L’homme accusé d’avoir tué un jeune immigrant indien assigné à résidence
Les parents de Yoel Lhanghal ont protesté contre la libération du tueur présumé : "nous menions une vie heureuse qui a été détruite par le meurtrier"
Un tribunal a ordonné lundi l’assignation à résidence d’un homme accusé d’avoir tué un immigrant indien dans la ville de Kiryat Shmona, située dans le nord du pays, l’année dernière. Le juge a rejeté les supplications de la famille de la victime.
Liad Edri, 21 ans, avait été mis en examen au mois de novembre dernier pour le meurtre, un mois auparavant, de Yoel Lhanghal, âgé de 18 ans, lors d’une soirée d’anniversaire. Edri aurait ainsi mortellement blessé Lhangal, qui résidait à Nof Hagalil et qui était venu voir un ami, lui aussi un immigrant indien, en utilisant une arme blanche. Certains avaient laissé entendre que Lhangal était violent à l’égard de sa petite amie.
Le juge Arafat Taha de la Cour de district de Jérusalem a décidé qu’Edri serait assigné à résidence au domicile de ses parents, à Kiryat Ata, et qu’il devrait porter un dispositif de contrôle électronique.
Le magistrat, qui avait déjà mis en doute la solidité des preuves réunies contre Edri, a également interdit à ce dernier d’utiliser des outils électroniques. Il devra aussi déposer une caution de 150 000 shekels.
« Une injustice a été faite à Liad. Il est victime dans ce dossier », aurait dit son avocat, des propos qui ont été repris par le site Ynet.
La libération d’Edri n’aura lieu que dans 48 heures pour accorder aux procureurs de temps de faire appel de la décision.
Une décision qui a entraîné l’indignation des parents de Lhangal qui ont accusé Edri d’avoir été le cerveau de l’attaque meurtrière commise à l’encontre de leur fils.
« Nous vivions une vie heureuse et le meurtrier l’a détruite », ont déploré Gideon et Batsheva Lhanghal en s’adressant au juge, selon le site d’information Ynet.
« Et s’il est assigné à domicile, cela va nous mettre en danger et ça mettra nos enfants en danger. Il est dangereux », a ajouté Gideon Lhanghal.
Edri, qui ne cesse de clamer son innocence, est le seul suspect à avoir été mis en examen pour le meurtre du jeune homme. Trois agents de police ont par ailleurs été inculpés pour entrave à la justice.
Selon l’enquête ouverte par la police sur le meurtre, les agents étaient initialement arrivés à la soirée suite à un appel téléphonique passé par des invités qui avaient affirmé que Lhangal se montrait violent à l’égard de sa petite amie.
Quand les agents étaient arrivés sur les lieux, ils n’avaient rien constaté de tel et ils avaient dû s’interposer dans une bagarre entre Lhangal et d’autres invités de la soirée. Après avoir demandé au jeune homme et aux autres de rester à distance, ils avaient estimé que le problème avait été résolu et ils avaient quitté la fête d’anniversaire.
La bagarre avait recommencé peu après leur départ et Lhanghal avait été mortellement poignardé.
Le chef de la police du district du nord, Shuki Tahauko, avait recommandé le renvoi du responsable des forces de l’ordre à Kiryat Shmona, Nir Sasson, suite à cet incident. L’adjoint de Sasson avait été réprimandé, un blâme qui a été inscrit de manière permanente dans son casier.
Lhanghal était membre de la communauté juive des Bnei Menashe et originaire d’une région reculée du nord de l’Inde.
Des informations initiales avaient laissé entendre que le mobile de l’attaque était peut-être racial – ce que ne reflèterait pas l’acte de mise en examen.
La communauté des Bnei Menashe regrouperait les descendants de la tribu biblique des Manasseh, l’une des dix tribus perdues qui s’étaient exilées de la Terre d’Israël, il y a plus de 2 700 ans. En 2005, l’ancien grand rabbin séfarade Shlomo Amar avait reconnu l’origine juive revendiquée par les Bnei Menashe mais il avait exigé que ses membres se convertissent au Judaïsme.
Environ 3 000 Bnei Menashe ont immigré en Israël ces dernières années, et il en resterait 7000 en Inde.