Lucette Lagnado, qui a chroniqué l’exil d’Égypte de sa famille, meurt à 63 ans
La cause de la mort de cette grande reporter du Wall Street Journal est inconnue ; elle avait remporté un prestigieux prix littéraire juif en 2007 pour "L'homme au complet blanc"

NEW YORK (JTA) — Lucette Matalon Lagnado, grand reporter au Wall Street Journal dont le récit biographique de l’histoire de sa famille juive égyptienne (paru en 2012 en France) avait remporté le prix Sami Rohr de littérature juive, s’en est allée. Elle avait 63 ans.
Le Jewish Book Council, qui lui avait attribué le prix pour L’homme au complet blanc, n’a pas précisé la cause de sa mort.
Décrites comme « fascinantes » par Michiko Kakutani dans une chronique du New York Times, les mémoires de Lucette Lagnado se souviennent du monde perdu, cosmopolite, de la communauté juive du Caire avant et après la Seconde Guerre mondiale et son père amateur de faste, un confectionneur prospère. Elle consacra ensuite un autre livre à l’histoire de sa mère, « The Arrogant Years » (non traduit en français).
Après avoir quitté l’Égypte troublée par l’arrivée au pouvoir de Gamal Abdel Nasser, la famille finit par s’installer à Brooklyn. Lucette Lagnado étudie à l’université Vassar College, dont elle sort diplômée, et commence sa carrière de journaliste pour un quotidien juif de Brooklyn. Elle fait un stage avec le reporter d’investigation, Jack Anderson, en tant que chroniqueuse pour Village Voice et rédactrice en chef du journal anglophone, Forward.
Un papier sur le Dr. Josef Mengele sur lequel elle a travaillé a permis de rappeler au monde les expériences macabres menées à Auschwitz et le besoin de justice pour les victimes. Ce sujet a également donné naissance à Children of the Flames, son ouvrage documentaire coécrit avec Sheila Cohn Dekel.

Au Wall Street Journal, qu’elle rejoint en 1996, Lucette Lagnado devient reporter d’investigation et journaliste culturelle. Elle se concentrait ces derniers temps sur les questions de santé, de soins pour les défavorisés et les gens sans couverture santé, ainsi que sur les nouveaux traitements pour le cancer.
Elle s’est notamment vue décerner le prix Mike Berger de l’école de journalisme de l’université de Columbia en 2012 pour un article sur les résidents âgés d’un immeuble de Manhattan et trois prix new-yorkais pour des reportages sur les frais hospitaliers.
Dans un billet de blog publié en 2011, elle revisitait le thème de l’exil et du retour — cette fois-ci au sujet de son ancien quartier de Brooklyn, où elle finit par acheter un appartement où elle avait grandi.
« Mes visites de Bensonhurst [quartier de Brooklyn] ressemblent toujours à un rituel, comme un pèlerinage religieux. Je dois aller voir ce pâté de maison, je dois aller rendre hommage à cet immeuble », écrivait-elle alors. « Il ne reste plus aucune personne que je connaissais ici, pas un seul visage familier — ma communauté est partie il y a longtemps — pourtant je ne cesse d’y retourner ».
Elle laisse derrière elle son mari, Douglas Feiden, avec qui elle a vécu à Bensonhurst et Sag Harbor, dans l’État de New York.