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Les ministres acceptent des coupes budgétaires pour créer la garde nationale de Ben Gvir

Le chef de la police et la Procureure Générale disent leur opposition à la création d'une nouvelle force de l'ordre

Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, au centre, avec des représentants de la police avant une manifestation contre la réforme du système judiciaire prévue par le gouvernement, devant la Knesset, le 20 février 2023. (Crédit : Arie Leib Abrams/Flash90)
Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, au centre, avec des représentants de la police avant une manifestation contre la réforme du système judiciaire prévue par le gouvernement, devant la Knesset, le 20 février 2023. (Crédit : Arie Leib Abrams/Flash90)

Les ministres ont accepté le principe de réductions budgétaires majeures afin de financer la « garde nationale » voulue par le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait promis à Ben Gvir, la semaine dernière, qu’il soumettrait la question au vote ce dimanche, en échange du maintien du ministre d’extrême droite au gouvernement en dépit de son opposition à la pause de la réforme judiciaire.

Selon les médias israéliens, plusieurs ministres ont exprimé leur opposition lors du Conseil des ministres, non sans voter pour.

Cette décision, qui devrait coûter un milliard de shekels, a été fortement critiquée par de nombreux membres de l’opposition.

Le chef de l’opposition, Yair Lapid, a dénoncé des projets gouvernementaux « ridicules et méprisables », accusant les ministres d’avoir voté la « création d’une armée de mercenaires au service du clown de Tiktok ».

Le chef de la police, Kobi Shabtai, a solennellement dit son opposition à cette proposition du gouvernement de former une garde nationale relevant du ministère de la Sécurité intérieure, au motif que l’existence d’une force indépendante de la police porterait atteinte à la sécurité publique et mènerait au chaos dans le maintien de l’ordre.

La Procureure Générale Gali Baharav-Miara a également tiré la sonnette d’alarme dimanche, disant au gouvernement qu’il y avait un « obstacle juridique » à la version actuelle du projet de loi et que la police pouvait faire face à ses responsabilités sans service concurrent.

Le Conseil des ministres a donc statué ce dimanche sur le sort de cette force, composée de 2 000 militaires directement placés sous l’autorité du ministre d’extrême droite, chargés de lutter contre les « crimes nationalistes » et le terrorisme, et de « rétablir l’ordre si nécessaire ».

Les perspectives exactes de création de ce service ne sont pas claires, mais cela pourrait prendre plusieurs mois.

Plusieurs ex-hauts commandants de la police ont dit leur opposition au projet, à commencer par l’ex-chef de la police, Moshe Karadi, qui a déclaré que Ben Gvir pourrait l’utiliser pour mener un « coup d’État ».

Organisations de défense des droits civils et ténors de l’opposition ont également exprimé leur extrême préoccupation à l’idée de la création d’un service placé sous l’autorité directe d’un ministre. Ils craignent une politisation du maintien de l’ordre et des abus au principe d’égalité dans l’application de la loi.

Dans une lettre de cinq pages rédigée la semaine dernière et publiée ce dimanche, le chef de la police, Kobi Shabtai, a expliqué les raisons de son opposition à un projet « inutile » et mis en garde contre ses « effets désastreux ».

S’adressant à Ben Gvir, avec Netanyahu en copie, Shabtai explique que « l’avantage de la garde n’est pas clair et pourrait même être à l’origine de graves problèmes opérationnels ».

Il affirme que rien ne justifie de créer un nouvel organe doté de pouvoirs et de domaines d’intervention semblables à ceux de la police israélienne, ajoutant qu’aucun avantage concret n’est à attendre mais que « ses coûts très élevés pourraient nuire à la sécurité de la population ».

Précisant que la coexistence de ces deux services brouillerait la répartition des pouvoirs entre services, Shabtai assure que cette mesure « n’est rien d’autre qu’un gaspillage d’argent public pour créer une structure redondante, inutile et sans avantage concret ».

Shabtai avait demandé à assister au Conseil des ministres de manière à exposer son point de vue et ses craintes que cette décision « ne porte gravement atteinte » à la police, mais tout indique qu’il n’aurait finalement pas été convié dimanche.

Le procureur général Gali Baharav Miara s’exprime lors d’une conférence à l’Université de Haïfa, le 15 décembre 2022. (Crédit : Shir Torem/Flash90)

Elle a ajouté que la police « devait et pouvait faire face aux questions de sécurité sans besoin de recourir à un nouveau service ».

Par voie de communiqué, le cabinet de Ben Gvir a réagi vivement au contenu de la lettre de Shabtai, ce dimanche.

« Certains hauts responsables de la police ne veulent pas d’une garde nationale à cause de problèmes d’ego », indique le communiqué.

« Le ministre avait donné trois mois à la police pour présenter un projet sérieux [de création d’une garde nationale sous son autorité], sans aucune réaction. »

Ben Gvir affirme que la « bureaucratie policière » a tout fait pour retarder son projet et que la création du nouveau service indépendamment de la police est sa manière d’accélérer le mouvement.

« Si la police présente un projet sérieux, nous envisagerons en toute bonne foi de créer cette garde sous l’autorité de la police. À défaut, la garde relèvera du ministère de la Sécurité intérieure », a fait savoir son cabinet.

Des manifestants rassemblés à Tel Aviv pour protester contre le ministre d’extrême-droite de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir et sa proposition de formation d’une garde nationale, le 29 mars 2023. (Crédit : Erik Marmor/Flash90)

Le site d’information du quotidien Haaretz a indiqué dimanche, citant des sources anonymes proches des forces de l’ordre, que le chef du service de sécurité intérieure du Shin Bet, Ronen Bar, avait également exprimé son opposition à la formation de la garde nationale, lors de réunions à huis clos.

Le Conseil des ministres a également approuvé, aujourd’hui dimanche, des coupes budgétaires ministérielles à tous les niveaux pour financer la création de cette garde nationale.

Les ministères se sont tous vus amputer d’1,5 % de leur budget, pour un total d’1 milliard de shekels environ, qui seront reversés au ministère de Ben Gvir.

La manoeuvre a irrité plus d’un ministre, dont celui des Affaires sociales, Yaakov Margi, qui avait déclaré qu’il voterait contre.

Ces coupes budgétaires « nous obligent à limiter les activités de réhabilitation et secours aux populations qui en ont le plus besoin, de même que pour les organismes professionnels », a expliqué Margi.

« Nous devons renforcer la sécurité sociale et ne pas lui porter atteinte. Le gouvernement doit faire en sorte que le budget de l’aide sociale ne soit pas affecté. »

Selon Haaretz, l’un des hommes pressentis à la tête de cette garde nationale est le colonel Avinoam Emunah, récemment retraité et filmé l’an dernier en train de dire aux soldats, avant une opération près de la bande de Gaza : « Dans la majorité des cas, ils fuiront : tuez-les quand ils s’enfuient. »

Des manifestants antigouvernementaux se sont glissés dans la peau de membres de la garde nationale, voulue par le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, avant une manifestation contre la réforme judiciaire, à Tel Aviv, le 1er avril 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Ben Gvir s’est à plusieurs reprises à plusieurs reprises impliqué dans le maintien de l’ordre lors des manifestations de grande ampleur contre la réforme judiciaire, en disant notamment à la police quelles autoroutes devaient être ouvertes pendant les manifestations, en parlant méthodes de dispersion de la foule et en se rendant dans les centres de commandement de la police.

La Douzième chaine a rapporté samedi que, dans les rangs de la police, le projet de garde nationale était vu comme une « catastrophe ».

L’unité de la garde nationale créée par le gouvernement précédent, en 2022, est sous l’autorité de la police israélienne et ne comprend que quelques centaines d’ effectifs, principalement issus de la police des frontières, force de gendarmerie.

Le projet prévoit que cette garde nationale sera composée de « forces régulières et de brigades tactiques dédiées », disséminées dans tout le pays.

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