Les organisateurs de l’Eurovision 2019 aux ministres : restez à l’écart
L''Union européenne de radiodiffusion aurait dit à Kan qu'ils n'avaient pas de problème avec Jérusalem, mais que les politiques israéliens "font des problèmes"
L’Union européenne de radio-télévision aurait enjoint les politiciens israéliens de s’abstenir de faire des déclarations publiques sur l’emplacement de la prochaine édition du Concours de l’Eurovision en Israël, parce qu’elles favorisent la pression exercée par les organisations opposées à ce qu’elle se tienne à Jérusalem.
Un reportage télévisé diffusé dimanche avait indiqué que le gouvernement israélien n’interviendrait pas dans le choix de l’endroit où se déroulera le concours, par crainte que certains ministres torpillent les chances d’Israël a accueillir l’évènement, s’ils continuent à insister pour qu’il se déroule dans la capitale.
Des responsables de l’UER se sont entretenus la semaine dernière avec Eldad Koblenz, chef du radiodiffuseur public Kan, qui est chargé d’organiser l’édition 2019 du concours, et ont souligné qu’ils ne souhaitaient pas faire de l’Eurovision une « question politique », a relayé Hadashot TV mardi.
« Selon le règlement, vous devriez nous soumettre plusieurs options, mais nous n’avons aucun problème avec Jérusalem, tant que cela correspond aux exigences. Nous avons déjà diffusé depuis Jérusalem par le passé, et en ce qui nous concerne, nous pouvons le faire à nouveau », ont affirmé les responsables selon le reportage.
« Mais vos politiciens en font un problème, parce qu’ils l’exposent et en font une question politique, nous envoient des lettres avec des exigences, favorisant ainsi la pression de la part de toutes sortes d’instances et d’organisations qui ne souhaitent pas que nous diffusions depuis Jérusalem », ont ajouté les responsables.
« Les ministres israéliens devraient rester à l’écart de l’évènement », ont-ils conclu.
Les responsables de l’UER auraient cité plusieurs exemples de politiciens qui avaient saboté la production du concours, notamment en Ukraine, en Suisse et en Croatie.
Le reportage indique que Koblenz a confirmé le contenu de cet entretien téléphone, mais qu’aucun politicien spécifique n’a été mentionné.
Mais ce message était très certainement adressé principalement à la ministre de la Culture et des Sports Miri Regev, qui avait menacé de ne pas accueillir l’Eurovision s’il n’était pas organisé à Jérusalem.

« L’Etat d’Israël a une capitale, elle s’appelle Jérusalem, et nous ne devrions pas en avoir honte », avait-elle ajouté.
La décision du retrait du gouvernement a été prise durant un entretien téléphonique vendredi entre le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le ministre des Finances Moshe Kahlon, le ministre des Communications Ayoub Kara et le procureur général Avichai Mandelblit, selon un reportage diffusé dimanche par la Vingtième chaîne.
Ils ont décidé que toutes les négociations sur le sujet seront confiées exclusivement à Kan. Les quatre villes en lice pour accueillir le concours sont Jérusalem, Tel Aviv, Haïfa et Eilat.
Jérusalem n’est pas reconnue comme capitale d’Israël par la communauté internationale, qui maintient que le statut de la ville doit être déterminé par Israël et les Palestiniens, via des négociations.
L’insistance de Regev à organiser à Jérusalem un match de préparation à la Coupe du Monde, entre Israël et l’Argentine, a été citée comme un facteur majeur de l’annulation du match par l’équipe invitée, après une campagne de pression palestinienne.
Cette affaire aura servi de leçon pour ne plus se servir des visites internationales comme moyen d’obtenir la reconnaissance de la ville. La semaine dernière, Netanyahu avait averti que d’autres grands événements pourraient également céder à la pression internationale. Il faisait apparemment référence à l’Eurovision.
Israël a remporté l’édition 2018 du Concours de l’Eurovision le 19 mai, avec la chanson Toy, interprétée par Netta Barzilai. Selon les règles de la compétition, le pays gagnant accueille l’édition suivante du concours.
Dans la foulée de la victoire, Barzilai et Netanyahu, entre autres, avaient dit que le concours aurait lieu à Jérusalem. Israël avait organisé l’Eurovision à Jérusalem en 1979 et en 1999.
Lors d’une réunion à huis clos, des responsables ont déclaré qu’ils craignaient que certains pays boycottent l’évènement s’il avait lieu à Jérusalem. Ils ont demandé à ce qu’au moins deux autres villes soumettent leur candidature pour accueillir l’évènement, sous-entendant que Jérusalem n’était pas leur premier choix, selon Ynet.
La semaine prochaine, Kan devrait soumettre à l’UER les candidatures des villes en lice.
Selon le site d’information Ynet, l’UER cherche une ville qui compte au moins 3 000 chambres d’hôtel et une salle de concert qui puisse accueillir au moins 10 000 personnes.