Liberman demandera l’intervention du président si le gouvernement ignore la décision de la Cour Suprême
Selon la Docteure Dana Blander, chercheuse à l'Institut israélien de la démocratie, "aucune loi ne donne au président le pouvoir de destituer un Premier ministre"

Le président d’Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, a déclaré que si le gouvernement devait ignorer une décision de la Cour Suprême empêchant le limogeage du chef du Shin Bet, Ronen Bar, il ferait appel au président Isaac Herzog.
S’insurgeant contre « la transformation d’Israël, État démocratique, en une sombre dictature », Liberman a annoncé aux journalistes avant la réunion hebdomadaire de son parti à la Knesset qu’une telle décision serait la « limite entre la démocratie et la dictature ».
Tout en parlant, il a brandi la photo d’une bombe revêtue d’une ligne rouge, semblable à celle qui avait été présentée par le Premier ministre Benjamin Netanyahu à la tribune des Nations Unies en 2012.
« Si le gouvernement décide de ne pas respecter la décision de la Cour suprême, alors je ferai appel au président de l’État et à l’autorité que lui confère la Loi fondamentale : le président de l’État », a-t-il annoncé, ce que la presse israélienne s’est empressée d’analyser comme une menace de voir le président Isaac Herzog destituer Netanyahu de ses fonctions.
Toutefois, la clause citée par Liberman stipule que le président peut nommer et révoquer des juges et d’autres titulaires de fonctions conformément aux lois de la Knesset, mais aucune ne lui confère le pouvoir de destituer le Premier ministre.
« Le président de l’État doit faire appel à toutes les institutions et à tous les organes de l’État et leur faire comprendre qu’ils doivent se conformer à la décision de la Cour suprême et à aucune autre directive », a poursuivi Liberman en affirmant que Herzog devra également donner des instructions au Shin Bet de manière à ce que l’agence puisse « agir de manière ferme et tout faire pour préserver le régime démocratique et ses institutions au sein de l’État d’Israël ».
« Le président de l’État devra également donner des instructions à Tsahal et à la police pour qu’ils agissent conformément à cette loi, et qu’ils apportent un soutien total au Service général de sécurité pour préserver la nature démocratique de l’État », a-t-il ajouté. « Rappelons-nous que tous les titulaires de charges publiques et autres institutions de l’État doivent être loyaux envers le royaume, pas envers le roi. Si cela venait à changer, alors la démocratie deviendrait une dictature, ce à quoi nous nous opposerons. »
Questionné sur le sens de ses propos – à savoir s’il demanderait à Herzog de destituer Netanyahu – son porte-parole a répondu qu’il avait dit « que lorsque l’État d’Israël devient une dictature, le rôle du président est de protéger la démocratie ».
Le porte-parole de la présidence n’a pas souhaité s’exprimer.
Selon la docteure Dana Blander, chercheuse à l’Institut israélien de la démocratie, la loi citée par Liberman « dit que le président doit s’acquitter des tâches que lui confère la loi en matière de nomination et destitution des juges et autres titulaires de charges publiques ».
« Mais aucune loi ne donne au président le pouvoir de destituer un Premier ministre », a-t-elle conclu.