L’UE critiquée pour une porcherie tchèque située sur un lieu de l’Holocauste des Roms
Des militants antiracismes déplorent que l’UE finance le complexe construit dans les années 1970 par le régime communiste tchécoslovaque
PRAGUE, République tchèque – Des militants tchèques anti-racisme ont déclaré mardi qu’ils avaient demandé à l’Union européenne (UE) de mettre fin aux versements de subventions à une porcherie construite sur l’emplacement d’un ancien camp de concentration, où des centaines de prisonniers roms sont morts pendant la Seconde Guerre mondiale.
« Le fait que l’argent des contribuables européens soit attribué à [la ferme] va à l’encontre des valeurs sur lesquelles l’UE a été bâtie », a déclaré le militant Miroslav Broz, coordinateur de l’association de lutte contre le racisme Konexe.
« Quand vous arrivez à la porcherie, vous pouvez voir le logo de l’UE et des drapeaux et des inscriptions disant que l’UE finance les opérations et les améliorations de cette ferme », a-t-il déclaré au lendemain du 16 mai, journée internationale de la résistance rom.
Jan Michal, directeur de la représentation de la Commission européenne à Prague, a déclaré que c’était aux états membres de l’UE de décider ce que les subventions payaient.
« La Commission européenne gère la politique agricole commune, mais c’est aux états membres individuels de nommer les récipiendaires de leur soutien », a-t-il déclaré.
Broz a déclaré que Konexe s’était déjà plaint en 2014 à l’UE de cette porcherie.
« Nous espérons que Bruxelles ajustera ce système de financement pour que ce bâtiment, construit sur un site de génocide, ne puisse pas recevoir de subventions », a-t-il dit.
Construite dans les années 1970 dans le village de Lety par le régime communiste tchécoslovaque, la porcherie a été critiquée dans le pays et à l’étranger depuis que le régime s’est effondré en 1989, quatre ans avant que la Tchécoslovaquie ne se divise en deux états.
Entre 1940 et 1943, l’Allemagne nazie et ses collaborateurs tchèques ont emprisonné près de 1 300 Roms tchèques dans le camp.
Avec les juifs européens, la plus petite minorité rom du continent a aussi été une cible du génocide nazi pendant la Seconde Guerre mondiale.
Au total, 327 Roms, dont 241 enfants, sont morts dans ce camp, dont le commandant et les gardes étaient tchèques ; et plus de 500 ont été envoyés vers le tristement célèbre camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, dans le sud de la Pologne occupée par les nazis.
Sur les 9 500 Roms tchèques enregistrés avant la Seconde Guerre mondiale, moins de 600 sont rentrés chez eux après l’Holocauste.
La République tchèque, pays de l’UE de 10,5 millions d’habitants, a une communauté rom estimée à 250 000 à 300 000 membres.
Sur environ un million de Roms qui vivaient en Europe avant la Seconde Guerre mondiale, les historiens pensent que les nazis en ont exterminé plus de la moitié.