Israël en guerre - Jour 372

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Analyse

L’élimination de Nasrallah met fin à 30 ans d’effusion de sang à l’échelle mondiale

Le Hezbollah est un réseau international qui a perpétré des attentats terroristes tuant des centaines de Juifs, d'Israéliens et de soldats américains, et massacré des milliers de Syriens

Des partisans du Hezbollah, soutenu par l'Iran, levant le poing et applaudissant alors que le chef Hassan Nasrallah prononce un discours via une liaison vidéo lors d'un rassemblement à Beyrouth, au Liban, le 3 novembre 2023. (Crédit : Hussein Malla/AP)
Des partisans du Hezbollah, soutenu par l'Iran, levant le poing et applaudissant alors que le chef Hassan Nasrallah prononce un discours via une liaison vidéo lors d'un rassemblement à Beyrouth, au Liban, le 3 novembre 2023. (Crédit : Hussein Malla/AP)

Le chef du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, Hassan Nasrallah, éliminé dans son quartier général souterrain lors d’une puissante – et très précise – frappe aérienne israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth, vendredi, est surtout connu en Israël pour son rôle dans la Deuxième Guerre du Liban de 2006 et, plus récemment et notoirement, pour avoir lancé les hostilités contre l’État juif le 8 octobre en soutien au groupe terroriste palestinien du Hamas.

Toutefois, les activités terroristes de Nasrallah se sont étendues bien au-delà des frontières israéliennes. Au cours des trois décennies pendant lesquelles il a dirigé le groupe terroriste, il a orchestré un large éventail d’attentats meurtriers, prenant pour cible non seulement des Israéliens et des Juifs, mais aussi des dizaines de soldats américains et français, et participant au massacre de dizaines de milliers de civils syriens.

L’organisation terroriste chiite, fondée en 1982 après l’incursion au Liban par Israël, avait déjà acquis une notoriété internationale avant que Nasrallah n’en prenne la tête.

En 1983, le Hezbollah a organisé deux attentats suicides dévastateurs au camion piégé à Beyrouth contre l’ambassade des États-Unis et les casernes des forces de maintien de la paix françaises et américaines, tuant plus de 300 personnes.

En 1985, le groupe terroriste chiite libanais a publié son manifeste, prêtant allégeance au chef suprême de l’Iran, s’engageant à établir un gouvernement islamiste aligné sur l’Iran au Liban et jurant de détruire Israël.

Lorsqu’Israël avait éliminé le chef du Hezbollah, Abbas Moussaoui, en février 1992, Nasrallah, alors âgé de 39 ans, avait été choisi pour le remplacer.

Alors qu’Israël espérait porter un coup fatal à l’organisation en éliminant son chef, Nasrallah s’est avéré être un dirigeant plus avisé que son prédécesseur, conduisant le Hezbollah à devenir une puissance régionale terroriste d’envergure mondiale.

En représailles à la mort de Moussawi, le Hezbollah, sous Nasrallah, a orchestré plusieurs attaques meurtrières contre des cibles juives en Amérique latine.

En 1992, il a bombardé l’ambassade d’Israël à Buenos Aires, faisant 29 morts et 242 blessés. Deux ans plus tard, en juillet 1994, lors d’un attentat orchestré par l’Iran, un kamikaze du Hezbollah a fait exploser le centre communautaire juif de Buenos Aires (AMIA), tuant 85 personnes et en blessant plus de 300.

Le lendemain de l’attentat contre l’AMIA, un attentat à la bombe a été commis contre un vol intérieur à Panama, tuant les 21 passagers, dont 12 Juifs. Le Hezbollah serait à l’origine de cet attentat.

Un homme marchant parmi les décombres du bâtiment de l’Association mutuelle israélo-argentine (AMIA) à Buenos Aires, après l’attentat meurtrier dont il a été la cible, le 18 juillet 1994. (Crédit : Ali Burafi/AFP)

Sous la direction de Nasrallah, le Hezbollah a également orchestré une attaque de grande ampleur contre les forces américaines en 1996 dans la ville saoudienne de Khobar, tuant 19 membres de l’armée de l’air américaine. Dix ans plus tard, un tribunal américain a jugé que l’Iran et le Hezbollah étaient directement responsables de cet attentat.

Deuxième guerre du Liban

Le 7 octobre 2000, le Hezbollah est à l’origine de l’enlèvement et de l’assassinat de trois soldats israéliens, le sergent Adi Avitan, le sergent-chef Benyamin Avraham et le sergent-chef Omar Sawaid. Une enquête israélienne a révélé que les éléments du Hezbollah qui avaient mené l’opération s’étaient déguisés en personnel de l’ONU et avaient utilisé des véhicules portant le logo de la FINUL.

Les corps des soldats ont été restitués en 2004, en échange de la libération de 400 prisonniers palestiniens et libanais incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël.

Les soldats évacuant un camarade blessé au cours de la Deuxième guerre du Liban, le 24 juillet 2006. (Crédit : Haïm Azoulay/Flash 90)

En juillet 2006, le Hezbollah a lancé un autre raid transfrontalier, tuant huit soldats israéliens et en enlevant deux autres, Ehud Goldwasser et Eldad Regev. Nasrallah prévoit un échange de prisonniers similaire à celui de 2004, mais sous-estime la réaction d’Israël.

Sous la direction du Premier ministre Ehud Olmert, Tsahal a lancé une opération militaire de 34 jours, bombardant les positions du Hezbollah dans le sud du Liban et son quartier général à Beyrouth. En représailles, Nasrallah ordonne à ses forces de bombarder le nord d’Israël de milliers de roquettes.

Depuis sa cachette, Nasrallah a prononcé des discours enflammés, louant la « résistance islamique » à son public libanais et consolidant son statut de « héros » dans le monde arabe grâce à sa rhétorique qualifiée par beaucoup de captivante, son sarcasme et son turban noir distinctif qui signifie qu’il est descendant du prophète.

Les hostilités ont cessé en août après qu’Israël, le Hezbollah et le gouvernement libanais ont accepté la résolution 1701 des Nations unies, qui exigeait du Hezbollah qu’il désarme et se retire au nord du fleuve Litani, conditions qui n’ont jamais été appliquées.

Quelques jours après le cessez-le-feu, Nasrallah a admis que s’il avait connu les conséquences de l’enlèvement des soldats, le Hezbollah ne l’aurait pas exécuté.

Dans son dernier discours public, en septembre 2006, le chef du terrorisme s’est adressé à des centaines de milliers de partisans à Beyrouth, affirmant que le Hezbollah avait remporté une « victoire divine » en forçant le retrait des troupes de Tsahal du Liban. Il a affirmé qu’Israël était « plus faible qu’une toile d’araignée ».

Implication dans la guerre civile syrienne

Le Hezbollah n’est pas étranger aux interventions dans les conflits régionaux. Entre 2003 et 2011, pendant la guerre d’Irak, le groupe terroriste a armé et formé des milices chiites responsables d’attaques contre les forces américaines, selon un rapport du Congrès américain.

Lorsque le soulèvement du printemps arabe a atteint la Syrie, le Hezbollah a réagi en envoyant des milliers de combattants pour soutenir son allié, le dictateur syrien Bashar el-Assad. Ils ont combattu aux côtés des troupes syriennes entre 2012 et 2019.

Le groupe terroriste chiite libanais a été impliqué dans certains des épisodes les plus brutaux de la guerre civile syrienne, notamment le siège d’Alep de 2013 à 2016, où plus de 20 000 civils ont été tués. Le Hezbollah a également participé aux sièges d’Al-Qusayr, des montagnes du Qalamoun, de Deir Ezzor et de Daraa, entre autres.

Après l’élimination de Nasrallah la semaine dernière, des centaines de personnes ont célébré dans les rues d’Idlib, une enclave tenue par les rebelles dans le nord-ouest de la Syrie, où beaucoup ont souffert de la répression brutale du Hezbollah et d’Assad.

Davantage d’attaques contre des cibles israéliennes et juives à l’étranger

Sous la direction de Nasrallah, le Hezbollah s’est aussi transformé en une entreprise criminelle mondiale, finançant ses activités par la contrebande de drogue, la collecte de fonds dans les communautés islamiques et le blanchiment d’argent à travers les continents.

Parallèlement à son implication dans la guerre civile syrienne, le Hezbollah a poursuivi ses activités terroristes, préparant des attentats contre des Israéliens dans le monde entier, en collaboration avec l’Iran.

Parmi ces attaques, on peut citer les attentats déjoués contre des touristes israéliens en Thaïlande en 2012 et 2014, et contre des cibles diplomatiques israéliennes en Azerbaïdjan, en Inde et en Géorgie en 2012. Une de ces attaques a réussi en Bulgarie en 2012, lorsqu’un bus de touristes israéliens a été attaqué à la bombe, tuant six personnes.

Plus récemment, en novembre 2023, les autorités brésiliennes ont déjoué un complot du Hezbollah visant des sites israéliens et juifs dans le pays, notamment des synagogues.

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