Levy-Abekasis appelle à l’unité et ne soutiendra aucun candidat Premier ministre
La députée, qui a fait campagne avec l’alliance Travaillistes-Gesher-Meretz, affirme que ceux en colère contre son choix devraient faire preuve "d'humilité"

La députée Orly Levy-Abekasis de l’alliance Travaillistes-Gesher-Meretz a appelé vendredi à un gouvernement d’unité nationale alors que le pays et le monde sont confrontés à la menace posée par la pandémie de coronavirus. Elle a ajouté qu’elle n’avait pas l’intention de recommander de candidat au poste de Premier ministre lors des consultations de dimanche.
Levy-Abekasis a choqué le camp de centre-gauche cette semaine lorsqu’elle a annoncé qu’elle refuserait de soutenir un gouvernement dirigé par Gantz soutenu par la Liste arabe unie, formée des quatre partis à prédominance arabe – ce qui pourrait potentiellement endiguer les efforts de Gantz pour accéder au pouvoir, alors même que la députée appartient à une alliance située plus à gauche que celle de Kakhol lavan.
Vendredi, Levy-Abekasis a écrit sur Facebook que le virus « ne fait pas de distinction entre les personnes, les positions, le statut ou même les frontières ». Les efforts afin de protéger la vie des citoyens ont donc obligé toutes les parties à travailler ensemble.
« Aucune excuse ne justifiera de rester de marbre en cette période d’urgence », a-t-elle écrit.
Dans le même temps, Levy-Abekasis a déclaré au journal Yedioth Ahronoth qu’elle n’avait pas l’intention de recommander le chef de Kakhol lavan Benny Gantz ou le Premier ministre Benjamin Netanyahu au poste de Premier ministre lorsque le président Reuven Rivlin tiendra des consultations avec les chefs de partis ce dimanche.
Dans les prochains jours, Rivlin doit missionner un membre de la Knesset de tenter de former un gouvernement suite à ses discussions avec les représentants des partis. En raison de la menace virale de la pandémie et de l’état d’urgence qu’elle a engendré, le président a déclaré qu’il raccourcirait le processus afin de l’achever en une seule journée, dimanche.
« Je préfère aller vers une autre élection que de former un gouvernement minoritaire soutenu par des partisans du terrorisme », a déclaré Levy-Abekasis, faisant écho à la position de droite contre la Liste arabe unie, et en particulier le parti Balad. « Je ne recommanderai pas Gantz au président, afin de ne pas lui permettre de former un gouvernement minoritaire soutenu par Balad. »
Mais, a-t-elle ajouté, « je ne recommanderai pas non plus Netanyahu. Si quelqu’un attend ou pense que je recommanderai Bibi, cela ne se produira pas ».
Levy-Abekasis a également rejeté les accusations de la gauche, selon lesquelles elle avait trahi et volé des votes de la gauche en refusant de soutenir Gantz.
Elle a affirmé que l’alliance Travaillistes-Gesher avait donné au parti Meretz « une bouée de sauvetage pour la Knesset » et que celui-ci devrait en conséquence « faire preuve d’une certaine humilité ».

« C’est nous qui les avons sauvés, leur permettant de franchir le seuil électoral », a-t-elle déclaré.
Son argument reste pour le moins discutable, dans la mesure où Meretz a obtenu quatre sièges à la Knesset en avril 2019 et cinq en septembre. Gesher est tombé en dessous du seuil électoral en avril, tandis qu’en septembre, l’alliance des Travaillistes avec Gesher n’avait pas permis aux Travaillistes de remporter plus de sièges qu’en avril, le parti en ayant remporté six lors des deux scrutins.
L’alliance des trois partis a remporté sept sièges lors du vote de ce mois-ci.
Gantz a cherché à former un gouvernement minoritaire soutenu par l’alliance Travaillistes-Gesher-Meretz et Yisrael Beytenu, avec le soutien extérieur potentiel des législateurs arabes de la Liste arabe unie. Mais suite à l’opposition de Levy-Abekasis et d’au moins deux membres droitistes de Kakhol lavan à un tel dessein, les calculs semblent aller contre Gantz.
Une solution pourrait néanmoins être facilitée, en partie grâce à l’épidémie de coronavirus. Netanyahu et Gantz ont tous deux exprimé jeudi leur volonté de former un gouvernement d’unité d’urgence au vu de la crise de santé publique, bien que leurs conditions pour une telle alliance n’aient pas été immédiatement dévoilées.
Les deux hommes ont échangé par téléphone jeudi soir au sujet de cette possibilité.

Israël a organisé trois élections en moins d’un an. Le dernier scrutin de la semaine dernière n’a pas permis de déterminer de vainqueur clair, prolongeant l’impasse politique, alors que Netanyahu comme Gantz ne sont pas encore parvenus à former une majorité parlementaire.
Netanyahu a déclaré à Gantz jeudi soir qu’ils devraient entamer ensemble des pourparlers au sujet de la mise en place immédiate d’un gouvernement, selon les médias israéliens vendredi matin, affirmant qu’un leadership était nécessaire compte tenu de la menace sanitaire.
Cependant, il a ajouté que « les partisans du terrorisme ne pouvaient pas faire partie du gouvernement – ni en temps normal ni en cas d’urgence », utilisant une expression souvent employée par son parti pour décrire la Liste arabe unie ou des éléments au sein de cette alliance.
Dans un court communiqué envoyé vendredi par un porte-parole, Gantz a déclaré avoir exhorté Netanyahu à demander à des équipes de chaque parti d’entamer des négociations dès jeudi soir « afin d’étudier la mise en place d’un gouvernement d’urgence large et national afin de combattre le propagation du coronavirus ».
« Je l’ai informé que, dans tous les cas, je compte favoriser tout projet lié au bien des citoyens à ce sujet », a-t-il ajouté.
Gantz a déclaré plus tôt qu’il était prêt à discuter d’un gouvernement d’urgence, mais a ajouté que celui-ci devrait inclure des éléments de tous les bords politiques – ce qui a conduit à des spéculations sur le fait d’y inclure des législateurs arabes.