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Analyse

Les usines chimiques de Haïfa : Une fuite, c’est déjà une de trop ?

Une fuite de gaz explosif a été découverte pendant le week-end sous les rues de la ville, à seulement 500 mètres des habitations. Et la nouvelle maire ne le tolérera pas

Le ministère israélien de l'Environnement lance de l'eau dans les égoûts en dessous d'une zone commerciale pour tenter de disperser des gaz explosifs ayant fuité des usines chimiques de Haïfa, le 18 mai 2019 (Crédit : Ministère de la Protection environnementale)
Le ministère israélien de l'Environnement lance de l'eau dans les égoûts en dessous d'une zone commerciale pour tenter de disperser des gaz explosifs ayant fuité des usines chimiques de Haïfa, le 18 mai 2019 (Crédit : Ministère de la Protection environnementale)

Même si elle n’a fait aucun blessé, la fuite de gaz qui a été découverte, ce week-end, aux abords de la zone industrielle de Haïfa est un incident qui, le temps passant, pourrait avoir des implications significatives.

La première raison est que Haïfa s’est doté d’une nouvelle municipalité – avec un nouveau style. Samedi, la maire Einat Kalisch-Rotem a rapidement fait savoir qu’elle afficherait une tolérance zéro face aux accidents industriels : Soyons bons voisins, a-t-elle dit, ou ne restez pas ici.

Cela fait des années que les responsables de l’industrie clament que les usines et les résidents peuvent vivre côte à côte dans le monde développé : et c’est vrai.

Mais la déclaration faite par Kalisch-Rotem s’est attaquée directement à ce point de vue : Si vous voulez que ce pays ressemble à l’Europe, dit-elle in-fine, alors comportez-vous comme des Européens. Si vous voulez travailler à la hâte et avec négligence comme le font les Israéliens, alors ne le faites pas à proximité de mes résidents.

Sarit Golan-Steinberg, avocate et présidente de l’Association des villes et de l’environnement à Haïfa et la députée Miki Haimovich ont emboîté le pas à la maire de Haïfa, émettant de fermes communiqués de leur côté.

Il faut rappeler que ce discours assuré survient après la présentation, il y a plusieurs mois, d’un rapport établi par le bureau israélien de la firme américaine de conseil respectée McKinsey et transmis au ministère des Finances.

Selon le rapport, il est possible – et il est même désirable – de faire partir l’industrie lourde de la chimie de la région de la baie de Haïfa d’ici approximativement une décennie. Au vu de cela, tout dysfonctionnement des usines – et a fortiori un mauvais fonctionnement entraînant la fermeture des principales artères de la ville pendant des jours – revient à jouer avec le feu – jeu de mot volontaire.

Un incendie qui a éclaté dans une raffinerie de pétrole de Haïfa, le 25 décembre 2016. (Crédit : Meir Vaaknin/Flash90)

Un autre aspect inhabituel de ce dysfonctionnement est l’endroit où il s’est produit : Il a eu lieu aux abords des usines, directement sous les rues de la ville et à seulement 500 mètres d’une zone résidentielle. Après un nettoyage de vingt-quatre heures d’affilée, les responsables du ministère de l’Environnement ont donné le feu vert, dimanche en fin de journée, à la réouverture d’une importante zone commerciale qui avait été fermée depuis la découverte de la fuite.

Les habitants de Haïfa sont habitués à voir des nuages de fumée inhabituels émanant des cheminées des usines, ou à entendre parler de fuites découvertes au sein du complexe industriel. Mais cette fois, les choses se sont passées directement sous leurs pieds.

Les activistes pro-environnement de Haïfa comparent en général la menace posée par l’industrie à celle représentée par les groupes terroristes pour les communautés de la périphérie de Gaza.

Si des dysfonctionnements à l’intérieur des usines, qui fuitent vers l’extérieur, s’apparentent pour eux à des tirs de roquettes lancées depuis la bande de Gaza – significatives mais n’entraînant pas généralement de gros dégâts – une fuite de gaz dans un tuyau passant sous la ville est comparable à la menace dévastatrice posée par les tunnels transfrontaliers souterrains qui ont été creusés par les groupes terroristes.

En 2016, le chef du groupe du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait affirmé qu’une frappe sur un entrepôt de stockage d’ammoniaque qui a depuis été déplacé à Haïfa pourrait avoir un impact similaire à celui d’une attaque nucléaire et entraîner des dizaines de milliers de morts dans la ville.

Dr. Einat Kalisch Rotem, candidate à la mairie de Haïfa. (Crédit : YouTube)

La canalisation de six kilomètres dans laquelle la fuite a eu lieu transporte un mélange de gaz depuis les Raffineries pétrolières (Bazan,) dans la baie de Haïfa, vers l’usine de produits chimiques Dor. Une fois que le gaz a été utilisé dans l’usine, il est renvoyé vers Bazan par le biais d’une canalisation parallèle.

Le dysfonctionnement est survenu dans le tuyau de retour. Les deux sont placés sous la responsabilité de l’usine Dor, qu’un responsable du ministère de la Protection environnementale a qualifié samedi « d’entreprise problématique qui se trouve au cœur de notre attention ».

Deux hauts-responsables de l’usine avaient été en effet condamnés au début de l’année 2018 pour une fuite de gaz provenant d’une canalisation souterraine et ils avaient écopé d’une amende devant la cour de district de Haïfa. L’usine elle-même avait dû payer 150 000 shekels pour ce dysfonctionnement.

Un autre aspect perturbant de la fuite est sans aucun doute le moment où elle a été découverte.

Il y a plusieurs jours, les résidents de Haïfa s’étaient plaints d’une odeur suspecte provenant des usines. Les sapeurs-pompiers étaient venus sur place avec des équipements de mesure et de contrôle et ils n’avaient rien décelé d’inhabituel.

Bizarrement, le ministère de la Protection environnementale ne s’était pas impliqué. En d’autres mots, c’est probablement que la fuite, dans ce cas précis, a commencé bien avant le week-end, et que ce n’est que par chance qu’elle a été découverte avant que le gaz ne prenne feu ou qu’il explose.

La zone industrielle de Haïfa. Illustration. (Crédit : Avishag Shaar Yashuv/Flash90)

Le gaz d’hydrocarbure peut s’avérer très dangereux également dans l’environnement d’une habitation. Un homme et une femme ont été tués à Eilat lorsqu’un ballon à gaz a explosé, le week-end dernier, dans leur appartement.

Si la responsabilité de la conservation des canalisations et des ballons à gaz nous incombe à chacun d’entre nous dans notre environnement, elle revient encore de manière plus forte aux grandes entreprises.

Si les usines veulent rester dans le secteur de la baie de Haïfa, il faudra qu’elles persuadent les résidents de la ville qu’elles sont responsables et sûres. Et pour le moment, c’est plutôt douteux.

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