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Entretien Netanyahu et Trump : nouvel accord pour libérer les otages ; discussions directes avec l’Iran

Netanyahu soutient l'approche américaine avec circonspection, mais souligne que l'Iran ne doit pas obtenir la bombe atomique, alors que le dirigeant américain annonce une réunion de haut niveau pour samedi

Le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, à Washington, le 7 avril 2025. (Crédit : Saul Loeb/AFP)
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, à Washington, le 7 avril 2025. (Crédit : Saul Loeb/AFP)

Le président américain Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions « directes » avec l’Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, lequel est reparti sans les concessions commerciales qu’il espérait obtenir, suite à la hausse des droits de douane imposée par le président américain.

« Nous avons des discussions directes avec l’Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion », a déclaré à la presse le président américain.

Dans le même temps, Trump a averti que « si les discussions ne rencontrent aucun succès… ce sera un jour terrible pour l’Iran ».

Il a assuré que la rencontre samedi, dont le lieu n’est pas connu, se tiendrait « à très haut niveau » et même « quasiment au plus haut niveau ».

Il s’agit d’une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, alors que l’Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.

Netanyahu, qui s’est rendu à l’improviste de Budapest à Washington à l’invitation de Trump pour une rencontre, a semblé soutenir l’initiative du président avec circonspection. Aux côtés du président, Netanyahu a déclaré que si la diplomatie pouvait éliminer totalement le programme nucléaire iranien, ce serait « une bonne chose », mais qu’il fallait l’arrêter d’une manière ou d’une autre.

(À gauche) Le président américain Donald Trump à la Conservative Political Action Conference (CPAC), au Gaylord National Resort Convention Center d’Oxon Hill, dans le Maryland, le 22 février 2025. (AP Photo/Jose Luis Magana) ; (À droite) Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, rencontrant des politiciens et des représentants du gouvernement, à Téhéran, le 3 avril 2024. (Crédit : KHAMENEI.IR/AFP)

Après l’annonce de Donald Trump, Téhéran a confirmé sa position. Des « discussions de haut niveau indirectes » auront lieu samedi à Oman, a fait savoir le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi. « Il s’agit autant d’une opportunité que d’un test. La balle est dans le camp de l’Amérique », a-t-il écrit sur X.

Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n’ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d’otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.

Mais ils échangent indirectement par le biais de l’ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d’Oman a plusieurs fois joué un rôle de médiateur, et le Qatar dans une moindre mesure.

« Grand danger »

« Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord », a dit lundi le président américain, qui avait retiré avec fracas les États-Unis d’un accord international avec l’Iran lors de son premier mandat, en 2018.

Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d’un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

Donald Trump a souligné lundi que si un nouvel accord était trouvé, il serait « différent et peut-être beaucoup plus robuste ». Mais il a ajouté que l’Iran serait « en grand danger « si les discussions n’aboutissaient pas ».

Le Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, arrive pour une prière de l’Eid al-Fitr qui marque la fin du mois sacré du Ramadan pour les musulmans à la Grande mosquée de l’Imam Khomeini à Téhéran, en Iran, le 31 mars 2025. (Bureau du Guide suprême iranien via AP)

En attendant, l’Iran doit mener mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.

Le journal iranien Nournews, affilié au principal organe de sécurité du pays, a décrit la déclaration de Trump concernant une rencontre directe prévue comme faisant partie d’une « opération psychologique visant à influencer l’opinion publique nationale et internationale ».

Citant trois responsables iraniens, le New York Times a quant à lui rapporté que Téhéran était ouvert à des pourparlers directs si la conversation se déroulait bien.

Depuis son entrée en fonction en janvier, Trump a rétabli sa politique de « pression maximale », qui, au cours de son premier mandat, a vu les États-Unis se retirer d’un accord historique de 2015 sur le programme nucléaire iranien et réimposer des sanctions à Téhéran.

L’Iran, qui a juré la destruction d’Israël, nie chercher à se doter de l’arme nucléaire, mais il a accéléré l’enrichissement de l’uranium jusqu’à une pureté de 60 %, qui n’a pas d’autre application que l’armement nucléaire, et a empêché les inspecteurs internationaux de contrôler ses installations nucléaires.

Benjamin Netanyahu, tenant d’une ligne dure face à Téhéran, a appelé à ce que l’Iran ne produise « jamais » d’arme nucléaire. Il a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement « complet », évoquant l’exemple de la Libye.

Une femme passe devant une bannière montrant des missiles en cours de lancement, dans le nord de Téhéran, en Iran, le 19 avril 2024. (Crédit : AP Photo/Vahid Salemi)

Trump a déclaré qu’il espérait parvenir à un accord parce que l’alternative le conduirait en « territoire dangereux ».

« Je pense que tout le monde est d’accord pour dire qu’un accord serait préférable à l’évidence. L’évidence n’est pas quelque chose dans lequel je veux être impliqué, ni dans lequel Israël veut être impliqué s’il peut l’éviter », a-t-il déclaré, faisant manifestement référence à une intervention militaire pour s’attaquer aux installations nucléaires de la République islamique. « Nous verrons donc si nous pouvons l’éviter… Cela devient un territoire très dangereux. »

Les États-Unis ont récemment envoyé des bombardiers furtifs et un porte-avions supplémentaire au Moyen-Orient et dans l’océan Indien, à distance de frappe du Yémen — où les avions de combat américains ont pris pour cible les Houthis soutenus par l’Iran — et de l’Iran lui-même.

Netanyahu, qui s’est exprimé quelques instants avant Trump, a indiqué qu’il soutenait prudemment cette initiative.

L’ex-Premier ministre Benjamin Netanyahu a tracé sa « ligne rouge » pour l’Iran sur une bombe dessinée, lors d’un discours à l’Assemblée générale des Nations Unies, le 27 septembre 2012. (Crédit : Avi Ohayon/GPO/Flash90)

« Nous sommes tous deux unis dans l’objectif que l’Iran n’obtienne pas d’armes nucléaires », a déclaré Netanyahu. « Si cela peut être fait diplomatiquement, de manière complète, comme cela a été fait en Libye, je pense que ce serait une bonne chose. »

« Mais quoi qu’il arrive, nous devons nous assurer que l’Iran ne possède pas d’armes nucléaires », a souligné Netanyahu.

« Un autre cessez-le-feu »

Concernant les droits de douane, autre enjeu de la visite de Netanyahu à Washington, le Premier ministre israélien a promis « d’éliminer le déficit commercial des États-Unis » vis-à-vis d’Israël.

Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l’annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un grand fracas sur les places financières mondiales.

Le président américain Donald Trump présente les nouveaux droits de douane réciproques lors d’un événement à la roseraie de la Maison Blanche intitulé « Make America Wealthy Again », à Washington, le 2 avril 2025. (Brendan Smialowski/AFP)

Un journaliste a demandé à Donald Trump s’il comptait revenir sur cette taxe, et il a répondu : « Peut-être pas. N’oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël ».

Israël avait tenté en vain d’échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1% de marchandises américaines encore concernées.

Benjamin Netanyahu a par ailleurs déclaré qu’Israël œuvrait à un nouvel « accord » sur la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

« Nous travaillons actuellement sur un autre accord qui, nous l’espérons, sera couronné de succès, et nous sommes déterminés à faire sortir tous les otages », a déclaré Netanyahu à la presse.

Netanyahu a ajouté que « les otages souffrent le martyre et nous voulons tous les faire sortir ».

« Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera », a renchéri Donald Trump.

Des manifestants se rassemblent avec des pancartes lors d’une manifestations anti-gouvernement appelant à des actions concrètes pour conclure un accord de libération des otages retenus par le Hamas à Gaza depuis le 7 octobre 2023, devant la résidence du Premier ministre à Jérusalem, le 5 avril 2025. (HAZEM BADER / AFP)

Selon le journal saoudien Asharq Al-Awsat, basé à Londres, l’Égypte a présenté une nouvelle proposition de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas à Gaza, bien qu’un responsable israélien ait déclaré que Jérusalem n’avait reçu aucune nouvelle offre du Caire.

Une source égyptienne bien informée a déclaré au média que la nouvelle proposition prévoyait la libération de huit otages vivants et des corps de huit otages tués en échange de la libération d’un grand nombre de terroristes palestiniens et de prisonniers de sécurité et d’une trêve d’une durée de 40 à 70 jours. Cette proposition semble constituer un compromis entre l’offre du Hamas de libérer cinq otages vivants en échange d’une trêve de 50 jours et la demande israélienne de libérer 11 otages vivants.

Les otages ont été enlevés le 7 octobre 2023, lorsque le Hamas a conduit des milliers de terroristes dans une invasion du sud d’Israël, tuant quelque 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et en enlevant 251 personnes pour les emmener dans la bande de Gaza.

Des personnes en deuil réunies autour des corps de huit secouristes du Croissant-Rouge, retrouvés à Rafah, dans la bande de Gaza, le 31 mars 2025. (Crédit : Abdel Kareem Hana/AP)

Dans le Bureau ovale, Trump a prédit que la guerre à Gaza cessera dans un avenir relativement proche.

« J’aimerais que la guerre s’arrête, et je pense qu’elle s’arrêtera à un moment donné, dans un avenir plus ou moins proche. Pour l’instant, nous avons un problème d’otages. Nous essayons de les libérer…. C’est un long processus. Il ne devrait pas être aussi long ».

Netanyahu travaille très dur pour libérer les otages, a déclaré Trump, ajoutant qu’il espérait que les Israéliens apprécient ses efforts.

« Le peuple israélien veut que les otages soient libérés », a déclaré Trump. « Plus que tout, ils veulent que les otages soient libérés. Cet homme travaille très dur avec nous pour y parvenir. Je ne sais pas, j’espère qu’il est apprécié parce qu’il a été un grand dirigeant. Il travaille très, très dur sur les otages et sur beaucoup d’autres choses… C’est une région complexe du monde. »

Des soldats de Tsahal opèrent à Jabalia, dans le nord de Gaza, sur une photo publiée le 5 novembre 2024. (Armée israélienne)

Netanyahu a salué le plan de Trump, annoncé lors de sa dernière visite à la Maison Blanche en février, visant à évacuer les habitants de Gaza pendant la reconstruction de l’enclave. Netanyahu a déclaré que les habitants de Gaza étaient « enfermés » dans la bande de Gaza et qu’ils n’étaient pas autorisés à la quitter, bien qu’il s’agisse d’une zone de guerre. « Nous ne les avons pas enfermés. »

Il a ajouté que des discussions positives étaient en cours avec d’autres pays désireux d’accueillir des habitants de Gaza, mais il a refusé de les nommer.

Trump a affirmé que sa vision de Gaza avait été bien accueillie, bien qu’elle ait été rejetée publiquement par la plupart des pays du monde.

« Avoir une force de paix comme les États-Unis qui contrôle et possède la bande de Gaza serait une bonne chose », a déclaré Trump, semblant annuler la tentative de ses collaborateurs de minimiser son affirmation du mois dernier selon laquelle des troupes américaines seraient déployées dans la bande de Gaza.

Trump a précisé « qu’il y a aussi d’autres concepts » en plus de son plan de prise de contrôle de la bande de Gaza.

« Gaza n’aurait jamais dû être cédée par Israël, je ne sais pas pourquoi ils l’ont fait », a déclaré Trump, faisant référence au désengagement d’Israël de la bande de Gaza en 2005.

« Je le sais, parce qu’on leur avait promis la paix, mais cela n’a pas fonctionné », a ajouté Trump. « Gaza est un dangereux piège mortel. »

Des cercueils contenant vraisemblablement les corps des otages israéliens tués, Shiri Bibas, ses deux enfants Ariel et Kfir, et Oded Lifshitz, exposés sur une scène avec un message de propagande avant d’être remis à la Croix-Rouge par des terroristes du Hamas et du Jihad islamique palestinien, à Khan Younès, dans la bande de Gaza, le 20 février 2025. (Crédit : Abdel Kareem Hana/AP)

Un cessez-le-feu d’une semaine en novembre 2023 a permis la libération de plus de 100 otages, principalement des femmes et des enfants.

En janvier 2025, un nouveau cessez-le-feu a été instauré et, au cours des semaines suivantes, des dizaines d’otages, vivants ou morts, ont été restitués par petits lots en échange d’une augmentation de l’aide humanitaire à Gaza et de plus d’un millier de prisonniers de la sécurité palestinienne détenus dans les prisons israéliennes.

Les deux parties ont convenu de discuter d’une deuxième et d’une troisième phase qui comprendraient le retour de tous les otages, la fin de la guerre et le retrait complet d’Israël de la bande de Gaza.

Toutefois, la trêve s’est effondrée après la première phase, Israël ayant refusé d’entamer des négociations sur les conditions des phases suivantes, et le Hamas ayant refusé de prolonger la première, ce qui a conduit Jérusalem à reprendre ses opérations militaires dans la bande de Gaza.

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