Les étapes de l’opération Aube
Le cessez-le-feu a débuté dimanche soir ; l'accord négocié par l'Égypte inclurait la promesse d'essayer de libérer des membres du Jihad islamique détenus par Israël
Un cessez-le-feu fragile est entré en vigueur dimanche à 23 h 30, mettant fin à plus de trois jours de combats intenses entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Jihad islamique dans la bande de Gaza, suite à la conclusion d’un accord négocié par l’Égypte et confirmé par les deux parties.
Cependant, les tirs de roquettes depuis Gaza visant Sderot, Ashkelon, Beer Sheva et d’autres communautés locales se sont poursuivis jusqu’à quelques minutes avant la date butoir, et certains barrages ont même été tirés jusqu’à 20 minutes après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Sachant que des précédentes opérations israéliennes dans la bande de Gaza se sont elles aussi terminées par des cessez-le-feu qui ont donné lieu à des échanges de tirs après leur entrée en vigueur, il n’était pas clair dans l’immédiat si cela signifiait que le cessez-le-feu avait été rompu et que les combats allaient se poursuivre.
L’armée israélienne n’a pas pris de risques, annonçant que malgré le cessez-le-feu, les restrictions sur les rassemblements et les activités de plein air dans les zones menacées par les roquettes étaient maintenues et seraient réévaluées dans la matinée.

« La situation est encore très fragile, et j’exhorte toutes les parties à respecter le cessez-le-feu », a déclaré Tor Wennesland, envoyé de l’ONU pour la paix au Moyen-Orient, dans un communiqué.
Des informations antérieures non confirmées indiquaient qu’un cessez-le-feu avait été convenu pour 20 heures, mais cette échéance était passée sans qu’aucune annonce ni aucun arrêt des hostilités n’aient été opérés.
Le cessez-le-feu négocié au Caire comporterait une promesse égyptienne d’œuvrer à la libération de plusieurs membres très connus du Jihad islamique détenus par Israël.
Dans le cadre du cessez-le-feu, l’Égypte a accepté de tenter de faire libérer Khalil al-Awawda, un membre du Jihad islamique qui fait la grève de la faim pour protester contre sa détention par Israël sans aucune charge, a déclaré un haut diplomate du Moyen-Orient au Times of Israel. Le diplomate a déclaré que l’Égypte tenterait également de libérer le chef du Jihad islamique en Cisjordanie, Bassam al-Saadi, qui a été arrêté la semaine dernière et dont l’arrestation aurait déclenché ce dernier cycle de violence. Le diplomate a reconnu que la libération immédiate de Saadi serait plus difficile à obtenir.

Le diplomate a critiqué la politique israélienne de détention administrative, une pratique datant de l’Empire ottoman qui lui permet de détenir des suspects pratiquement indéfiniment sans inculpation.
Le Shin Bet a déclaré qu’au cours des derniers mois, Saadi « avait doublé ses efforts pour relancer les activités du Jihad islamique et était à l’origine de la création d’une force militaire importante pour l’organisation dans [le nord de la Cisjordanie] en général et à Jénine en particulier. »
« Sa présence a été un facteur important dans la radicalisation des agents de l’organisation sur le terrain », a déclaré le Shin Bet.

Peu après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, le Premier ministre Yair Lapid a conclu une réunion au siège du ministère de la Défense à Tel Aviv avec des hauts responsables de la défense et d’autres hauts fonctionnaires, a déclaré son bureau. Lapid a reçu une vue d’ensemble de l’opération des dernières 24 heures et des évaluations de la défense et de la situation civile pour les prochains jours.
Le bureau de Lapid a remercié « l’Égypte pour ses efforts » en acceptant le cessez-le-feu, mais a déclaré que « si le cessez-le-feu est violé », Israël « conserve le droit de répondre fermement. »
Plus tôt dimanche, Lapid a déclaré aux dirigeants municipaux des villes du sud qu’Israël avait atteint ses objectifs dans cette série de combats, ayant éliminé des figures clés du haut commandement du Jihad islamique palestinien.
Tsahal affirme qu’au cours des deux premiers jours de l’opération, elle a neutralisé tous les chefs militaires du Jihad islamique dans le nord et le sud de Gaza, ainsi que le chef adjoint du sud de Gaza et le commandant de la brigade de Rafah du groupe terroriste. Elle a également tué le chef du réseau de missiles antichars du groupe.

Selon la Douzième chaîne, lors d’une réunion du cabinet de sécurité samedi soir, le chef de l’agence de sécurité du Shin Bet, Ronen Bar, a conseillé aux ministres de commencer à boucler l’opération avant qu’un « accident ou une erreur » de l’armée ne vienne compliquer la situation. Le rapport, qui cite trois sources anonymes présentes dans la salle, indique que la plupart des ministres étaient d’accord avec cette évaluation.
L’opération à Gaza a été lancée après plusieurs jours de fermetures et de confinements dans les communautés israéliennes proches de la bande en raison de l’alerte d’une attaque imminente, le Jihad cherchant à se venger de l’arrestation de son chef en Cisjordanie, Saadi, le 1er août.
Les dirigeants israéliens et les responsables militaires ont déclaré que l’opération avait été lancée parce que le Jihad islamique palestinien avait refusé de renoncer à ses plans d’attaquer des cibles israéliennes près de la frontière.

Lundi matin, Tsahal a indiqué que le Jihad avait lancé environ 1 100 roquettes vers Israël depuis vendredi. Selon les dernières données, 200 d’entre elles sont tombées dans la bande de Gaza et environ 300 ont été interceptées par le système de défense aérienne Dôme de fer. La plupart des autres roquettes sont tombées dans des zones ouvertes, mais il y a eu quelques signalements d’impacts à proximité d’habitations ou de bâtiments industriels.
Un homme a été légèrement blessé dimanche soir par une roquette qui a touché la zone industrielle d’Ashkelon. Il a été transporté à l’hôpital Barzilai de la ville pour y être soigné. Les villes du sud ont été bombardées par des volées de roquettes tout au long de la journée de dimanche, et les autorités locales ont indiqué que des coupures de courant ont eu lieu dans certaines villes en raison d’une autre roquette qui a touché des lignes électriques dans la région.
Plusieurs de ces roquettes ont atteint Tel Aviv et les villes autour de Jérusalem. Le ministère de la Défense a déclaré que trois mortiers ont également frappé le passage d’Erez entre Israël et Gaza. Le toit du terminal a été endommagé à la suite d’un incendie, et des éclats d’obus sont tombés dans le hall d’entrée, a indiqué le ministère. Personne n’a été blessé, le passage desservant les Palestiniens qui se rendent en Israël étant fermé depuis plusieurs jours.
Trois Israéliens ont été blessés par des éclats d’obus, et d’autres ont dû s’abriter des salves de roquettes tirées depuis Gaza.

Depuis vendredi, Israël a procédé à de lourds bombardements aériens et d’artillerie sur les positions du Jihad islamique à Gaza. Le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, a déclaré qu’au moins 44 Palestiniens avaient été tués, dont 15 enfants, et que 360 personnes avaient été blessées depuis vendredi.
Israël a déclaré que la plupart des personnes tuées appartenaient au groupe terroriste du Jihad islamique. Tsahal a présenté des preuves vidéo indiquant que les sept personnes tuées à Jabaliya samedi soir, dont quatre enfants, avaient été tuées par une roquette du Jihad islamique qui a atterri dans la bande de Gaza, alors que les médias palestiniens affirmaient qu’il s’agissait d’une frappe israélienne.
Vers 20 heures dimanche, le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, a déclaré que cinq autres personnes, dont des enfants, avaient été tuées à Gaza. Des sources militaires ont déclaré à la presse israélienne que les décès pourraient avoir été causés par un autre tir raté de roquette du Jihad islamique palestinien, mais elles n’en ont pas eu la confirmation immédiate.
Emanuel Fabian a contribué à cet article.