Les Églises protestent contre les nouvelles impositions fiscales d’Israël
Dans une lettre au Premier ministre, les responsables de différentes églises ont condamné l’émission de lettres d’avertissement concernant des impôts fonciers sur leurs biens commerciaux
Depuis l’époque ottomane, les Églises en Terre sainte bénéficient d’une exonération fiscale qui a traversé l’histoire depuis le mandat britannique. Or, les chefs des principales confessions chrétiennes ont récemment dénoncé ce qu’ils ont appelé une « attaque coordonnée » des autorités israéliennes contre la présence chrétienne, suite à l’émission de lettres d’avertissement concernant des impôts fonciers sur leurs biens commerciaux.
Dans une missive adressée au Premier ministre Benjamin Netanyahu, les responsables des Églises catholique, grecque orthodoxe et arménienne orthodoxe ont condamné cette initiative, affirmant qu’elle remettait en cause un statu quo historique. « Nous pensons que ces efforts représentent une attaque coordonnée contre la présence chrétienne en Terre sainte », ont-ils écrit, soulignant une intolérance croissante envers les chrétiens en Israël et en Cisjordanie.
Le statu quo, en place depuis l’époque ottomane, garantit aux Églises, grands propriétaires fonciers, une exemption totale des impôts fonciers sur tous leurs biens, qu’ils soient commerciaux ou religieux. Ce régime fiscal privilégié a été respecté sous les régimes britannique, jordanien et israélien, assurant ainsi une stabilité financière aux institutions religieuses et permettant le financement de services publics essentiels tels que les écoles, les hôpitaux et les maisons de retraite.
Récemment, les municipalités de Tel Aviv, Ramle, Nazareth et Jérusalem ont émis des lettres d’avertissement ou engagé des poursuites judiciaires pour dettes fiscales présumées. La municipalité de Jérusalem a précisé que les Églises n’avaient pas soumis les demandes d’exonération nécessaires ces dernières années, ajoutant qu’un dialogue était en cours pour recouvrer les dettes des propriétés commerciales détenues par les institutions religieuses.
Cette situation n’est pas sans précédent. En 2018, les chefs chrétiens avaient fermé l’église du Saint-Sépulcre en signe de protestation contre une décision similaire des autorités israéliennes, qui avait été rapidement suspendue par Netanyahu après un tollé dans l’opinion publique internationale.
Les ecclésiastiques affirment que la taxation des sites commerciaux, comme les auberges de pèlerinage et les centres d’information, porte atteinte à la pratique religieuse chrétienne en Terre sainte. Bien que ces impôts ne concernent pas les lieux de culte, les responsables religieux dénoncent une violation de l’équilibre historique et même une discrimination.
Les chrétiens constituent une infime minorité dans la région, représentant moins de 2 % de la population d’Israël et des Territoires palestiniens. Il y a 182 000 chrétiens en Israël, 50 000 en Cisjordanie et à Jérusalem et 1 300 à Gaza, selon le Département d’État américain. La grande majorité sont des Arabes israéliens et palestiniens.