Loin au-dessus d’Israël, mon survol (très) turbulent de Yom HaAtsmaout
Le pays semble magnifiquement calme depuis le cockpit d’un Hercules de l’armée de l’air israélienne. Mais à bord, pour un journaliste du Times of Israël, la sérénité n’était pas là
Juste avant 7h00 jeudi matin, je suis parti pour la base militaire aérienne de Nevatim, à quelques kilomètres au sud est de Beer Sheva.
J’avais été invité par l’unité des porte-paroles de l’armée israélienne à voler avec l’armée de l’air pour l’un des survols de Yom haAtsmaout, un matas en hébreu, observés dans tout le pays par des citoyens tendant le cou de Dimona, dans le Néguev, à Katzrin, sur le plateau du Golan.
Avec un autre photographe et un représentant de l’armée de l’air, j’ai embarqué dans un avion cargo Hercules C-130, justement connu en hébreu comme le « rhinocéros » », pour son nez court et son large corps.
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On m’avait dit que nous volerions en formation avec un autre C-130 et un Super Hercules C130-J, une version plus récente du Hercules, âgé de plus de 60 ans. (Par hasard, en tant que photographe pendant mon service militaire j’étais dans l’un des avions qui escortaient les C-130J en Israël pour leur première livraison.)
Le C-130 est en service depuis 1956 et continue à être utilisé par les armées du monde entier aujourd’hui. Il a été fameusement utilisé en Israël pendant l’opération Tonnerre, le nom de code de l’opération Entebbe qui a permis de secourir les otages juifs de terroristes palestiniens retenus dans un aéroport ougandais. Quatre de ces « rhinocéros » a volé jusqu’à l’aéroport d’Entebbe sans être détectés, remplis de commandos israéliens et d’une réplique de la limousine Mercedes du président ougandais, Idi Amin.
Bien qu’Israël dispose maintenant de la version C-130J mise à jour, appelée « Samson » en hébreu, ces avions à propulsion de 60 ans volent toujours pour des missions de cargaison et de parachutisme. Pour citer l’un des plus vigoureux pilotes de C-130, tout à fait inopportun : « C’est comme une femme qui a vieilli, mais tout le monde veut toujours [coucher avec] elle. »
Suite aux instructions de sécurité et à un aperçu du vol, nous décollons peu après 10h00.
Le meilleur moyen de prendre des photos dans un C-130 est d’être accroché à l’arrière, la soute ouverte. Cela n’est malheureusement pas arrivé.
« En bien, nous pouvons ouvrir les soutes, mais nous ne le faisons pas », a répondu un membre de l’équipage.
A la place, après le décollage, nous, les deux photographes, et l’attaché de liaison avons été invité à prendre des photos depuis le cockpit.
Les trois invités supplémentaires ont rendu le petit cockpit, plein de diodes clignotantes, d’interrupteurs et de leviers, encore plus petit.
Coincé contre la fenêtre chaude et suante la plus à droite, j’ai commencé à photographier le paysage pastoral en miniature en-dessous de moi.
Notre voyage a commencé à Beer Sheva, la capital du Néguev, qui compte 200 000 habitants.
De là-bas, nous avons continué au sud vers Arad et Dimona, avant de faire demi-tour et d’aller au nord à Jérusalem, puis sur le plateau du Golan. Finalement, nous sommes redescendus par la plaine côtière d’Israël et sommes revenus à Nevatim.
Nous avons volé en formation triangulaire avec deux autres avions, le C-130J menant l’unité, à une altitude d’environ 300 mètres, pour que nous puissions être clairement vus depuis le sol.
En plus de C-130, l’armée de l’air avait déployé cette année pour Yom HaAtsmaout des avions de combat F-15 et F-16, des hélicoptères CH-53, Blackhawk et Appache, des avions Gulfstream, un Boeing 707 de ravitaillement, trois avions d’entraînement Lavi et l’avion à turbopropulseur Beachcraft King Air.
« Incroyable », « époustouflant », « majestueux », pourrait-on penser.
Mais la splendeur de voir Israël avoir 68 ans depuis les cieux avait quelque peu disparu pour moi.
En volant si bas, l’avion est constamment soumis à des turbulences. Rien de trop spectaculaire ou secouant, simplement de constantes secousses.
Pour maintenir la formation parfaite avec l’autre Hercules et le Super Hercules, les pilotes devaient en plus faire des ajustements constants : un peu à gauche, un peu à droite, un peu plus vite ou un peux moins, pour s’aligner sur la vitesse des autres avions.
Ah, et aussi, pour que les petites personnes en-dessous aient la meilleure chance de voir le survol, la formation fait des descentes en piqué, faisant des virages au-dessus des villes.
Les constantes turbulences, les corrections de vol et les virages, combinés à la chaleur de trop de personnes entassées dans un espace trop petit, ont eu raison de moi.
Le journaliste n’est ni trop fier, ni trop poli pour l’admettre : j’ai vomi.
Mais j’avais aussi un travail à faire, et Jérusalem arrivait.
Je me suis repris et ai préparé mon appareil alors que nous passions au-dessus du mur Occidental et du mont du temple.
« Alors c’est pour ça qu’il y a tant d’agitation », ai-je pensé.
Après avoir passé la capitale, il y avait un peu de temps avant d’atteindre une autre grande ville.
Alors j’ai reculé pour aller dans la zone de soute, beaucoup plus fraîche.
Les sacs pour le mal des transports fournis par l’armée de l’air préviennent les utilisateurs : « Chaque voyageur est sujet à un mal des transports occasionnel ».
L’autre photographe, un amateur qui travaille dans l’unité d’hélicoptères de la police israélienne et est venu au survol avec sa propre combinaison de vol, m’a rapidement rejoint dans la zone de soute, sujet lui aussi à un sévère « mal des transports ».
Notre attaché de liaison de l’armée de l’air, étendu sur le sol, a gardé son déjeuner, mais sa pâleur trahissait son propre inconfort.
Ce n’était un bon vol pour aucun de nous, passagers invités.
J’ai manqué les villes du nord de Beit Shean et Katzrin, mais suis revenu dans le cockpit pour un autre tour, alors que nous approchions de la côté.
Comme le dit le cliché, les choses sur le sol semblent plus calmes et plus paisibles depuis le ciel. Les gens sont à peine visibles, les voitures seulement si vous plissez les yeux. Mais les forêts, les champs et les villes sont clairement visibles.
En-dessous, les gens faisaient la fête, discutant et dansant, mais à 300 mètres d’altitude, le pays était silencieux.
Après avoir pris des photos de Tel Aviv et Ashdod, l’attaché de liaison a eu la chance de faire ses propres photos et nous sommes rentrés vers Nevatim pour l’atterrissage.
Quand nous avons touché le sol, un peu avant 13h00, il avait fallu moins de trois heures pour voler du désert du Néguev aux montagnes du Golan et revenir, ce qui donne une nouvelle perspective sur à quel point ce pays attirant les gros titres du monde entier est vraiment minuscule.
Faible et traînant des pieds, j’ai réussi à sortir de l’avion, à revenir sur le sol béni, et à ma voiture.
Je n’oublierai pas tout de suite mon survol de Yom HaAtsmaout. Mais l’année prochaine, je pensais juste faire un barbecue.
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