L’Iran exclut des discussions avec les Etats-Unis sous « pression maximale »
L'Iran poursuivra les discussions avec d'autres négociateurs, mais ne s'engagera pas avec les États-Unis dans le cadre de l'approche de Donald Trump visant à renforcer les sanctions, a déclaré Abbas Araghchi

Le chef de la diplomatie iranienne a affirmé vendredi à l’AFP que son pays ne reprendrait pas les négociations avec les Etats-Unis sur son programme nucléaire dans le contexte de « pression maximale » mise sur Téhéran par le président américain Donald Trump.
L’Iran poursuivra les discussions avec d’autres négociateurs, mais ne s’engagera pas avec les États-Unis dans le cadre de l’approche de Donald Trump visant à renforcer les sanctions, a déclaré Abbas Araghchi dans un entretien à l’AFP au consulat iranien à Djeddah, en Arabie saoudite.
Donald Trump a déclaré vendredi avoir écrit à l’Iran pour proposer des négociations visant à prévenir le développement par Téhéran d’armes nucléaires, brandissant sinon la menace d’une intervention militaire.
L’Iran est-il prêt à reprendre les négociations avec les États-Unis sur son programme nucléaire ?
« Nous n’entamerons aucune négociation directe avec les Etats-Unis tant qu’ils continueront leur politique de pression maximale et leurs menaces, mais cela ne signifie pas que nous ne négocierons pas avec d’autres parties à propos de notre programme nucléaire. »
« Nous discutons avec les trois pays européens (France, Allemagne et Grande-Bretagne, NDLR), nous négocions avec la Russie et la Chine, d’autres membres du JCPOA (l’accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 avec les grandes puissances NDLR), et ces discussions peuvent se poursuivre et je pense que nous pouvons également parvenir à un résultat par cette voie. »
« Tant que le gouvernement américain maintiendra la pression, nous continuerons également notre résistance. »
« Si l’Amérique souhaite revenir à un nouvel accord nucléaire avec l’Iran, elle doit naturellement respecter les conditions d’une négociation juste et équitable, et nous avons prouvé que nous ne répondrons pas au langage de la pression et de la menace, mais au langage du respect et de la dignité, comme nous l’avons fait par le passé. »
« En ce qui concerne notre programme nucléaire, je le répète, nous sommes actuellement en négociation avec les trois pays européens. Nous sommes en étroite consultation avec la Russie et la Chine, et nous poursuivons nos discussions avec d’autres pays intéressés. Il est naturel que nos points de vue soient transmis par ces pays au gouvernement américain. »
Comment répondez-vous à la menace d’Israël d’attaquer le programme nucléaire iranien ?
« Tout d’abord, le programme nucléaire iranien ne peut pas être détruit par des opérations militaires, et ce pour plusieurs raisons. La première raison est qu’il s’agit d’une technologie que nous avons mise au point, et cette technologie est dans les cerveaux et ne peut pas être bombardée. Deuxièmement, les installations nucléaires iraniennes sont dispersées dans de nombreuses régions du pays et sont bien protégées, et nous sommes sûrs qu’elles ne peuvent pas être détruites. Troisièmement, nous avons la capacité de réagir très fortement et de manière totalement proportionnée et équilibrée. »
« Les Israéliens eux-mêmes savent, et d’autres dans la région le savent, que toute action menée contre l’Iran sera suivie d’une action similaire contre Israël. Par conséquent, je pense que la menace de guerre contre l’Iran est une menace dont on ne fait que parler. Mettre cette menace à exécution serait extrêmement dangereux et provoquerait un embrasement généralisé »
« Je pense que si les Israéliens ou d’autres étaient sûrs d’atteindre leurs objectifs par une attaque militaire, ils l’auraient déjà fait, mais une telle possibilité n’est pas envisageable. »
« Je pense que si une attaque contre l’Iran devait avoir lieu, elle entraînerait un embrasement généralisé dans la région. Ce n’est pas nous qui en déciderions ainsi. Israël souhaite impliquer les autres pays de la région dans une guerre. Israël souhaite entraîner les Etats-Unis dans une guerre (…) et les États-Unis sont extrêmement vulnérables s’ils entrent en guerre dans la région. Ils le savent eux-mêmes. »
« Je pense qu’Israël, les États-Unis et d’autres pays sont pleinement conscients de nos capacités et que, par conséquent, si la raison l’emporte, même menacer l’Iran ne devrait pas être autorisé, et encore moins une attaque militaire réelle. »
La Turquie a accusé l’Iran d’utiliser des milices pour déstabiliser d’autres pays. Que répondez-vous ?
« Je ne pense pas que quiconque doute que les événements en Syrie aient été directement influencés par la Turquie et quelques autres pays, et donc que les problèmes qui ont surgi maintenant, tels que l’occupation généralisée du territoire syrien par Israël, la destruction par Israël de toutes les infrastructures scientifiques et de défense de la Syrie, et tous ces conflits qui existent, naturellement, la responsabilité incombe à ceux qui ont mené ces changements et (qui sont derrière) ces événements. Cependant, cela ne signifie pas que nous sommes en conflit avec la Turquie. Non. Nous poursuivrons nos relations amicales et continuerons nos consultations sur les questions régionales. »
L’Iran établira-t-il des liens avec le nouveau gouvernement syrien ?
« Il existe de nombreux groupes illégaux en Syrie, dont certains figurent toujours sur la liste des groupes terroristes de l’ONU. La politique de la République islamique d’Iran est très claire. Nous voulons la stabilité et la paix en Syrie. Nous voulons préserver l’intégrité territoriale de la Syrie (…) et nous opposer à la division de la Syrie. Nous voulons la fin de l’occupation étrangère en Syrie. Nous voulons le progrès et le développement du peuple syrien. Enfin, nous voulons la formation d’un gouvernement inclusif en Syrie. Toute confrontation militaire avec le peuple, tout incident entraînant la mort de personnes et tout conflit militaire déstabilisant la Syrie sont condamnés à nos yeux et doivent être évités. La République islamique d’Iran n’est actuellement qu’un observateur des questions syriennes. Nous n’avons aucune relation avec le gouvernement syrien actuel et nous ne sommes pas pressés à ce sujet. Cependant, nous espérons que les développements en Syrie iront dans le sens d’un gouvernement populaire inclusif, et nous espérons que tous les groupes illégaux dont l’action a conduit à l’instabilité en Syrie reviendront à l’Etat de droit. »