Les États-Unis affirment que l’Iran « s’oriente » vers un accord nucléaire
Benjamin Netanyahu n'aurait été informé des négociations que quelques heures avant l'annonce du président américain, sans aucune garantie sur ce qui se passerait en cas d'échec

La Maison Blanche a déclaré mardi que Téhéran « s’orientait » vers un accord avec Washington sur la maîtrise du programme nucléaire iranien, réitérant l’avertissement du président américain Donald Trump selon lequel la République islamique aurait « beaucoup à payer » si elle ne parvenait pas à un accord.
« Le président a réimposé des sanctions paralysantes au régime iranien », a déclaré la porte-parole du Département d’État américain, Karoline Leavitt, lors d’un point de presse à Washington.
« S’ils ne choisissent pas d’aller de l’avant avec la diplomatie et un accord, ce qui est la direction dans laquelle nous les voyons se diriger, il y aura de graves conséquences. »
Cette déclaration a été faite le lendemain de l’annonce qui a été faite par Donald Trump, lors d’une conférence de presse aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Washington, de l’ouverture de négociations « directes » entre les États-Unis et l’Iran le samedi suivant.
Selon la chaîne N12, Netanyahu, qui pensait que sa visite surprise à Washington porterait sur les droits de douane, a été informé par la Maison Blanche des nouvelles négociations avec l’Iran deux heures seulement avant l’annonce de Trump. Netanyahu n’aurait reçu aucune assurance que les demandes d’Israël seraient satisfaites lors des négociations, ni sur ce qui se passerait si elles échouaient ou sur la manière dont les États-Unis réagiraient si l’Iran revenait sur un éventuel accord.
Netanyahu a déclaré mardi que Trump et lui-même « s’accordaient sur le fait que l’Iran ne disposera pas d’armes nucléaires » et qu’un éventuel accord sur le nucléaire ne fonctionnera que si les installations nucléaires iraniennes sont physiquement détruites et démantelées.

L’Iran a confirmé les pourparlers, mais les a qualifiés « d’indirects« . Les médias d’État iraniens ont annoncé mardi que les négociations se tiendraient à Oman, sous la médiation du ministre des Affaires étrangères omanais Badr al-Busaidi, et sous la direction de l’envoyé américain au Moyen-Orient Steve Witkoff, ainsi que du ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi.
Parallèlement, l’Iran devrait augmenter sa production de minerai d’uranium, qui passerait de 21 à 71 tonnes cette année, selon un rapport bisannuel qui a été publié mardi par les organismes internationaux de veille nucléaire, l’AIEA et l’AEN. Ce rapport, connu sous le nom de « Livre rouge », indique que la République islamique « affirme que les réserves d’uranium de l’Iran sont beaucoup plus importantes que ce qui avait été estimé précédemment ».
Le minerai d’uranium est enrichi pour alimenter les réacteurs nucléaires ou pour fabriquer des ogives nucléaires. Les analystes cités par Bloomberg ont déclaré que l’Iran avait produit « suffisamment d’uranium pour alimenter un arsenal d’armes nucléaires important », mais pas assez pour alimenter de manière indépendante le seul réacteur nucléaire du pays, qui nécessite l’équivalent de 160 tonnes de combustible d’uranium par an. Le réacteur, situé à Bushehr, est alimenté par la société russe qui l’a construit.
L’Iran, dont les dirigeants ont juré de détruire Israël, a déclaré qu’il s’opposait aux armes nucléaires, mais a depuis décembre augmenté d’environ la moitié son stock déjà important d’uranium enrichi à 60 %, et produit suffisamment d’uranium enrichi pour fabriquer une bombe par mois, selon un rapport de février de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Le taux d’enrichissement dépasse de loin ce qui est nécessaire pour un programme nucléaire civil et frôle le grade de qualité militaire.
Depuis son entrée en fonction en janvier, Trump a rétabli sa politique de « pression maximale », qui, lors de son premier mandat, avait conduit les États-Unis à se retirer de l’accord historique de 2015 sur le programme nucléaire iranien – connu sous l’acronyme JCPOA – et à réimposer des sanctions à Téhéran.
Le secrétaire américain à l’Énergie, Chris Wright, a déclaré mardi que l’Iran pouvait s’attendre à des sanctions plus sévères s’il ne parvenait pas à un accord avec Trump concernant son programme nucléaire.
« Je m’attends sans aucun doute à des sanctions très sévères contre l’Iran, qui devraient l’inciter à abandonner son programme nucléaire », avait-il déclaré lors d’une interview accordée à la CNBC.
Les médias américains avaient rapporté en février que les services de renseignement américains estimaient qu’Israël pourrait frapper l’Iran cette année, après avoir considérablement affaibli les mandataires terroristes de la République islamique à Gaza, au Liban et au Yémen, et après la chute en décembre du dictateur syrien Bashar el-Assad, soutenu par l’Iran. Trump a lui-même déclaré qu’il y aurait « des bombardements » si l’Iran ne signait pas un accord sur le nucléaire.

« On ne refuse pas une invitation »
Dans un message vidéo publié peu avant son départ de Washington pour Israël mardi, Netanyahu a déclaré que la fin du programme d’armement nucléaire de l’Iran pouvait être obtenu par la voie diplomatique, mais uniquement dans le cadre d’un accord similaire à celui du désarmement nucléaire de la Libye en 2003, au cours duquel les forces américaines avaient détruit ou retiré les composants du programme nucléaire du pays.
Dans la séquence, il affirme également que Trump et lui sont d’accord sur le fait que l’Iran ne doit pas disposer d’armes nucléaires. « Cela peut se faire par un accord, mais seulement si celui-ci est du type de celui conclu avec la Libye », explique-t-il.
« Nous irons sur place, nous ferons sauter les installations, nous démonterons tout le matériel, sous la supervision et l’exécution des Américains, et ce sera une bonne chose », estime-t-il.

« Il y a aussi la possibilité que cela ne se produise pas » et que l’Iran « fasse simplement traîner les négociations. Il existe également l’option militaire. Tout le monde la comprend », dit-il dans la vidéo, ajoutant qu’il en a longuement discuté avec Trump.
Selon la chaîne N12, la visite de Netanyahu à Washington a été initiée lorsque le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a dit à l’équipe du Premier ministre israélien qu’il devait s’y rendre le plus rapidement possible.
Selon les proches de Netanyahu, la raison principale de cette invitation inattendue aurait été l’annonce par la Maison Blanche d’une nouvelle taxe de 17 % sur les produits israéliens, qui s’inscrit dans une série de sanctions tarifaires.
Le Premier ministre, qui se trouvait à Budapest, avait décollé pour les États-Unis dimanche après avoir déclaré à l’aéroport qu’il serait le premier dirigeant mondial à rencontrer Trump en personne pour discuter de droits de douane.

Ce n’est que lorsque Netanyahu a rencontré Witkoff à la Maison Blanche, lundi, que l’envoyé américain au Moyen-Orient a révélé au Premier ministre que la véritable raison de cette invitation précipitée concernait l’Iran. Il l’avait alors informé de l’état des négociations avec Téhéran.
Lorsque Netanyahu et son équipe ont rencontré Trump et son administration à la Maison Blanche peu après, a rapporté la chaîne N12, le président américain a entamé la réunion par la question : « Qu’avez-vous à dire sur l’Iran ? »
La chaîne N12 a indiqué que Netanyahu avait déclaré que le seul accord acceptable avec l’Iran était celui qui suivrait le modèle libyen et qu’il avait évoqué la nécessité d’une action militaire si nécessaire.
Trump, pour sa part, aurait indiqué que les pourparlers dureraient 60 jours à partir de samedi et déclaré que Witkoff tiendrait Israël informé de leurs progrès.

Cependant, selon le reportage, Trump ne s’est pas engagé à répondre aux demandes israéliennes concernant un accord acceptable et n’a pris aucun engagement concernant les actions que les États-Unis mèneraient, même militaires, si les négociations échouaient ou si les Iraniens ne respectaient pas quelque accord que ce soit.
Benjamin Netanyahu is leaving the White House after a successful meeting with President Trump, as he bids him farewell.
A lot of respect between these two great leaders.
????????????????
— Vivid.???????? (@VividProwess) April 7, 2025
Un responsable israélien cité par la chaîne N12 a déclaré qu’il n’y avait « pas de grande différence » entre ce qui a été dit à huis clos et ce que Trump et Netanyahu ont déclaré publiquement dans le Bureau ovale à l’issue de leur rencontre. Le responsable a ajouté que la visite de Netanyahu à Washington « aurait pu se faire par téléphone, mais on ne refuse pas une invitation ».