Des centaines de représentants de familles palestiniennes pauvres ont commencé à faire la queue devant les bureaux de poste de la bande de Gaza, tôt ce samedi matin, en attendant de recevoir 100 dollars chacun pour atténuer leurs difficultés, offerts par le Qatar. Environ 44 000 familles ont reçu leur aide samedi et 50 000 autres le feront dimanche.
Les 9,4 millions de dollars de dons sont venus remplacer les 15 millions de dollars en espèces que le Qatar était censé transférer à la bande de Gaza – et qui ont été transférés il y a deux mois, avec l’approbation d’Israël – afin de payer les salaires du Hamas. La décision de distribuer directement l’argent aux nécessiteux a été prise après qu’Israël a bloqué l’argent de janvier pendant plusieurs jours à la suite d’une flambée de violences, puis le Hamas a refusé d’accepter cet argent.
C’est ainsi qu’a pris fin – au moins temporairement – la situation absurde qui s’est déroulée à Gaza au cours des derniers mois : Israël autorise le transfert de fonds destinés au Hamas et à ses employés, en échange d’un calme qui n’est jamais revenu. Un cas d’argent contre calme sans le calme.
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Plusieurs acteurs bénéficieront de la décision de verser les fonds aux pauvres : le Hamas, qui marquera des points indispensables auprès du public palestinien ; le gouvernement israélien, dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, dont les critiques ont maintenant moins de raisons de prétendre qu’il se soumet à la menace du Hamas alors qu’il se prépare aux élections ; et, dans une certaine mesure, les résidents de la bande de Gaza.
Les employés des postes aident les Palestiniens qui sont arrivés au bureau de poste central de la ville de Gaza le 26 janvier 2019 à recevoir une aide financière du gouvernement qatari pour les familles pauvres. (Mahmud Hams/AFP)
Il semble certainement beaucoup plus juste que l’aide du Qatar aille à ceux qui en ont vraiment besoin, plutôt qu’à ceux qui sont payés par le Hamas. Les 100 dollars que chaque famille reçoit ne changeront pas radicalement leur situation financière, ni d’ailleurs la situation à Gaza, et pourtant, lorsqu’il s’agit de familles démunies, même 100 dollars permet de respirer un peu.
Mais si toutes les parties semblent bénéficier de cette mesure, la vérité est que le risque d’escalade de la violence dans la bande de Gaza ne cesse d’augmenter, et on ne sait pas trop ce qui pourrait modifier cette tendance.
Distribuer l’argent
Les distributions actuelles dans la bande de Gaza sont effectuées sur la base d’une liste préalablement établie, qui a déjà été approuvée par les services de sécurité israéliens. Selon des sources palestiniennes, environ 6 000 familles ont été retirées de cette liste après avoir été écartées par Israël.
Des représentants du Qatar étaient présents à chaque bureau de poste samedi, surveillant de près le processus pour s’assurer que seules les familles pré-approuvées recevaient les fonds.
Depuis qu’il a conclu un accord de cessez-le-feu avec Israël, le Hamas a vu son statut décliner dans les rues de Gaza ces derniers mois et a fait l’objet de vives critiques sur les réseaux sociaux. Lorsque les liquidités du Qatar ont été versées au Hamas ces derniers mois, l’organisation terroriste a été perçue comme ayant vendu ses principes pour une poignée de dollars.
Un manifestant palestinien jette une cartouche de gaz lacrymogène vers les forces israéliennes lors d’affrontements le long de la frontière avec Israël à l’est de la ville de Gaza le 25 janvier 2019. (Photo par MAHMUD HAMS / AFP)
Les dirigeants du Hamas ont vu avec inquiétude leur position diminuer à Gaza, en Cisjordanie et à l’étranger. Seuls ceux qui avaient des liens avec l’organisation terroriste ont reçu les paiements en provenance du Qatar, tandis que les autres ont continué à souffrir.
Le Hamas n’a pas pu augmenter la pression sur Israël par la violence à la lumière de l’accord, mais il a en fait obtenu très peu de Jérusalem : L’électricité est restée rare ; les zones de pêche autorisées sont restées limitées ; le blocus de sécurité est resté en vigueur. Ajoutez à cela la fermeture partielle par l’Égypte du point de passage frontalier de Rafah, dans un contexte de luttes intestines entre le Hamas et l’Autorité palestinienne, qui ont encore davantage opprimé la population assiégée.
D’où le changement de cap du Hamas, qui a permis au Qatar de rediriger l’argent vers les nécessiteux de Gaza. La stratégie plus large du Hamas reste cependant inchangée, de même que sa volonté de recourir à la violence contre Israël lorsqu’il le juge susceptible d’être efficace.
Avant la distribution des subventions de samedi – déjà considérée positivement par les Gazaouis – les hauts dirigeants de l’organisation, dont le chef Ismail Haniyeh, ont été très présents aux manifestations frontalières de vendredi, pour tenter de réaffirmer son lien avec le peuple de Gaza.
Trois mois seulement après la dernière flambée de violence majeure, des sources du Hamas disent clairement que l’organisation terroriste travaille à une nouvelle escalade de la violence contre Israël. Pas nécessairement une guerre totale, mais certainement une escalade délibérée dont le Hamas espère qu’elle apportera le changement. Il a essayé toutes sortes de tactiques – émeutes violentes aux frontières, tunnels, cerfs-volants et ballons incendiaires, entre autres – dans sa tentative de tirer des gains d’Israël. Comment cela se terminera la prochaine fois, c’est ce que tout le monde se demande.
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