Les civils et la police ont repoussé la première vague de terroristes à Nahal Oz, l’armée est arrivée 7 heures plus tard
L'enquête montre que les armes de la plupart des membres de l'équipe de sécurité étaient enfermées dans l'armurerie et rendues inaccessibles par une coupure de courant, et fait état de 3 cas de « tirs amis » lorsque les troupes sont enfin entrées dans le kibboutz

Le matin du 7 octobre 2023, plus de 180 terroristes ont déferlé en trois vagues sur le kibboutz Nahal Oz, une communauté frontalière de Gaza qui ne se doutait de rien, tuant et prenant en otage ses habitants.
L’équipe de sécurité locale et les officiers de police de la communauté ont réussi à riposter et à arrêter la première vague de terroristes avant d’être submergés.
L’armée — plongée dans le désarroi le plus complet par l’attaque simultanée contre des dizaines de villes et de postes militaires — n’est pas venue à la rescousse des habitants du kibboutz pendant environ sept heures, alors que les terroristes se déplaçaient de maison en maison, brutalisant, massacrant et prenant des civils en otage.
Mardi, l’armée israélienne a présenté son enquête sur la bataille du kibboutz, parmi les enquêtes détaillées menées sur les près de 40 batailles qui ont eu lieu lors de l’assaut du Hamas le 7 octobre, lorsque quelque 5 600 terroristes ont franchi la frontière, massacré plus de 1 200 personnes et emmené 251 otages à Gaza – dont 59 y sont encore.
L’enquête a mis en lumière l’héroïsme de l’équipe de sécurité locale de Nahal Oz et des autres forces israéliennes qui ont participé aux combats, ainsi que les échecs colossaux de l’armée qui ont permis à des masses de terroristes d’envahir le kibboutz.
L’enquête a conclu que Tsahal avait « failli à sa mission de protection » des habitants de Nahal Oz, principalement parce que l’armée ne s’était jamais préparée à un tel événement — la capture d’une communauté israélienne par des terroristes, ainsi qu’une attaque de grande ampleur menée simultanément par des milliers de terroristes contre de nombreuses villes et bases de l’armée.

Au total, 13 résidents — dont deux membres de l’équipe de sécurité locale et deux ressortissants étrangers — et quatre membres du personnel de sécurité ont été tués à Nahal Oz le 7 octobre, et huit autres civils ont été pris en otage par les terroristes du Hamas. De nombreuses maisons ont été endommagées ou détruites au cours des combats, de même que les exploitations agricoles du kibboutz.

Six des huit otages ont été relâchés dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu avec le Hamas, dont l’un, Tsahi Idan, a été assassiné en captivité. Deux autres sont toujours détenus par le groupe terroriste : Omri Miran et Joshua Mollel, de nationalité tanzanienne, ce dernier ayant été tué au cours de l’attaque.

L’enquête sur ce qui s’est passé à Nahal Oz, menée par le colonel (réserviste) Yaron Sitbon, couvre tous les aspects des combats dans le kibboutz qui ont commencé le 7 octobre.
Le colonel Sitbon et son équipe ont passé des centaines d’heures à enquêter sur l’assaut et la bataille de Nahal Oz. L’armée israélienne a déclaré avoir examiné toutes les sources d’information possibles — les images prises par les terroristes avec des caméras montées sur le corps, les messages WhatsApp des résidents, les vidéos de surveillance et des entretiens avec les survivants, les anciens otages et ceux qui se sont battus pour défendre le kibboutz et qui ont effectué des visites sur les lieux.
L’enquête sur Kfar Aza visait à tirer des conclusions opérationnelles spécifiques pour l’armée. Elle n’a pas examiné les problématiques plus larges de la perception de Gaza et du Hamas par l’armée au cours des dernières années, qui a fait l’objet d’enquêtes distinctes et plus vastes sur les services de renseignement et les défenses de Tsahal.
L’armée n’examine pas non plus les politiques définies par les dirigeants politiques. Elle évite ainsi tout conflit avec les dirigeants du gouvernement, qui ont insisté sur le fait que de telles enquêtes devaient attendre la fin de la guerre contre le Hamas.
L’enquête a déclaré que « Tsahal a échoué dans sa mission de défense du kibboutz Nahal Oz. Le sang-froid dont ont fait preuve les civils et la fermeté de l’équipe de sécurité locale et des forces de sécurité face à l’ennemi ont permis de faire pencher la balance et de rendre le contrôle [de la communauté] à nos forces ».

L’équipe de Sitbon a également déclaré que « le caractère unique de la bataille au kibboutz Nahal Oz s’exprime par le fait que, malgré sa proximité avec la frontière de Gaza, l’équipe de sécurité locale et les forces de sécurité ont réussi à bloquer la première vague de l’assaut ».
Il ajoute que « même dans un état de surprise totale, une force compétente et équipée, même si elle est limitée en nombre, qui réagit rapidement et efficacement est capable de gagner une bataille et d’empêcher de graves conséquences ».
Cependant, la plupart des membres de l’équipe de sécurité locale n’ont pas pu être appelés par le chef de l’équipe pour répondre à l’attaque, car leurs fusils d’assaut étaient enfermés dans l’armurerie, qui ne pouvait pas être ouverte en raison d’une coupure de courant. La seule personne qui pouvait ouvrir manuellement l’armurerie était le chef de l’équipe de sécurité, qui a été tué lors d’un combat au début de l’assaut.
L’enquête a également révélé qu’il y a eu au moins trois cas de « tirs amis » au cours de l’assaut.
Sur les 180 terroristes qui ont envahi Nahal Oz, près de 80 ont finalement été tués par les forces israéliennes dans le kibboutz et les zones adjacentes.
Chronologie de l’attaque
Avant l’assaut, le 13e bataillon de la brigade d’infanterie Golani était déployé dans la région de Nahal Oz, notamment à la base de Nahal Oz et dans plusieurs postes voisins. En outre, 11 membres de l’unité tactique secrète Yamas de la police aux frontières étaient stationnés dans le kibboutz, dans le cadre des préparatifs des violentes manifestations hebdomadaires qui ont eu lieu à la frontière de Gaza.
Le 7 octobre, à 5h30 du matin, les troupes israéliennes stationnées dans la zone située entre Beeri et Mefalsim – Nahal Oz se trouve entre les deux — ont pris leurs postes le long de la frontière de Gaza lors d’un changement d’équipe. L’assaut du Hamas a commencé une heure plus tard.
En plein barrage initial d’environ 1 000 roquettes — qui a commencé à 6h29 — visant principalement les postes militaires israéliens, les terroristes du Hamas ont ouvert des brèches dans 114 endroits le long de la barrière frontalière israélienne. Quatre de ces brèches se trouvaient dans la région de Nahal Oz, par laquelle des centaines de terroristes — à bord de camionnettes, de motos et à pied — ont pénétré en Israël.

À 6h43, les troupes Golani stationnées dans un poste ont informé le coordinateur de la sécurité de Nahal Oz que des terroristes du Hamas avaient envahi Israël et que certains se dirigeaient vers le kibboutz. Les troupes ont reçu l’ordre d’aller défendre le kibboutz.
Les soldats du Golani se sont rendus à Nahal Oz mais n’ont pas pu entrer dans le kibboutz car les tirs de roquettes du Hamas avaient coupé l’alimentation électrique de la porte d’entrée de la communauté.
La force s’est ensuite dirigée vers une colline située à la limite nord-ouest du kibboutz, où elle a rencontré un grand nombre de terroristes. Les troupes ont ouvert le feu sur les terroristes, touchant plusieurs d’entre eux.
À 7h05, les premiers terroristes du Hamas ont réussi à s’infiltrer dans Nahal Oz à partir d’une zone située au sud de l’entrée arrière de la communauté, atteignant l’étable.
Le chef de l’équipe de sécurité locale de Nahal Oz, Ilan Fiorentino, a identifié les terroristes à l’entrée arrière, se dirigeant vers le quartier des « nouveaux champs », et a envoyé leur position aux officiers du Yamas.
Cependant, il n’a pas appelé le reste de l’équipe de sécurité locale, car leurs fusils d’assaut étaient enfermés dans l’armurerie du kibboutz, et celle-ci ne pouvait pas être ouverte en raison de la panne de courant. Seul le chef adjoint de l’équipe de sécurité disposait d’un fusil d’assaut à son domicile.

Les officiers de Yamas se dirigent vers le chef de la sécurité, mais en chemin, ils rencontrent un groupe de terroristes qui se trouvent à l’extérieur de la clôture du kibboutz. Les officiers ont décidé de se séparer, six d’entre eux affrontant les terroristes et les cinq autres rejoignant Fiorentino.
À 7h15, les terroristes ont réussi à pénétrer dans le quartier, mais les agents de Yamas ont riposté, tuant plusieurs d’entre eux. Au cours des combats, Fiorentino et le commandant de l’équipe de Yamas, le sergent-chef Shlomo Yaakov Krasniansky, ont été tués, et les autres membres des forces de police ont été blessés.
Non loin de là, une habitante du kibboutz a été assassinée par les terroristes dans l’abri de sa maison.

Au cours des trois heures suivantes, les membres restants du Yamas et le chef adjoint de l’équipe de sécurité locale ont continué à combattre les terroristes dans différentes zones de Nahal Oz.
À ce stade de la bataille, l’équipe de sécurité locale et les officiers du Yamas avaient réussi à bloquer la grande majorité de la première vague de terroristes, selon l’enquête.
À 10h00 du matin, la deuxième vague de terroristes du Hamas a pénétré dans Nahal Oz et, au cours des heures suivantes, a perpétré la plupart des meurtres et des enlèvements qui ont eu lieu dans le kibboutz ce jour-là.

À 10h15, des terroristes du Hamas ont assassiné deux résidents âgés dans leur maison, un ressortissant étranger dans la zone de résidence des ouvriers, et ont assassiné et enlevé un autre ressortissant étranger, Mollel, près de l’étable.

À 10h37, les terroristes ont atteint le quartier « Keshet » et sont entrés par effraction dans la maison de la famille Zohar, avant de partir.
Les terroristes sont ensuite revenus à la maison et ont brutalement assassiné plusieurs membres de la famille — le père Yaniv, la mère Yasmin, et les filles Keshet et Tehelet — qui s’étaient réfugiés dans une pièce renforcée. Leur fils, Ariel, était réfugié dans une autre maison.

Entre 10h37 et environ 13h30, les terroristes sont passés dans d’autres maisons du quartier, massacrant et enlevant des civils, tout en diffusant en direct leurs actions sur les médias sociaux à l’aide de téléphones volés aux habitants. Les terroristes ont forcé Tomer Arava Eliaz, 17 ans, à faire le tour du quartier et à appeler les autres à sortir de chez eux. Les terroristes ont également rassemblé plusieurs civils dans une même maison pendant ces heures.

Au cours de cette folie, six habitants ont été assassinés et sept ont été enlevés par les terroristes pour être emmenés dans la bande de Gaza. Selon l’enquête, Tomer et sa mère Dikla Arava ont probablement été tués par erreur par les forces israéliennes au milieu du chaos.
À 12h05, un groupe de soldats du commando Maglan a rencontré un groupe d’une dizaine de terroristes sur la route menant à Nahal Oz. Au cours de la bataille, le major Chen Bochris, commandant adjoint de Maglan, et deux autres soldats ont été tués.

À 13h15, des forces supplémentaires de Maglan sont arrivées à l’extérieur de Nahal Oz, ainsi que des membres de l’unité de reconnaissance de la brigade Givati, et ont divisé la communauté pour mieux coordonner les combats.
À 13h45, les troupes ont commencé à fouiller le kibboutz, et ont rencontré plusieurs terroristes. Les troupes de Givati ont poursuivi plusieurs escadrons du Hamas qui s’étaient enfuis du kibboutz et les ont finalement tués.
Lors d’un incident survenu à 15h30, l’une des forces est entrée dans une zone ne relevant pas de sa juridiction, a identifié un homme armé dans une maison et a ouvert le feu. Il s’est avéré par la suite que la personne armée était un membre de l’équipe de sécurité locale de Nahal Oz.
À 17h30, le kibboutz était débarrassé des terroristes et le commandant de la 98e division, le général de division Dan Goldfus, qui était arrivé à Nahal Oz, a donné l’ordre aux troupes de commencer à évacuer les civils, ce qui a commencé une heure plus tard.
La plupart des civils sont emmenés dans une base militaire voisine. Le 8 octobre à 8h00 du matin, tous les civils avaient été évacués.
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