Israël en guerre - Jour 476

Rechercher

Les politiciens dénoncent « une agression », fait nié par le rabbin et son « agresseur »

Netanyahu déclare que "la folie n'a pas de limite" suite à l’altercation lors d’une prière publique place Dizengoff ; le rabbin Leo Dee affirme qu'il n'y a pas eu de violence

Michael Sfard (G) et le rabbin Leo Dee lors d'un office de prière sur la place Dizengoff, à Tel Aviv, le 5 octobre 2023 (Crédit : Capture d'écran vidéo)
Michael Sfard (G) et le rabbin Leo Dee lors d'un office de prière sur la place Dizengoff, à Tel Aviv, le 5 octobre 2023 (Crédit : Capture d'écran vidéo)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est joint jeudi à de nombreux hommes politiques de droite pour condamner catégoriquement un incident qui aurait été violent lors d’un office de prière public à Tel Aviv. Parallèlement à ces dénonciations, les deux parties impliquées dans l’incident ont affirmé qu’il n’y avait eu aucune violence.

Une vidéo largement diffusée montre un homme heurtant le rabbin Leo Dee pendant l’office, avant de s’éloigner rapidement de la scène. La femme et les deux filles du rabbin Dee ont été assassinées par des terroristes palestiniens au début de l’année.

La vidéo a provoqué une polémique sur les réseaux sociaux, où de nombreux utilisateurs, principalement des partisans du gouvernement et des membres de la coalition, ont dénoncé l’acte comme un exemple consternant de violence à l’encontre du culte juif.

Dee et l’homme qui l’a poussé, Michael Sfard, ont rapidement donné une version totalement différente des faits, le premier insistant sur le fait qu’il n’y avait pas eu de violence et le second affirmant qu’il n’avait fait qu’essayer maladroitement d’échapper à une confrontation qui se déroulait à proximité.

L’incident a souligné le pouvoir des images pour alimenter les narratifs dans le climat actuel de conflit et d’instabilité du pays – même hors contexte.

L’incident s’est produit alors que Dee participait à un office de Souccot sur la place Dizengoff avec quelques dizaines de fidèles, comme il l’avait annoncé, en signe de protestation contre les troubles survenus récemment sur cette même place à l’occasion de Yom Kippour. L’office qui s’est tenu là à l’occasion de Yom Kippour avait en effet donné lieu à des affrontements entre fidèles et laïcs après l’installation, par les organisateurs de l’office, d’une cloison séparant les genres. Cette séparation, requise par la loi juive orthodoxe, avait été installée malgré l’opposition de la municipalité et des manifestants laïcs qui la considèrent comme une discrimination fondée sur le sexe dans l’espace public.

La prière/manifestation de ce jeudi a donné lieu à quelques affrontements : des employés municipaux ont démonté une des cloisons placées par les fidèles, et plusieurs manifestants ont utilisé des haut-parleurs pour scander des slogans contre la coercition religieuse.

C’est à ce moment-là que Sfard, avocat des droits de l’homme et militant de gauche, a été filmé percutant Dee, des images qui ont suscité l’indignation nationale face à l’agression présumée du rabbin en deuil.

Dee s’est toutefois empressé de rejeter tout allegation de violence lors d’interviews accordées aux médias.

« Il n’y a pas eu de violence, l’office s’est très bien déroulé et a été respecté », a-t-il déclaré à Ynet. « Il y avait peut-être eu 5 à 10 personnes qui ont dérangé l’office et qui ont fait du bruit, mais c’est tout, ils ne m’ont pas dérangé. »

« Nous avons prié dans la joie et le respect », a-t-il déclaré à Walla. « De nombreuses personnes sont venues nous soutenir. [Les quelques manifestants] qui étaient sur place n’ont rien fait d’autre que de crier. »

« La police m’a appelé et m’a demandé si je voulais porter plainte. J’ai dit non. J’ai à peine remarqué », a-t-il déclaré à la Treizième chaîne. « Il n’y a pas eu de bousculade et personne n’a craché. »

Les explications du rabbin n’ont guère permis d’endiguer la vague de condamnations, de nombreux politiciens de droite ayant partagé sur les réseaux sociaux la séquence montrant la confrontation avec Sfard qu’ils ont dénoncée comme étant « une attaque ».

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a également affirmé que Dee avait été bousculé sous prétexte qu’il brandissait les Quatre Espèces et a publié un message sur X qualifiant l’incident de « choquant et inquiétant ».

Ben Gvir, chef ultra-nationaliste de la police, a déclaré qu’il avait ordonné à la police d’agir « de manière décisive contre ces émeutiers » et a comparé l’incident aux Juifs orthodoxes qui ont été filmés en train de cracher sur des chrétiens dans la Vieille Ville de Jérusalem.

Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir visitant le sud de Tel Aviv, le 3 septembre 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Le député Boaz Bismuth a déclaré que Sfard était « un animal ».

Le groupe de défense de droite Im Tirzu a pour sa part affirmé que Sfard était « un extrémiste de gauche, un homme qui s’est fait une carrière en accusant Israël de crimes contre l’humanité ».

Et Netanyahu a fustigé ce « membre du mouvement de protestation » qui « a poussé le rabbin Leo Dee… juste parce qu’il portait un tallit et tenait les quatre espèces en plein centre de Tel Aviv ». « Il n’y a pas de limite à la haine et à la folie. Honte à vous ! », a-t-il ajouté.

Quelques heures plus tard, Sfard a réagi sur X, affirmant que l’incident avait été exagéré.

« Comment un incident de rien du tout peut-il être transformé en une accusation d’attaque contre une victime du terrorisme ? »

Le rabbin Leo Dee, dont les deux filles et la femme ont été assassinées lors d’un attentat terroriste, tient un rouleau de la Torah lors d’un service de prière public sur la place Dizengoff à Tel Aviv, le 5 octobre 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Sfard a expliqué qu’en arrivant par hasard sur les lieux, il a remarqué une cloison séparant les hommes et les femmes. « Une dispute a éclaté avec l’une des femmes de la section réservée aux femmes, et l’homme qui dirigeait la prière (je ne savais pas qui c’était) est venu se placer entre nous. Il s’est tenu très près de moi, me touchant presque… J’ai alors réalisé que les choses risquaient de dégénérer et que je devais m’éloigner. Ce que vous voyez dans la vidéo est ma tentative (maladroite) de me dégager de cette situation et de quitter les lieux. »

Ce dernier incident lié à la pratique du culte intervient après plusieurs semaines de tensions concernant la séparation des sexes lors de prières publiques à Tel Aviv, qui ont donné lieu à des affrontements violents et sans précédent et ont mis en évidence une fracture sociale qui polarise la société israélienne.

Les opposants à la séparation des sexes dans les lieux publics affirment que cette pratique est un acte politique visant à défendre une vision conservatrice du monde qui, selon eux, opprime les femmes. Ils signalent que des centaines de synagogues sont accessibles à Tel Aviv à ceux qui souhaitent prier dans des lieux dotés d’espaces séparés pour les hommes et les femmes.

Les protestations contre la prière s’inscrivaient dans le cadre de manifestations plus larges contre la refonte du système judiciaire par le gouvernement, les Israéliens laïcs protestant contre ce qu’ils percevaient comme l’infiltration progressive de la coercition religieuse dans la vie publique.

L’affrontement de Yom Kippour a suscité des réactions des deux côtés de l’échiquier politique, Netanyahu accusant les manifestants laïcs de se livrer à une « émeute contre les Juifs ».

La coalition de Netanyahu est composée de partis de droite, religieux et ultra-nationalistes. De nombreux détracteurs du gouvernement affirment qu’il propose des lois qui profitent aux Juifs religieux et imposent leurs valeurs aux Juifs laïcs et aux non-Juifs.

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.