L’Egypte et l’Ethiopie se donnent 4 mois pour trouver un accord sur le barrage
Le Grand barrage de la Renaissance éthiopienne est au cœur d'un conflit depuis que l'Ethiopie a entamé les travaux, l'Egypte craignant qu'il ne réduise sa part d'eau du Nil
Le Caire et Addis Abeba ont convenu jeudi de parvenir à un accord sur le mégabarrage controversé de l’Ethiopie sur le Nil Bleu dans un délai de quatre mois, une avancée après des années de tensions entre les deux pays.
Le Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (Gerd), qui a coûté quatre milliards de dollars (environ 3,5 milliards d’euros), est au cœur d’un conflit régional depuis que l’Ethiopie a entamé les travaux en 2011, l’Egypte craignant qu’il ne réduise sa part d’eau provenant du Nil.
Jeudi, au Caire, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, et le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, « ont discuté des moyens de sortir de l’impasse actuelle des négociations » sur le barrage, selon un communiqué commun publié par la présidence égyptienne.
Ils ont convenu « d’entamer des négociations accélérées pour finaliser l’accord entre l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan sur le remplissage » du Gerd et son exploitation dans un délai de quatre mois, d’après le communiqué.
Les deux hommes se sont rencontrés en marge d’un sommet de dirigeants africains visant à mettre fin au conflit qui fait rage au Soudan depuis près de trois mois.
Le Soudan n’a pas participé aux discussions entre M. Sissi et M. Ahmed, mais l’ex-rebelle Moubarak Ardol, considéré comme un proche allié de l’armée soudanaise, a par la suite déclaré sur Twitter son soutien à l’accord préliminaire sur le barrage, qui se situe à une trentaine de kilomètres de leur frontière.
« Nous soutenons pleinement cette déclaration bilatérale sur le Gerd et le Soudan se joindra bientôt à l’accord trilatéral sans médiateur extérieur », a-t-il écrit.
Les négociations précédentes sur le remplissage et l’exploitation du barrage n’ont pas permis d’aboutir à un accord entre l’Ethiopie et ses voisins. L’Egypte qualifie le barrage de menace existentielle, car elle dépend du Nil pour 97% de ses besoins en eau.
Ce mégabarrage, long de 1,8 km et haut de 145 mètres, doit permettre de doubler l’actuelle production éthiopienne d’électricité, à laquelle environ seulement la moitié de ses quelque 120 millions d’habitants ont accès.
En février 2022, Addis Abeba a annoncé avoir commencé à produire de l’énergie hydroélectrique pour la première fois.