Deux parachutistes peuvent revendiquer la même place sur une photo emblématique
Le soldat le plus à gauche sur la photo de 1967 des Parachutistes au mur Occidental a été identifié comme étant à la fois Zion Karasenti et Abraham Borsteïn
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.

La longue saga juridique qui opposait deux anciens combattants de la Guerre des Six Jours au sujet de l’identité de l’un des parachutistes figurant sur la célèbre photo des soldats de l’armée israélienne libérant le mur Occidental en 1967 a finalement été résolue : les deux parties peuvent prétendre être sur la photo.
« Les deux parties sont d’accord pour mettre le différend derrière elles et transmettre au peuple d’Israël un message d’unité et de réconciliation, dans lequel le tribunal ne sera pas tenu de trancher la question de savoir [qui a été] photographié sur la photo, tandis que les deux parties continueront à croire en leur vérité respective », a écrit le vice-président du tribunal de Tel Aviv, Benny Sagi, qui est parvenu à un compromis sur la question dans sa décision du 8 février.
La célèbre photo prise par David Rubinger montrant trois soldats de la 55e Brigade de Parachutistes de Tsahal lors d’un moment de recueillement devant le mur Occidental est devenue une image emblématique de la victoire spectaculaire d’Israël sur ses ennemis arabes lors du conflit éclair de juin 1967.
La photo montre les parachutistes Haïm Oshri, Itzik Yifat et un troisième soldat à gauche, revendiqué depuis longtemps comme étant Zion Karasenti, après avoir pris le lieu saint juif aux Jordaniens lors de la Bataille de Jérusalem.
Mais un différend sur l’identité du parachutiste le plus à gauche sur la célèbre photo a éclaté il y a trois ans lorsque la famille d’Abraham Borsteïn, aujourd’hui décédé, qui a servi dans la 55e Brigade de Parachutistes et a combattu dans la bataille pour libérer la Vieille Ville de Jérusalem, a affirmé que leur père était le soldat en question, contredisant Karasenti qui a également servi dans la 55e Brigade pendant la bataille pour libérer la ville sainte et qui a affirmé pendant de nombreuses années qu’il était le troisième soldat sur la photo.
Ce qui a commencé comme une dispute en 2021 sur une page Wikipédia a ensuite dégénéré en un article dans Yedioth Ahronoth relatant les revendications de la famille de Borsteïn (Borsteïn lui-même est décédé en 1996). Il s’en est suivi des menaces juridiques à l’encontre de Karasenti, exigeant qu’il déclare publiquement qu’il n’était pas le soldat sur la photo, un procès en diffamation intenté par Karasenti à la famille Borsteïn, puis un contre-procès pour diffamation à l’encontre de Karasenti.

La famille de Borsteïn a engagé des enquêteurs médico-légaux pour prouver que leur père était le parachutiste en question, mais Karasenti a rejeté leurs conclusions, alors qu’une enquête de la Douzième chaîne a montré qu’il était très probable que Karasenti soit le troisième parachutiste.
Le juge Sagi a apporté un compromis digne à cette affaire quelque peu inconvenante.
« Les deux parties ont convenu qu’il n’était pas possible de déterminer qui se trouve sur la photo prise par David Rubinger le 7 juin 1967, alors qu’il est incontestable que les deux personnes concernées [étaient] de courageux guerriers qui ont participé à une série de batailles, y compris la bataille pour la libération de Jérusalem, et ont œuvré pour l’État d’Israël et la sécurité d’Israël pendant l’une des périodes les plus difficiles que le pays ait jamais connues, et ce de la manière la plus courageuse et la plus digne que l’on puisse imaginer », a écrit le juge Sagi dans sa décision.
Après avoir décrit le service militaire accompli par Karasenti et Borsteïn dans la bataille pour la libération de Jérusalem, le juge a écrit que les deux parties respecteraient désormais les revendications de l’autre, notant que les deux parties avaient même pris une photo ensemble dans les couloirs du tribunal de Tel Aviv en tant « qu’acte symbolique » démontrant que le différend était désormais derrière elles.
« Le tribunal remercie les parties pour leur comportement et salue M. Karasenti et feu M. Borsteïn pour leur contribution à la sécurité d’Israël », a conclu Sagi.
Les avocats de la famille Borsteïn, Me Oron Schwartz et Me Yogev Narkis, ont déclaré en réponse à la décision qu’ils « saluent la justice poétique qui laisse les deux options valides, existantes et possibles ».
« C’est parfois ainsi qu’il faut statuer sur des décisions historiques », ont-ils ajouté.