Les groupes de touristes bloqués en Israël se terrent sous les tirs de missiles
Avec le ciel fermé depuis le début du conflit avec l'Iran, les participants à Birthright et autres séjours sont aux prises avec des familles inquiètes et des délais incertains

Chaya-Leah Sufrin est venue en Israël pour servir d’accompagnatrice à un groupe d’une quarantaine de personnes qui participaient à un voyage organisé par Birthright et qui devait initialement se terminer samedi dans la soirée, après Shabbat. Aujourd’hui, Sufrin et ses protégés sont dans l’impossibilité de quitter le pays après l’attaque-surprise qui a été lancée par Israël contre le programme nucléaire iranien, aux premières heures de la matinée de vendredi.
« Jeudi soir, nous sommes sortis au marché Mahane Yehuda à Jérusalem pour passer une soirée agréable, puis nous avons été réveillés quelques heures plus tard par la nouvelle », raconte Sufrin, qui est la directrice exécutive du Centre Hillel à Long Beach, en Californie. « Nombreux sont ceux qui paniquent à l’idée de ne pas pouvoir rentrer ».
Ce sont environ 2 800 jeunes adultes qui sont actuellement bloqués dans le pays après avoir terminé leur voyage de dix jours avec Birthright, selon les estimations de l’organisation qui propose des visites éducatives gratuites au sein de l’État juif.
Tous les groupes qui se trouvent actuellement sur le sol israélien sont en sécurité et ils sont logés à proximité de zones sécurisées, a fait savoir Birthright Israel dans un communiqué. Les prochains séjours en Israël – les participants devaient s’envoler pour le pays en date du 26 juin – ont été reportés, a ajouté le groupe.
Birthright est loin d’être le seul dans ce cas de figure. Le mois de juin correspond à la haute saison touristique au sein de l’État juif et les organisateurs de nombreux groupes se sont retrouvés dans l’obligation de modifier leurs plans après qu’il est clairement apparu dans la nuit de jeudi à vendredi, aux environs de trois heures du matin, que l’armée de l’air avait lancé une attaque préventive massive contre les capacités nucléaires de l’Iran.
Les Israéliens et les touristes venus de l’étranger ont alors cherché à se mettre à l’abri des tirs de missiles aveugles de l’Iran qui ont touché les centres urbains, avec des problèmes sécuritaires qui ont bouleversé les horaires des avions et qui ont contraint les compagnies aériennes à annuler leurs vols, coupant ainsi le pays du reste du monde.
Les attaques aux missiles balistiques se poursuivent sans relâche et les autorités ont fait état jusqu’à présent de 24 morts et de centaines de blessés.
Après la fermeture de l’espace aérien du pays jusqu’à nouvel ordre en raison des bombardements iraniens, le ministère du Tourisme a estimé qu’environ 40 000 touristes sont actuellement bloqués en Israël.
Eliana Mandell, directrice exécutive de la Fondation Koby Mandell, déclare que des centaines d’anglophones qui se trouvaient en Israël sont allés voir avec grand plaisir, jeudi soir, le premier spectacle de la tournée annuelle Comedy for Koby. Les spectacles permettent de récolter des fonds pour soutenir les familles des victimes du terrorisme.
Aujourd’hui, dit Mandell, le reste de la tournée des comédiens a été annulé et les artistes – avec parmi eux l’organisateur de l’événement, Avi Liberman, qui vit à Los Angeles – sont bloqués à Jérusalem, attendant de pouvoir enfin rentrer chez eux.
« Se retrouver bloqué dans un pays que vous ne connaissez pas alors qu’il est attaqué, c’est véritablement effrayant », s’exclame Mandell.

Sufrin fait remarquer que de nombreux participants au programme Birthright Israel ont un emploi ou qu’ils ont des cours à suivre et que leurs parents sont paniqués, ce qui ne fait que renforcer l’incertitude.
« Ils gardent le moral en chantant beaucoup mais il y a de nombreuses rumeurs qui circulent », ajoute-t-elle.
Pour l’instant, le groupe placé sous la responsabilité de Sufrin reste à l’hôtel, avec plusieurs centaines d’autres participants au programme Birthright qui appartiennent à cinq autres groupes distincts. Ceux qui se trouvaient à Tel Aviv ont été transférés vers des lieux plus isolés. Birthright prendra en charge les frais du séjour prolongé de tous les participants aussi longtemps que nécessaire, a annoncé l’organisation.

Certains participants ont signé des décharges afin de pouvoir quitter l’hôtel, préférant aller séjourner chez des membres de leur famille, indique Sufrin. Il est interdit aux autres de quitter l’hôtel.
Max Zimmerman, qui est originaire de Long Island, dans l’État de New York et qui participe au programme Birthright, note que l’ambiance, parmi ses camarades, est « plus marquée par l’anxiété que par la peur ».
« Nous nous sentons en sécurité, nous savons que nous sommes dans un bon hôtel mais nous voulons vraiment rentrer chez nous », dit-il. « Hier soir, l’un de nos conseillers, dans le cadre du séjour, nous a dit : ‘Ne laissez pas ça gâcher vos souvenirs. Considérez ce qui se passe comme un chapitre différent de votre voyage’. »
Des groupes diversifiés
Parmi les autre groupes actuellement bloqués en Israël, la LGBTQ+ Pride Mission to Israel, placée sous la tutelle des Fédérations juives d’Amérique du Nord, qui était venue prendre part à la semaine des fiertés de Tel Aviv, la semaine dernière. Le grand défilé qui était programmé vendredi dernier dans le cadre de l’événement devait attirer des centaines de milliers de personnes avant d’être annulé dans le sillage de l’annonce de l’attaque israélienne.

Les 100 personnes environ que comptait la mission « ont désormais une bien meilleure compréhension de ce que les Israéliens doivent affronter au quotidien », fait remarquer Nate Looney, l’un des organisateurs du voyage, qui est le directeur de la sécurité et de l’appartenance communautaire au sein des Fédérations juives d’Amérique du Nord.
Les participants ont bénéficié d’un soutien considérable depuis vendredi matin, indique Looney. Aguda, l’organisation qui chapeaute la communauté LGBTQ en Israël, s’efforce de trouver des hébergements pour tout le monde et l’Israel Trauma Coalition a fait venir plusieurs thérapeutes pour offrir ses services, ajoute-t-il. Les JFNA aideront à couvrir les frais de petit-déjeuner et de dîner des participants pendant toute la durée de leur séjour, précise Looney.

Par ailleurs, Rick Perkins, un homme politique canadien, est arrivé en Israël le 11 juin – quelques jours avant le début, qui était initialement prévu samedi dernier, d’une mission qui a été menée conjointement avec le Centre pour les affaires israéliennes et juives, qui représente les fédérations juives à travers tout le Canada. Cette mission n’a jamais vu le jour, la majorité des autres participants n’ayant pas pu se rendre en Israël.
« Venant d’une société agréable et paisible, je ne suis pas habitué à me ruer hors de mon lit pour me réfugier dans un abri antiaérien », dit Perkins, qui effectuait son tout premier voyage en Israël à l’occasion de ce déplacement.
« Ce qui m’a surpris, c’est le calme et le sentiment de sécurité qui semblent régner parmi les Israéliens. J’ai entendu une famille à l’hôtel dire que malgré les difficultés, ils préféraient être ici plutôt que n’importe où ailleurs dans le monde. Ma famille restée au Canada est bien plus inquiète que nous, ici. En fait, nous nous sentons très en sécurité ici. C’est quelque chose de très étrange », s’étonne Perkins.
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