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France : un tribunal ordonne la libération du terroriste libanais Georges Abdallah ; le Pnat fait appel

Le parquet national antiterroriste a subordonné cette libération à la condition de quitter la France et de ne plus y paraître

Un autocollant demandant la libération de Georges Ibrahim Abdallah, incarcéré en France pour complicité d'assassinat d'un  condamné à la perpétuité pour complicité d'assassinat de diplomates américain et israélien en 1987. (Crédit : Jove/Wikimedia)
Un autocollant demandant la libération de Georges Ibrahim Abdallah, incarcéré en France pour complicité d'assassinat d'un condamné à la perpétuité pour complicité d'assassinat de diplomates américain et israélien en 1987. (Crédit : Jove/Wikimedia)

Le tribunal d’application des peines a ordonné vendredi la libération du terroriste libanais Georges Ibrahim Abdallah, emprisonné depuis 40 ans pour complicité de meurtre de deux diplomates, décision dont l’exécution a toutefois été suspendue par un appel du Parquet national antiterroriste (Pnat).

« Par décision en date du jour, le tribunal d’application des peines a admis Georges Ibrahim Abdallah au bénéfice de la libération conditionnelle à compter du 6 décembre prochain, subordonnée à la condition de quitter le territoire national et de ne plus y paraître », a précisé le Pnat dans un communiqué à l’AFP.

Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 1986 pour complicité de l’assassinat de deux diplomates, un Américain et un Israélien, Georges Abdallah, emprisonné au centre pénitentiaire de Lannemezan (Hautes-Pyrénées), est selon ses soutiens « le plus vieux prisonnier au monde lié au conflit du Moyen-Orient ».

Aujourd’hui âgé de 73 ans, il est libérable depuis 25 ans. Toutes ses demandes de libération conditionnelle avaient été retoquées, sauf une en 2013, acceptée sous réserve qu’il fasse l’objet d’un arrêté d’expulsion qui n’avait toutefois pas été mis en oeuvre par le ministre de l’Intérieur d’alors, Manuel Valls.

La décision du tribunal de vendredi n’est pas conditionnée à la prise d’un tel arrêté par le gouvernement, s’est réjoui auprès de l’AFP l’avocat de M. Abdallah, Me Jean-Louis Chalanset, qui salue « une victoire juridique et une victoire politique ».

Opposition de Washington

Après l’appel du Pnat, il revient à la cour d’appel d’application des peines de définir une date d’audience, généralement « dans les trois mois », a déclaré Me Chalanset.

« Que le parquet fasse appel, ça n’a rien de surprenant, puisqu’ils veulent qu’il meure en prison », a dénoncé l’avocat, qui, comme beaucoup des soutiens de Georges Abdallah, voit la main du gouvernement américain derrière son maintien en détention.

Les deux procureures du Pnat présentes lors de l’audience d’examen de la demande de libération conditionnelle, le 7 octobre à Lannemezan, s’étaient « opposées très vivement à la libération » de Georges Abdallah, « qu’elles ont essayé de lier au Hamas et au Hezbollah (…) pour dire qu’il représenterait un danger s’il était libéré », avait alors relaté Me Chalanset.

Au début des années 1980 et alors que le Liban était en pleine guerre civile, Georges Abdallah, ancien instituteur, avait cofondé les Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), groupuscule marxiste prosyrien et anti-israélien qui a revendiqué cinq attentats, dont quatre mortels, en 1981-1982 en France.

Washington, partie civile à son procès en 1987, a systématiquement combattu ses demandes de libération.

« Honte »

La mobilisation en faveur de sa libération, longtemps restreinte à l’extrême gauche, a progressivement pris de l’ampleur. Le prix Nobel de littérature Annie Ernaux avait notamment jugé, en octobre dans le journal l’Humanité, Georges Abdallah « victime d’une justice d’Etat qui fait honte à la France ».

Jeudi, à la veille de la décision, environ 200 personnes s’étaient rassemblées dans le centre de Toulouse, à 120 km du centre pénitentiaire de Lannemezan, et le 26 octobre, à l’occasion du quarantième anniversaire de son arrestation, une manifestation avait réuni 2 000 personnes devant la prison des Hautes-Pyrénées.

La décision du tribunal d’application des peines « est évidemment une bonne nouvelle, mais qui n’est qu’une étape, parce que le parquet vient de faire appel », a déclaré à l’AFP Tom Martin, porte-parole du collectif Palestine vaincra à Toulouse.

« On reste vigilants puisqu’on est bien conscient que ce n’est pas fini (…) on continuera le combat jusqu’à la libération de notre camarade », a également assuré à l’AFP Rita, militante libanaise au sein de la campagne pour sa libération, qui ne souhaite pas donner son nom de famille.

« L’acharnement des gouvernements français doit cesser! Justice doit être rendue à Georges Ibrahim Abdallah! », a martelé dans un communiqué l’Association France Palestine Solidarité.

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