L’Espagne annonce allouer une aide de 20 millions d’euros à l’UNRWA
Le ministre des Affaires étrangères s'est exprimé quelque jours après la révélation par Israël de la participation d'employés de l'agence onusienne aux massacre du 7 octobre
Le gouvernement de gauche espagnol a annoncé jeudi une aide supplémentaire de 20 millions d’euros pour l’Office controversé de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), afin de faire face à la situation humanitaire dramatique dans la bande de Gaza.
L’annonce a été faite par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, lors d’une conférence de presse conjointe avec le patron de cette agence onusienne, Philippe Lazzarini.
Lazzarini a espéré que la décision du gouvernement espagnol inciterait certains des pays ayant récemment suspendu leur aide à son agence à la reprendre. Il a indiqué que cette suspension concernait 16 pays et représentait environ 410 millions d’euros.
Il a surtout appelé avec force à une ouverture des points de passage terrestres vers la bande de Gaza afin que l’aide humanitaire puisse être acheminée par la route, les opérations de largage aérien ayant une efficacité limité.
Les États-Unis et la Jordanie ont effectué jeudi un troisième largage aérien d’aide à Gaza en une semaine et le président américain Joe Biden doit annoncer dans la soirée devant le Congrès qu’il a ordonné à l’armée américaine d’établir un port à Gaza, afin d’acheminer de l’aide par la mer.
« La seule réponse » à la crise humanitaire que traverse actuellement la bande de Gaza consiste à « ouvrir les points de passage », a déclaré le patron de l’UNRWA.
Revenant sur la distribution d’aide dans la ville de Gaza qui avait résulté le 29 février dans la mort de dizaines de Palestiniens en tentant de collecter de l’aide dans le nord de la bande, dans des circonstances qui font toujours l’objet d’une enquête de l’armée israélienne, Lazzarini a estimé qu’il s’agissait de « la conséquence du siège stricte » imposé à la bande de Gaza.
Le seul moyen d’éviter la répétition de nouvelles tragédies est « d’inonder » la bande de Gaza avec de l’aide humanitaire, a-t-il déclaré.
Les 20 millions d’euros annoncés par Albares font suite à une première aide supplémentaire de 3,5 millions d’euros décidée la semaine dernière et parviendront à l’UNRWA « dans quatre à six semaines », a assuré le ministre.
Il s’est également félicité du fait que l’UE ait décidé la semaine dernière de débloquer une aide de 50 millions d’euros à l’UNRWA.
Il a également qualifié de « goutte d’eau dans la mer » l’aide larguée par air.
Sur le plan politique, Albares, dont le pays est l’un des plus fermes soutiens aux Palestiniens – au point d’avoir provoqué une crise diplomatique avec Israël en novembre – a de nouveau « exigé » un « cessez-le-feu immédiat et permanent ».
Géographiquement proche du Maghreb, l’Espagne s’est tournée vers les pays arabes durant la dictature de Franco (1939-1975) afin de contourner son isolement en Occident – une diplomatie dite de « substitution » longtemps cultivée par Madrid, rappelle Juan Tovar, professeur à l’université de Burgos.
Ce n’est qu’en 1986, en outre, que le pays a établi des relations officielles avec Israël. La conséquence de tensions nées de l’opposition de l’Etat hébreu à l’entrée dans l’ONU de l’Espagne au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en raison de sa proximité avec l’Allemagne nazie, rappelle Isaías Barreñada, professeur à l’Université Complutense de Madrid.
Madrid est ensuite allé jusqu’à jouer les médiateurs, accueillant ainsi en 1991 une Conférence de paix, avec pour la première fois l’ensemble des parties arabes en conflit direct avec l’Etat hébreu: Palestiniens, Syriens, Jordaniens et Libanais.
Deux ans après cette conférence, les accords d’Oslo, à travers lesquels Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) se reconnaissaient mutuellement, étaient signés à Washington.
Mais globalement, l’Espagne reste perçue par de nombreux acteurs comme pro-arabe.
La guerre a éclaté lorsque des terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre, tuant près de 1 200 personnes, principalement des civils, tout en prenant 253 otages de tous âges, en commettant de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle. La plus jeune victime avait 10 mois tandis que le plus jeune otage a un an.
En représailles, Israël a lancé une opération militaire pour anéantir le groupe terroriste palestinien du Hamas, qu’il considère comme un groupe terroriste, à l’instar des États-Unis et de l’UE.
Plus de 30 000 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.
Tsahal dit avoir éliminé 13 000 terroristes palestiniens dans la bande de Gaza, en plus d’un millier de terroristes qui ont pris d’assaut Israël le 7 octobre.