Les parents de Liri Albag disent que leur fille, otage, « n’est pas la même » dans une vidéo
Shira et Eli Albag ont affirmé que les paroles de leur fille émanaient du Hamas et ils ont dit être consternés à l'idée que les membres de la coalition aient choisi de ne pas regarder le clip
Les parents de Liri Albag, observatrice de Tsahal prise en otage, ont fait savoir, dans des interviews qui ont été diffusées vendredi, que la vidéo diffusée par le Hamas, la semaine dernière, montrait leur fille pâle, effrayée – ajoutant qu’elle n’était pas « la même ».
Shira et Eli Albag avaient appelé les médias israéliens à ne pas diffuser les images de leur enfant, invoquant le désir de préserver sa dignité.
Ils ont toutefois noté qu’ils s’attendaient à ce que les membres du gouvernement regardent la séquence, et qu’ils étaient consternés de constater que certains ne l’avaient pas fait.
Si c’est le Hamas qui a rédigé l’intervention de l’otage dans le clip, certains propos ont assurément émané de Liri, démontrant à quel point elle désespère de pouvoir enfin recouvrer la liberté, selon ses parents.
Dans la séquence de trois minutes et demie où Liri Albag apparaît – elle a été diffusée par le groupe terroriste samedi dernier – l’observatrice est visiblement désespérée, implorant d’être relâchée.
Depuis la diffusion de la vidéo, « nous n’avons pas réussi à nous extraire du lit et lorsque nous nous levons, nous voyons une personne déjà à moitié morte », a dit Eli Albag devant les caméras de la chaîne publique Kan.
« Nous sommes dans un gouffre – dans l’endroit le plus obscur, dans le plus profond abîme. C’est pire que tout ce que nous pouvions imaginer », a-t-il raconté. « Tout est lourd, c’est comme si j’avais un camion sur le corps ».
S’exprimant devant les caméras de la Treizième chaîne, Eli Albag a dit que lorsque la vidéo avait été diffusée, « nous étions assis dans le salon et nous avons soudainement vu une photo de Liri, un signe de vie ».
« Mes deux filles étaient assises par terre et ma femme hurlait, et je ne savais pas vers qui aller en premier, qui prendre dans mes bras et qui consoler en premier », a-t-il ajouté. « J’ai entendu Shira… crier ‘Ma Liri’ et sangloter. Nous lui avons donné de l’eau et elle s’est évanouie ».
« J’ai hurlé, j’ai dit qu’on devait être heureux qu’elle soit en vie », a-t-il poursuivi. « Regardez-là, elle est vivante ».
« Quand j’ai vu ça, j’ai eu l’impression de recevoir un coup de poing dans le ventre », a-t-il déclaré.
Shira Albag, qui doit prendre la parole samedi soir à Tel Aviv lors d’un rassemblement appelant à la conclusion d’un accord sur les otages, a indiqué à la chaîne d’information N12 qu’elle n’avait regardé la vidéo que le jour de sa diffusion.
« Je ne l’ai pas revue depuis mais elle est toujours présente dans mon esprit », a-t-elle expliqué. « Je veux me souvenir de Liri telle que je la connais, et non pas telle qu’elle apparaît sur la vidéo : évanouie, effrayée, tremblante ».
« Ce n’est pas la même jeune fille – elle est très effrayée, ses yeux sont vides », a noté Shira Albag. « Ma Liri a toujours été sûre d’elle, intrépide, forte – j’ai vu qu’elle était extrêmement pâle, qu’elle avait perdu beaucoup, beaucoup de poids… J’ai vu du noir sous ses yeux, j’ai vu qu’elle n’avait pas vu la lumière du jour depuis longtemps ».
Eli Albag, de son côté, a confié à la Treizième chaîne qu’il a regardé la vidéo des centaines de fois.
« Je m’attache à chaque mot, à chaque lettre », a-t-il commenté. « Elle semble ballonnée, et nous avons parlé de son état à des médecins qui nous ont dit que c’était dû au manque de nourriture et de protéines – [les otages] ne mangent que du pain » .
« Il y a aussi un problème médical, un problème aux yeux parce que Liri porte des lunettes et que dans la vidéo, elle apparaît sans lunettes », a-t-il précisé.
Il a fait remarquer que dans le clip, à plusieurs occasions, « on la voit accroupie et recroquevillée – on comprend que ça a pris beaucoup de temps devant la caméra. On a demandé à des otages qui ont été libérés comment ils se sentaient lorsqu’ils étaient filmés et ils nous ont dit que c’était quelque chose de très difficile ».
Les parents ont estimé, devant les caméras de la Douzième chaîne, que les supplications de leur fille, lorsqu’elle demande à enfin recouvrer la liberté, n’ont pas été entièrement scénarisées par le groupe terroriste.
« Je pense qu’ils lui ont dit [de dire] la majorité des choses mais il y a une phrase qu’elle a dite, quelque chose comme ‘c’est l’enfer ici, on est dans un monde de fous’, » note Eli Albag.
A ce moment-là, à l’écran, sa femme le corrige en disant : ‘une histoire de fous’. Ce sont les mots de Liri ».
« Et c’est sûr et certain que Liri a dit ça du fond du cœur », s’est exclamé la père devant les caméras. « Elle a également dit : ‘Ramenez-moi, je n’ai que 19 ans’, et ça aussi, c’est de Liri ».
Alors qu’il leur était demandé s’ils souhaitaient que les otages soient ramenés dans le cadre d’une opération militaire, Shira Albag a répondu : « Absolument pas ».
« Nous savons pertinemment quels sont les ordres que le Hamas a donnés aux geôliers : tuer les otages dès qu’ils sentent que les soldats sont à l’approche », a-t-elle ajouté. « Liri et tous les otages doivent revenir dans le cadre d’un accord et uniquement dans ce cadre ».
« Le sauvetage héroïque des corps sans vie qui ont été rapatriés hier – en ce qui me concerne, ce n’est pas tout faire pour sauver les otages parce qu’avant, ils étaient bien vivants », a-t-elle ajouté, faisant référence à la récupération, cette semaine, des corps de Youssef et de Hamza Ziyadne, un père et son fils qui avaient été enlevés au kibboutz Holit le 7 octobre 2023, lorsque des milliers de terroristes dirigés par le Hamas avaient pris d’assaut le sud d’Israël. Les hommes armés avaient massacré plus de 1200 personnes et ils avaient pris 251 personnes en otage, déclenchant la guerre à Gaza.
Après la diffusion, par le Hamas, de la vidéo qui montrait Liri Albag, Netanyahu a appelé les parents de la jeune fille. « Le moment est venu, il fera tout pour ramener les otages », a dit le père éploré à la chaîne N12.
De son côté, Shira Albag a déclaré qu’elle avait « supplié » le Premier ministre et qu’elle avait pleuré, lui demandant de ramener sa fille.
« C’est moi qui ai donné naissance à Liri mais aujourd’hui elle est entre leurs mains », a-t-elle noté. « Elle est également l’otage du gouvernement, de l’État d’Israël, qui ne fait pas tout ce qui est en son pouvoir pour ramener les otages ».
« Et si elle n’est pas revenue, c’est qu’ils ne font pas tout », a-t-elle indiqué.
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« Je sais que nous avons demandé à ce que la vidéo ne soit pas diffusée, mais j’attends de tous les décisionnaires et de tous les membres du gouvernement qu’ils la regardent », a-t-elle continué, s’en prenant au ministre de la Coopération régionale David Amsalem, qui a déclaré qu’il n’avait pas désiré voir le clip.
« Avant d’aller se coucher, il devrait prendre le temps de regarder la séquence en imaginant sa fille et son fils assis dans les tunnels, dans l’obscurité », a-t-elle poursuivi. « On verra s’il dort bien ».
Eli Albag, qui a fait l’objet d’attaques violentes de la part de partisans de Netanyahu en raison de son militantisme acharné en faveur de la finalisation d’un accord, a laissé entendre devant les caméras de Kan que le Premier ministre ne faisait pas suffisamment pour faire cesser ces attaques à son encontre.
« Si le premier responsable du pays le voulait réellement, les choses se passeraient de façon différente », a-t-il affirmé.
Il a aussi exprimé son indignation à l’égard des collaborateurs de Netanyahu qui auraient divulgué, l’année dernière, un document du Hamas qui avait été volé auprès de l’armée israélienne afin de soutenir les arguments du Premier ministre en défaveur d’un accord ouvrant la porte à la remise en liberté des otages.
Les détracteurs du gouvernement ont accusé Netanyahu d’avoir fait échouer un accord afin de poursuivre les combats à Gaza, à la demande de ses partenaires de la coalition d’extrême-droite.
Le porte-parole de Netanyahu, Eli Feldstein, est soupçonné d’avoir transmis un document des renseignements militaires à un tabloïd allemand, désireux de calmer la colère qui était alors celle de l’opinion publique face à l’échec du Premier ministre à conclure un accord – une colère qui avait atteint son paroxysme après qu’Israël a récupéré les corps de six otages qui venaient d’être assassinés, à la fin du mois d’août.
« Apparemment, grâce à eux, ma fille est toujours là-bas », a-t-il déploré. « Que voulaient-ils faire de ce document ? Influencer l’opinion publique ? [Dire que les rassemblements en faveur de l’accord sur les otages] étaient avantageux pour le Hamas ?
« Il avait ce document depuis trois mois », a ajouté Eli Albag, faisant apparemment référence à Feldstein. « Pourquoi a-t-il choisi de le rendre public le jour même où six de mes frères et sœurs ont été tués ? »
94 des 251 otages qui avaient été enlevés par le Hamas, le 7 octobre, se trouveraient toujours à Gaza – y-compris les corps sans vie d’au moins 34 personnes dont la mort a été confirmée par Tsahal.
Le Hamas avait libéré 105 civils au cours d’une trêve d’une semaine, à la fin du mois de novembre, et quatre otages avaient été relâchés auparavant. Huit otages ont été sauvés vivants par les troupes et les corps de 40 otages ont également été retrouvés – dont trois qui avaient accidentellement été tués par les soldats alors qu’ils tentaient d’échapper à leurs ravisseurs.
Le Hamas détient également deux civils israéliens entrés dans la bande de Gaza en 2014 et 2015, ainsi que les corps de deux soldats tués en 2014.