Libération de Georges Abdallah: Washington écrit à la justice française pour s’y « opposer vigoureusement »
Le département américain de la Justice alerte que le retour du terroriste condamné au Liban, sans surveillance, représenterait un danger pour la stabilité régionale et la sécurité des diplomates

Les Etats-Unis, partie civile au procès de Georges Ibrahim Abdallah en 1987, ont écrit à la cour d’appel de Paris pour « s’opposer vigoureusement » à la demande de libération conditionnelle du terroriste libanais propalestinien, détenu en France depuis 40 ans.
Georges Abdallah, 73 ans, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 1987 pour complicité d’assassinat de deux diplomates israélien et américain à Paris, en pleine guerre civile libanaise.
Considéré comme le « plus vieux prisonnier politique d’Europe » par ses soutiens, il est libérable depuis 25 ans mais n’a vu aucune de ses demandes aboutir.
Mi-novembre, la justice française a accepté sa libération à condition qu’il retourne au Liban, qui le réclame depuis des années, au vu de son âge et de la durée de détention « disproportionnée au regard des faits commis et de sa dangerosité actuelle ».
Georges Abdallah appartient « à l’histoire aujourd’hui révolue de l’activisme violent de l’ultra gauche » libanaise et palestinienne, « à l’origine d’aucun attentat en France ni ailleurs depuis 1984 », avait estimé le tribunal dans sa décision, aussitôt suspendue par un appel du parquet antiterroriste.
L’audience devant la cour d’appel s’est tenue jeudi. Les Etats-Unis, en tant que partie civile, peuvent faire des observations, écrites dans un courrier du 16 décembre dont l’AFP a eu connaissance.
« Les représentants diplomatiques » américains ont « été protégés des attaques de M. Abdallah tant qu’il est resté détenu » mais seraient « exposés à un danger accru » s’il était « libre de reprendre ses anciens desseins violents sans surveillance effective par les juridictions françaises », écrit le département de la Justice américain.
Son retour au Liban, alors qu’il « n’a jamais désavoué » son positionnement de « combattant » et au vu du conflit récent entre le Hezbollah et Israël, « constituerait une force déstabilisatrice dans une région déjà instable et entraînerait un risque grave de trouble à l’ordre public », poursuit-il pour justifier son opposition.
La défense et les soutiens de Georges Abdallah voient depuis des années la main du gouvernement américain derrière son maintien en détention.
Son avocat Jean-Louis Chalanset a qualifié auprès de l’AFP de « scandaleux » ce courrier aux airs « d’instruction » donnée par les Etats-Unis, dénonçant une « tentative de manipulation des juges français ».
« Les Etats-Unis savent pertinemment que Georges Abdallah et son mouvement, qui n’existe plus depuis 40 ans, ne représente aucun danger pour les Etats-Unis », a-t-il ajouté.
La décision de la cour d’appel est attendue le 20 février.