L’université de Lille interdit une conférence anti-Israël de Mélenchon, qui la planifie ailleurs
Plus tôt, Raphaël Glucksmann avait regretté que le chef de LFI "s'affiche" avec le logo d'une association "qui nie l'existence de l'Etat d'Israël" pour annoncer la conférence qu'il devait tenir ce jeudi
L’université de Lille a décidé d’interdire une conférence du chef de la France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon et de la militante franco-palestinienne controversée Rima Hassan, initialement prévue jeudi et dont des élus LR, RN et Renaissance avaient réclamé l’annulation.
« Les conditions ne sont plus réunies pour garantir la sérénité des débats » en raison de la montée « préoccupante » des tensions internationales après « l’escalade militaire intervenue les 13 et 14 avril au Moyen-Orient », souligne l’université dans un communiqué.
La conférence organisée par une association étudiante pro-palestinienne, « Libre Palestine », avait été autorisée « en fin de semaine dernière » dans le cadre de « la liberté d’information et d’expression » prévue par le code de l’Education, précise l’université.
Mais les tensions « se répercutent à l’échelle nationale et locale, tout comme à l’université », souligne la direction pour expliquer sa décision.
Invitant à la « mesure dans les propos tenus », elle déplore la « pression exercée sur l’autonomie pédagogique et scientifique des établissements d’enseignement supérieur ».
« Nous ne nous tairons pas. La conférence de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan se tiendra à Lille ce jeudi 18 avril. La communication sur le nouveau lieu sera envoyé aux inscrits », a répondu LFI dans un communiqué qui estime que « la présidence de l’université […] se montre incapable de résister aux pressions qui s’attaquent à la liberté d’expression ».
Plus tôt, Raphaël Glucksmann avait regretté que Mélenchon « s’affiche » avec le logo d’une association « qui nie l’existence de l’Etat d’Israël » pour annoncer la conférence qu’il devait tenir ce jeudi à l’université de Lille.
« Un prétexte pour ne pas parler des sujets de fond et qui permet de détourner le regard de ce qui pourrait être le premier génocide du XXIe siècle », a estimé la jeune présidente des députés LFI, Mathilde Panot, en conférence de presse.
« Quand on est un parti politique, on ne s’affiche pas avec des logos qui nient l’existence de l’Etat d’Israël. C’est aussi simple que ça », avait souligné sur TF1 la tête de liste des socialistes aux élections européennes.
« Ça participe de la confusion générale de La France insoumise et de Jean-Luc Mélenchon sur la question israélienne. Depuis le 7 octobre, il y a un problème. Nous, nous n’avons pas bégayé pour condamner les attaques terroristes du Hamas », a ajouté M. Glucksmann en référence au refus constant de la direction de La France insoumise de qualifier l’organisation islamiste de « terroriste ».
« Nous n’avons pas bégayé non plus pour condamner les crimes commis par Israël à Gaza », a-t-il également précisé.
Sur le logo présent sur l’affiche annonçant la conférence de jeudi soir, figure un territoire englobant Israël, la Cisjordanie et la bande de Gaza, sur lequel est apposé le nom de l’association « Libre Palestine ».
Ce logo est visible aux côtés des photos de Jean-Luc Mélenchon et de la militante franco-palestinienne controversée Rima Hassan, septième sur la liste des Insoumis aux européennes, qui devaient donner cette conférence.
Dans un communiqué transmis à l’AFP par LFI, l’association Libre Palestine, créée en novembre 2023 dans la foulée des attaques du 7 octobre a assuré que son logo « ne nie en aucun cas l’existence d’Israël ».
« Nous avons simplement mobilisé une carte qui représente une région du monde traversée par un processus de colonisation indéniable et dont la définition des frontières est un enjeu de luttes non stabilisées », estime l’association, assurant n’avoir « jamais promu la haine ou proféré des propos antisémites ».
« Ceux qui s’inquiètent d’un logo feraient bien de s’inquiéter d’une réalité qui consiste aujourd’hui, par la politique de Monsieur Netanyahu, à rendre impossible l’existence d’un Etat palestinien », a répondu pour sa part le député LFI Matthias Tavel, directeur de la campagne insoumise pour les élections européennes.
Raphaël Glucksmann a précisé mercredi matin qu’il n’était pas en faveur de l’interdiction de cette conférence, comme a pu par exemple le demander le président (LR) des Hauts-de-France, Xavier Bertrand.
« Je suis contre les interdictions des conférences. C’est un principe basique pour moi quand il n’y a pas de trouble à l’ordre public ou de propos ouvertement répréhensibles par la loi », a expliqué l’eurodéputé sortant.
Selon les derniers sondages, Raphaël Glucksmann a solidement conforté sa troisième place dans cette élection européenne et serait même en mesure de viser la seconde place de la tête de liste de la majorité, Valérie Hayer, loin derrière le Rassemblement national (RN).
Les Insoumis critiquent souvent Raphaël Glucksmann, l’accusant d’être trop libéral ou « va-t-en guerre » sur le dossier ukrainien.
Rima Hassan l’a ainsi accusé de « mépriser » la gauche ou de « bégayer très fort quand il faut nommer les crimes commis par Israël », en raison de son refus de qualifier de « génocide » la situation à Gaza – un refus que partage le gouvernement français.
La juriste de 31 ans, spécialiste de la question des réfugiés – qu’elle connaît intimement car née dans un camp de réfugiés en Syrie et arrivée en France à l’âge de 10 ans – est très connue dans les milieux militants, mais moins du grand public.
Elle, qui qualifie Israël d’ « entité coloniale fasciste » ou qui dit que cet Etat « ment tous les jours », est accusée d’avoir estimé après le 7 octobre qu’il était « vrai » que le mouvement terroriste islamiste palestinien Hamas mène une action légitime, dans une interview au média Le Crayon.
Personnalité « de lutte » ou « représentante des idées que véhicule le Hamas »? La militante controversée franco-palestinienne Rima Hassan, candidate pour La France insoumise aux européennes, incarne bien la volonté du mouvement d’enfoncer le clou sur sa condamnation d’Israël…