Les ministres du Likud pressent Netanyahu d’annexer la Cisjordanie avant la fin du mois
Avant le voyage du Premier ministre à Washington et les congés de la Knesset, des responsables politiques laissent entendre que le "moment est propice"

Des députés et des ministres du Likud, le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu, ont lancé mercredi une campagne qui appelle le chef de gouvernement à annexer la Cisjordanie avant la fin de la session d’été de la Knesset – elle s’achèvera le 27 juillet – affirmant qu’il doit profiter des « réalisations historiques » de la guerre qui a été menée à l’encontre de l’Iran.
Dans une lettre qui a été signée par 15 ministres issus des rangs du Likud ainsi que par le président de la Knesset, Amir Ohana, les députés ont écrit : « Au lendemain des réalisations historiques de l’État d’Israël face à l’axe du mal iranien et face à ses sympathisants, la mission doit être menée à bien et la menace existentielle provenant de l’intérieur doit être éliminée, afin d’éviter un nouveau massacre au cœur du pays ».
Les politiciens ont ajouté que « le partenariat stratégique, l’appui et le soutien des États-Unis et du président Donald Trump rendent le moment propice à des avancées dès aujourd’hui, des avancées qui permettront d’assurer la sécurité d’Israël pour des générations ».
Israël avait pris la Cisjordanie à la Jordanie en 1967 lors de la guerre des Six Jours sans l’annexer officiellement au fil des années. L’État juif avait commencé à s’orienter vers l’annexion en 2020 dans le cadre d’un « plan de paix » plus large dont le contenu avait été révélé par Trump au cours de son mandat précédent. L’idée avait été finalement abandonnée en échange d’une normalisation des liens entre Jérusalem et deux états arabes, les Émirats arabes unis et le Bahreïn.
La lettre de mercredi a été accueillie avec satisfaction par le président du parti d’extrême droite Hatzionout HaDatit, le ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui est également ministre délégué au sein du ministère de la Défense en charge de toutes les questions liées à la Cisjordanie. Il a expliqué que dès que le Premier ministre « en donnera l’ordre », il sera « immédiatement » prêt à mettre en œuvre la souveraineté israélienne sur le territoire.
Netanyahu doit s’envoler la semaine prochaine pour Washington et il rencontrera Trump à la Maison Blanche dans la journée de lundi. La guerre de douze jours qui a récemment opposé Israël et à l’Iran et les efforts livrés par le président américain pour finaliser un accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza devraient figurer en tête de l’ordre du jour.

Les États-Unis avaient reconnu pour la toute première fois la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan au cours du premier mandat de Donald Trump, une décision qui avait entraîné la jubilation des députés de la droite de la sphère politique israélienne.
Dans les journées qui ont suivi l’entrée en vigueur du cessez-le-feu avec l’Iran, la semaine dernière, Netanyahu et Trump ont fait allusion à un accord régional plus large qui viendrait mettre un terme à la guerre à Gaza et qui pourrait comprendre des accords de normalisation ou des accords de paix avec de nouveaux pays – dont potentiellement la Syrie, le Liban et l’Arabie saoudite.
L’envoyé spécial américain Steve Witkoff a expliqué, la semaine dernière, qu’il s’attendait à « des annonces assez importantes qui portent sur les pays qui adhèreront aux accords d’Abraham ». Le Premier ministre israélien, de son côté, a noté que la guerre contre l’Iran « a ouvert la voie à une expansion spectaculaire des accords de paix ».
Israël et l’Arabie saoudite semblaient sur le point de normaliser leurs relations avant l’attaque meurtrière qui avait été commise par le Hamas sur le sol israélien, le 7 octobre 2023 – un massacre qui avait été à l’origine de la guerre à Gaza qui entre dorénavant dans son 21e mois. L’un des principaux points de friction était que Ryad, à l’époque, exigeait que l’État juif reconnaisse un État palestinien avant toute normalisation des liens entre les deux pays.
Il semble peu probable qu’Israël prenne des mesures pour annexer unilatéralement la Cisjordanie tout en cherchant à conclure des accords de paix avec la Syrie et avec d’autres acteurs régionaux.
Dans la journée de mercredi, le ministre de la Justice, Yariv Levin, a lancé le même appel public à l’annexion lors d’une réunion avec le chef du mouvement pro-implantation, Yossi Dagan, qui dirige le conseil régional de Samarie.

« Je pense que cette période, au-delà des questions actuelles, est une opportunité historique que nous ne devons pas manquer », a estimé Yariv Levin. « Le temps de la souveraineté est venu, le temps d’appliquer la souveraineté est venu. Mon positionnement sur le sujet est ferme et il est clair ».
Le ministre de la Justice a ajouté que cette problématique devait figurer « en tête de la liste des priorités ».
« Je pense que c’est à la fois réaliste et possible », a-t-il dit. « Et il est essentiel, tout d’abord, de réaliser que nous avons un droit à la terre. C’est très certainement le cas pour contribuer à la sécurité et pour rendre justice aux résidents d’implantations et aux partisans du mouvement pro-implantation, qui méritent d’être des citoyens égaux à tous égards et qui vivent dans des implantations intégrées au sein d’un État d’Israël pleinement souverain ».
Un certain nombre de ministres et de députés de la coalition ont lancé un appel à l’annexion de la Cisjordanie et de la bande de Gaza lors d’une conférence de la section des jeunes jeunesse du mouvement Noar Ribonut, un mouvement ultranationaliste qui milite pour la souveraineté, une conférence qui a été organisée à Sderot, le mois dernier.
Israël s’est jusqu’à présent abstenu d’annexer la Cisjordanie et la bande de Gaza – l’État juif s’était totalement retiré de cette dernière en 2005 – en raison des pressions internationales exercées en faveur d’un État palestinien, les territoires de la Cisjordanie étant à sa base, et en raison aussi de l’inquiétude suscitée par les problèmes démographiques qu’entraînerait l’accueil par Israël de millions de Palestiniens supplémentaires.