Les politiciens sommés de rester à l’écart des cérémonies de Yom HaZikaron
Des milliers de personnes réclament l'éloignement des politiciens de tous bords dans un contexte de tensions entraînées par le projet de refonte du système judiciaire

Alors qu’Israël est encore sous le choc de la crise nationale qui a été entraînée par le plan de réforme judiciaire et que l’adoption de ces législations a été mise en pause pour permettre l’ouverture de négociations sous les auspices du président Isaac Herzog, les tensions sociétales restent élevées au sein de l’État juif – des tensions qui devraient encore être palpables à l’occasion des journées solennelles qui auront lieu dans les prochains jours et qui sont habituellement marquées par l’unité et par la dignité : Yom HaShoah, Yom HaZikaron et Yom HaAtzmaout.
Yom HaZikaron, journée où le pays rend hommage aux soldats tombés au combat et aux victimes d’attentats terroristes et nationalistes – une question qui, indépendamment de la politique, touche une corde sensible dans toute la société – devrait être une occasion particulièrement délicate. Cette journée de commémoration, qui aura lieu le 25 avril, cette année, et ses cérémonies sont considérées comme sacro-saintes.
Mais les événements organisés lors de cet hommage national impliquent traditionnellement les politiciens, avec des membres du gouvernement qui prennent la parole au cours des nombreuses cérémonies d’État qui sont organisées dans les cimetières pendant toute la journée.
Avant les événements qui auront lieu cette année et alors que la question de la réforme radicale du système judiciaire israélien et de ses conséquences massives n’a pas encore été résolue, de nombreuses familles de défunts qui s’opposent à ce projet de refonte du système de la justice ont averti qu’ils ne toléreraient pas la présence des membres du gouvernement actuel lors des cérémonies officielles.
Certains opposants du projet gouvernement de réforme qui ont perdu des êtres chers au nom de la défense d’Israël et de la défense de ses valeurs démocratiques indiquent qu’ils ne pourront pas supporter les discours de ceux qui, selon eux, agissent en violation directe de ces valeurs. Pour leur part, les familles qui soutiennent le gouvernement et qui considèrent que la refonte du système judiciaire renforcera la démocratie rechignent à l’idée de laisser les critiques faire entrer la politique dans une journée qu’ils considèrent comme sacrée.
Les tensions accrues laissent craindre que ces événements solennels ne dégénèrent en huées et autres mouvements de protestation contre les membres du gouvernement, approfondissant encore les divisions entraînées par le plan de refonte du système judiciaire dans le pays.

La chaîne Kan a annoncé, ce week-end, que la Commission publique chargée de la commémoration des soldats avait reçu, ces derniers jours, des milliers de messages de la part des familles opposées au projet de réforme, qui lui demandent de n’impliquer aucun politicien lors des événements de cette année, indépendamment de leur positionnement dans le spectre politique. Elle a ajouté avoir reçu de nombreuses requêtes de la part des partisans du plan gouvernemental qui, au contraire, demandent à ce que la tradition de longue haleine ne soit pas changée.
Dans l’incapacité de prendre une décision, la commission a confié le dossier au Bureau du Premier ministre.

Les négociations entre la police et l’opposition sur un compromis potentiel dans le projet de refonte du système judiciaire sont en cours mais elles ne devraient probablement pas déboucher sur un accord.
Le président Isaac Herzog a accueilli les pourparlers cette semaine, après que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a accepté, lundi, de mettre temporairement en pause l’initiative de réforme gouvernementale dans le sillage d’un mouvement de protestation massif, des manifestations qui ont atteint leur apogée après le limogeage, par Netanyahu, de son ministre de la Défense qui mettait en garde contre les conséquences sécuritaires des propositions faites par la coalition.
Des responsables impliqués dans les discussions ont déclaré devant les caméras de la Douzième chaîne, vendredi, que ces dernières étaient dans l’impasse. Ils ont expliqué qu’au tout début des pourparlers, la coalition avait insisté sur la nécessité de la prise de contrôle de la Commission chargée de nommer les juges par le gouvernement – une perspective qui est inenvisageable pour l’opposition – ôtant toute chance de réussite aux négociations avant même qu’elles n’aient réellement commencé.
La composition de la Commission de sélection judiciaire, où les pouvoirs sont actuellement divisés entre politiciens et magistrats qui doivent s’accorder pour nommer les juges et notamment ceux qui siègeront à la Cour suprême, est l’un des points les plus controversés de la réforme gouvernementale.
La coalition a presque terminé son travail de légifération d’un projet de loi qui rendrait la commission éminemment politique et qui donnerait au gouvernement le contrôle de presque toutes les nominations judiciaires.