans une yeshiva du mouvement Habad Loubavitch et, après avoir organisé seul une manifestation pro-Israël quelques années plus tard pendant l’opération Plomb Durci, Halawa a été approché pour participer à une Marche des Vivants vers les camps de la mort en Pologne, puis en Israël.
Au début plein d’appréhension – il était convaincu que les Juifs israéliens voulaient lui faire du mal car il était Koweïtien – il explique qu’il est rapidement tombé amoureux du pays en marchant dans ses rues, en voyant la diversité qui y règne, cette liberté, incomparable avec celle de n’importe quel pays du Moyen Orient qu’il connaît. Il a alors rapidement trouvé un moyen de revenir, et est entré à plein temps à la yeshiva Aish Hatorah de la Vieille Ville de Jérusalem.
Il a étudié pendant trois ans, a appris à enfiler le costume noir et blanc d’un boher yeshiva (avec les peyiot), et s’est présenté devant un tribunal de conversion ultra-orthodoxe de Bnei Brak, dirigé par le rabbin Nissim Karelitz, pour son arrivée « officielle » dans le judaïsme.

Curieusement, alors que Halawa l’ignorait, le tribunal Karelitz, bien que 100 % halakhique, n’est pas autorisé à réaliser des conversions par le rabbinat israélien. Ses convertis ne sont pas légalement reconnus comme Juifs par l’État d’Israël.
De façon surprenante, Halawa l’a découvert pendant la semaine de son mariage avec Linda Brunnel, citoyenne israélienne et jeune femme convertie d’origine finlandaise. Mais au lieu d’annuler leur mariage, Halawa et Brunnel ont été mariés par le rabbin de conversion, Karelitz, au cours d’un mariage, certes illégal, mais conforme à la loi juive et orthodoxe. Pour officialiser le geste, le couple s’est également marié à l’étranger.
Mais, ironiquement pour une personne qui parcourt le monde en prononçant des discours émouvants sur le côté positif d’Israël, l’Etat a été lent à l’autoriser à habiter sur son territoire. Ce n’est qu’en octobre 2015, quelques mois après la naissance de son premier enfant, Atara, et d’innombrables obstacles bureaucratiques et des dizaines de milliers de shekels plus tard, qu’Halawa a finalement obtenu un visa B1 de résidence et de travail.
« Je peux enfin payer des impôts et contribuer à la société à l’âge de 38 ans, dit-il en riant. J’aime Israël et j’aime aussi le Canada, mais je suis ravi d’enfin payer des impôts ici. »
Nous pouvons simplement vivre ensemble
Aujourd’hui, Halawa s’est réconcilié avec sa mère, devenue pratiquante il y a quelques années, après avoir divorcé de son père, laïc. Bien que cela soit parfois difficile, il communique avec son père et ses quatre frères et sœurs qui vivent au Moyen Orient et en Amérique du Nord.
Son père, autrefois nationaliste, est à présent totalement désabusé par l’héritage de Yasser Arafat, qui a selon lui utilisé l’OLP comme une tirelire personnelle, et la corruption de l’Autorité palestinienne continue sur cette voie. Il cite notamment les maisons, de vrais manoirs selon lui, de Mahmoud Abbas en Jordanie et dans l’Ontario.
Pour Halawa, les révoltes des Palestiniens sont toutes des preuves de la cupidité et de la dégénérescence de leurs dirigeants. Il pense notamment aux 53 milliards de dollars que l’Autorité palestinienne a reçus pour l’aide aux réfugiés et à l’absence de toutes installations humanitaires adéquates.
« Où est passé l’argent ? Ce devrait être le lieu le plus riche de la Terre, dit-il. Mais l’Autorité palestinienne n’a rien à exporter, à part le terrorisme. »
« C’est beaucoup d’argent, dit Halawa. Pour cet argent, ils sacrifient les jeunes et les enfants. »
« La jeunesse arabe est intelligente et idéaliste, ici et à l’étranger, mais bombardée de fausses informations »
Mark Halawa
A Jérusalem et ailleurs, Halawa discute passionnément de l’actualité avec ses amis arabes qui, dit-il, sont de plus en plus déçus par les dirigeants palestiniens.
« La jeunesse arabe est intelligente et idéaliste, ici et à l’étranger, mais bombardée de fausses informations. Elle est utilisée et abusée par des régimes politiques qui se fichent si quelqu’un se fait poignarder », dit-il.
Mais, ajoute Halawa, qui a voyagé et vécu dans une grande partie du Moyen Orient, cette soumission du peuple palestinien va bien au-delà de l’Autorité palestinienne. Pour preuve, il donne l’existence des camps de réfugiés qui débordent dans les pays arabes voisins d’Israël.
Le monde est tellement concentré sur le traitement des Palestiniens par Israël qu’il néglige de nombreuses atrocités, la pauvreté extrême, l’assujettissement, les abus sexuels, commis contre eux par les voisins d’Israël, affirme Halawa. Dans ces camps, et même dans les grandes villes, ils ont peu de droits. Beaucoup n’ont pas de passeports, et n’ont aucun espoir d’un avenir meilleur.
« Vous n’avez pas l’autorisation de changer de vie. Vous n’êtes pas autorisé à vivre en dehors du ghetto dans lequel ils vous ont mis », dit Halawa.

Halawa espère sensibiliser à ces injustices. Il dit que le seul pays au Moyen Orient où les citoyens arabes peuvent s’exprimer librement et avoir un impact sur leur propre vie est Israël. Et les dirigeants Arabes, qui se sentent menacés par cette liberté, diabolisent le pays pour manipuler leurs citoyens.
Pendant des années, Halawa a parcouru le monde et a engagé les individus sur les médias sociaux. Son objectif en tournant cette série de vidéos ?
« Je veux montrer la belle créativité d’Israël, le peuple d’Israël, comment ils vivent, comment ils aident l’autre », dit-il. En bref, il veut montrer au monde arabe « son Israël ».
« Si moi je me lève, cela en encouragera d’autres à se lever et à parler. Il y a déjà beaucoup de commentaires. Certains m’insultent et certains disent que ce que je dis est juste », dit Halawa.
Ce qui est important pour Halawa, c’est qu’au moins, il y ait de la place pour le débat.
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