Des élus font pression sur Washington pour faire libérer la chercheuse russo-israélienne enlevée en Irak
Des représentants démocrates demandent à Biden d'accélérer les négociations pour la libération d'Elizabeth Tsurkov avant la venue du Premier ministre irakien à Washington
Plusieurs législateurs démocrates ont signé, lundi, une lettre priant l’administration Biden de faire son possible pour faire libérer la chercheuse russo-israélienne Elizabeth Tsurkov, enlevée l’an dernier à Bagdad et retenue depuis.
Les 16 signataires, élus de la Chambre des Représentants emmenés par Jamie Raskin, du Maryland, ont adressé leur lettre au président américain Joe Biden ainsi qu’au secrétaire d’État Antony Blinken avant la venue du Premier ministre irakien Mohammed Shia al-Sudani.
Rappelant que plus d’un an s’était écoulé depuis l’enlèvement, la lettre demande à Biden et au Département d’État de « continuer de négocier en vue de sa libération avec toutes les parties concernées dans le cadre du partenariat de longue date des États-Unis avec le gouvernement irakien en matière de sécurité ».
Doctorante à Princeton, Tsurkov a disparu à la fin du mois de mars l’an dernier, alors qu’elle effectuait des recherches pour sa thèse de doctorat sur les mouvements chiites en Irak. Elle a probablement utilisé son passeport russe pour entrer en Irak, car Israël et l’Irak n’entretiennent pas de relations diplomatiques.
Après une discrète enquête sur sa disparition, les autorités israéliennes ont révélé en juillet que Tsurkov avait été kidnappée, sans doute par la milice armée Kataeb Hezbollah, soutenue par l’Iran.
Le cabinet du Premier ministre avait annoncé par voie de communiqué suite à cette enquête : « Je considère l’Irak comme responsable de ce qui lui est arrivé et aussi de sa sécurité », ajoutant que Tsurkov s’était rendue à Bagdad de son propre chef. En vertu de la loi israélienne, il est illégal pour les citoyens israéliens d’entrer dans les pays ennemis, même munis d’un passeport étranger.
Le gouvernement irakien a ouvert une enquête peu de temps après que les responsables israéliens ont rendu public l’enlèvement de Tsurkov, sans avancée notable à ce jour.
En novembre, une chaîne de télévision satellitaire irakienne a diffusé des images de Tsurkov, apparemment sous contrainte, dans lesquelles elle demandait en hébreu sa libération et « admettait » être une espionne occidentale.
« Les services de sécurité continuent de suivre la disparition de la citoyenne russe à Bagdad et font tout leur possible pour trouver des pistes menant à la personne kidnappée », a déclaré Husham al-Rikabi, conseiller en communication du Premier ministre irakien, en novembre.
Responsables israéliens et américains ont nié que Tsurkov ait travaillé comme espionne pour l’un ou l’autre gouvernement. La lettre des législateurs qualifie ces insinuations d’« absolument infondées ».
« Ce n’est pas une agent de la CIA, mais une journaliste et doctorante en sciences politiques à Princeton qui s’est rendue en Irak pour mener un travail de terrain dans le cadre de son étude des stratégies visant à réduire les conflits sectaires au Moyen-Orient », peut-on lire dans la lettre. « Malgré l’instabilité dans la région, elle s’est courageusement fiée à ses convictions, à savoir qu’il existe des voies concrètes vers la paix et la sécurité dans la région. »
Selon un reportage de la Douzième chaîne s’appuyant sur des sources de renseignement arabes, c’est Tsurkov qui aurait pris contact avec ceux qui allaient devenir ses ravisseurs. Elle aurait en effet souhaité les interroger dans le cadre de ses recherches.
Elle aurait contacté un homme chiite du nom d’Ahmad Alawani, auquel elle aurait demandé de rencontrer son cousin Muhammad Alawani, haut responsable du Kataeb Hezbollah. Les deux hommes auraient découvert que Tsurkov était Israélienne lors de leur deuxième rencontre et auraient alors décidé de la kidnapper.
Selon des sources de renseignement irakien citées par l’AFP, Tsurkov aurait été enlevée à la sortie d’un café du quartier chic de Karrada, à Bagdad.