L’université hébraïque s’oppose au projet de loi sur la Bibliothèque Nationale
L'université, qui possède un tiers du contenu de la Bibliothèque, a menacé de le retirer si le projet de loi du ministre de l'Éducation allait de l'avant
L’université hébraïque de Jérusalem a prévenu que si le gouvernement allait de l’avant avec le projet de loi visant à apporter un changement fondamental à la loi sur la Bibliothèque Nationale, l’établissement retirerait son contenu.
Vendredi, le gouvernement a présenté le projet de loi du ministre de l’Éducation, Yoav Kisch, intitulé « Augmenter la transparence et le contrôle public de la Bibliothèque Nationale », dans le cadre d’un paquet législatif accompagnant le budget de l’État. Le projet de loi permettrait au gouvernement de déterminer la composition du conseil d’administration de la bibliothèque, une mesure qui viserait à écarter le recteur – l’ancien procureur de l’État à l’origine du procès pénal du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Le cabinet a approuvé le plan, malgré l’opposition de la Procureure générale, Gali Baharav-Miara, qui a déclaré qu’il n’avait pas été soumis aux procédures professionnelles et juridiques appropriées.
Comme le reste du budget, le projet – qui, selon le président du conseil d’administration de la bibliothèque, représente une menace réelle pour l’existence de l’institution – doit encore être approuvé par la Knesset, où la coalition de droite de Netanyahu détient la majorité des sièges.
Comme l’a rapporté la Douzième chaîne, l’université – dont les documents représentent environ un tiers du contenu total de la bibliothèque – a envoyé une lettre à Kisch au cours du week-end, l’avertissant qu’elle « n’hésiterait pas à exiger le retour de tous les livres et documents donnés à la bibliothèque » si l’indépendance de la bibliothèque venait à être compromise sans délibération ni négociation.
La lettre ajoute que l’université pourrait également couper son financement à la Bibliothèque Nationale.
Le matériel universitaire de la bibliothèque comprend les écrits d’Isaac Newton, les archives des travaux de Shaï Agnon, la copie originale de l’hymne israélien Hatikva écrite par Naftali Herz Imber, la Haggadah Rothschild, considérée comme la plus ancienne Haggadah de Pessah au monde, les écrits de Rambam et plus encore.

Les informations des médias israéliens sur le projet de loi ont noté que les politiciens de droite ciblent la bibliothèque depuis un an, depuis la nomination de l’ancien procureur de l’État, Shaï Nitzan, comme recteur de la bibliothèque.
Nitzan a été fortement impliqué dans la préparation des accusations de corruption contre le Premier ministre. Il a fait l’objet de critiques de la part de Netanyahu et de ses alliés tout au long de l’enquête sur le Premier ministre dans le cadre de trois enquêtes sur la corruption, et plus particulièrement depuis le dépôt des chefs d’accusation – corruption, abus de confiance et fraude – contre lui.
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Nitzan a été dépeint, sans preuve, par les alliés du Premier ministre comme un activiste de gauche déterminé à démettre le Premier ministre de ses fonctions par des moyens illégitimes.
La Bibliothèque Nationale d’Israël a été fondée en 1892 en tant que centre mondial de préservation des trésors spirituels du peuple juif. En 2007, la Knesset a promulgué la loi sur la Bibliothèque Nationale, lui conférant un statut indépendant par la loi, afin de documenter la création culturelle dans l’État d’Israël et de permettre au grand public d’accéder gratuitement aux collections uniques qu’elle abrite.
Auparavant, la bibliothèque était la propriété exclusive de l’université hébraïque.

Les décisions gouvernementales tendant à prendre le contrôle de la bibliothèque s’inscrivent dans un contexte de manifestations de grande ampleur contre le projet de réforme du système judiciaire, qui comprend notamment une nomination des juges par le pouvoir politique.
Ses opposants assurent que ces mesures auront pour effet de saper les fondements de la démocratie israélienne et de porter un coup sévère à son économie et sa sécurité.
Plus de 100 auteurs et poètes israéliens de premier plan ont par ailleurs signé samedi une pétition dénonçant les plans visant à limiter l’indépendance de la Bibliothèque Nationale.